Pourquoi il n'y a toujours pas de wifi dans les trains de la SNCF
La compagnie s'apprête à lancer un appel d'offres pour proposer un accès internet aux voyageurs. Francetv info vous explique pourquoi ce service est compliqué à mettre en œuvre.
Bientôt des trains connectés ? La SNCF "lancera un appel d'offres pour proposer un accès internet" dans les trains, dans le cadre de sa prochaine stratégie numérique. La secrétaire d'Etat en charge du Numérique, Axelle Lemaire, l'a annoncé, vendredi 2 janvier, sur France Inter, en précisant que "l'objectif est d'installer le wifi, la 3G, la 4G dans les rames". L'an passé, la SNCF avait déjà annoncé son intention de mettre en place un tel dispositif d'ici trois ans. Francetv info vous explique pourquoi il n'est pas si évident de fournir le wifi à bord des trains.
1Parce que, techniquement, c'est compliqué
La France est championne du monde du wifi, avec plus de 13 millions de bornes publiques recensées par un cabinet spécialisé, en novembre 2014. C'est trois millions de plus qu'aux Etats-Unis. Mais si installer des antennes wifi sur la terre ferme et sur les bâtiments est facile, les trains offrent des conditions bien plus hostiles. Fortes vibrations, températures variables, présence de lignes à haute tension, changements réguliers de composition des trains, et surtout la vitesse constituent autant d'obstacles.
Une technologie quasi-militaire serait nécessaire pour installer des antennes résistantes et nécessitant peu d'entretien sur les rames, afin d'offrir une connexion continue aux voyageurs. Ces obstacles, listés dans une étude menée en 2010 (PDF en anglais), s'ajoutent à la présence des tunnels, qui coupent toute forme de communication sans fil, en interrompant la connexion aux satellites.
2Donc cela coûterait cher à la SNCF
La SNCF transporte chaque année 132 millions de voyageurs. Pour cela, elle dispose d'un parc d'environ 800 rames, dont près de 500 TGV. Selon l'entreprise, la mise en place d'un accès à internet sans fil coûterait 350 000 euros par rame. Il faudrait donc compter 175 millions d'euros rien que pour les trains à grande vitesse, et 280 millions pour l'ensemble des rames.
"Ce qui est fait sur Thalys [où les rames sont équipées du wifi] est difficilement généralisable", précise donc Axelle Lemaire. Dans les trains Thalys, le wifi est gratuit en 1ere classe et pour les passagers qui ont payé leur billet de 2e classe au tarif plein. Les autres voyageurs doivent payer 13 euros pour accéder au réseau. Or, la secrétaire d'Etat souhaite "que l'usage du wifi soit sans surcoût pour les passagers".
3Et les Français ne sont pas forcément prêts à payer
Il est difficile de comparer le cas des TGV de la SNCF avec les compagnies européennes déjà équipées. La SJ, en Suède, offre l'internet haut débit gratuit avec un quota par passager, explique le blog Transportshaker. Mais les trains suédois ne circulent pas à plus de 200 km/h.
En 2010, la SNCF a tenté de lancer une offre Box TGV, sur la ligne Est, avec une connexion wifi payante, comme en Allemagne (5 euros pour 1 heure, 10 euros pour un trajet complet). Mais ce "modèle ne rencontra pas suffisamment le succès pour être rentable financièrement", explique encore Transportshaker. Les options payantes sont généralement décourageantes pour les passagers, qui préfèrent se contenter de la 3G et de la 4G dont sont désormais équipés les smartphones.
L'autre option consiste à inclure le wifi dans le prix des billets de train. Axelle Lemaire espère à ce sujet que "la récente hausse des tarifs de la SNCF inclura le coût du déploiement du wifi", faisant référence à l'augmentation de 2,6% des prix des billets de train en 2015.
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