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Reportage Transports en commun à Paris : "Les trains sont bondés, on n'est pas à l'abri de traîner un voyageur", alertent des conducteurs dépassés

Les prix augmentent alors que le service est réduit. Les usagers sont en colère et les conducteurs n'en peuvent plus de travailler dans ces conditions.

Article rédigé par franceinfo - Louise Buyens
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Signal d'alarme sur le quai d'un métro parisien. (AURELIEN ACCART / RADIO FRANCE)

Les traits de Jawad sont tirés. Il parcourt une centaine de kilomètres chaque jour en voiture pour aller travailler. Ce qui le fatigue en ce moment, ce sont ses conditions de travail. Il est, depuis sept ans, conducteur sur la ligne 4 du métro parisien. Et c'est un euphémisme de dire que ça ne va pas fort ces derniers mois : "Ça va même très mal. Nous sommes en sous-effectif, nous avons une charge voyageurs assez conséquente, nous n'avons pas assez de trains...", énumère-t-il.

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"En terme de charge voyageurs, on est quasi à 100% alors que l'offre doit être à 80%."

Jawad, conducteur de métro parisien

à franceinfo

Rachid est aussi conducteur de métro, sur la ligne 7. Tous les jours, il craint qu'un accident n'arrive à cause des conditions dégradées : "Les trains sont remplis, bondés, on ne voit pas le quai complet. On n'est pas à l'abri de traîner un voyageur." Depuis quelques mois, les usagers l'interpellent régulièrement. "On discute pas mal avec les voyageurs, on essaye de les rassurer, leur faire comprendre ce qu'il se passe, faire passer le message, explique le conducteur parisien. Mais, malheureusement, on ne peut pas remplacer les personnes qui devraient être là." 

Et l'inquiétude de ces deux professionnels ne s'estompe pas face aux annonces autour de la hausse des tarifs dans les transports publics franciliens pour 2023. Le ministre délégué aux Transports Clément Beaune a promis mardi "une aide exceptionnelle" de 200 millions d'euros à Ile-de-France Mobilités (IDFM) pour éviter une hausse excessive des tarifs pour "protéger les usagers et éviter qu'on ait un passe Navigo qui explose". IDFM devait en effet trouver 450 millions d'euros pour boucler son budget de fonctionnement 2023, grevé par l'inflation et la flambée des prix de l'énergie. Ce budget, qui ne peut être en déficit, doit être adopté mercredi. Faute de ressources supplémentaires, les tarifs auraient augmenté de 20%. L'abonnement mensuel Navigo serait passé de 75,20 à 90 euros et le ticket de métro à l'unité, de 1,90 à 2,30 euros. Finalement, le pass Navigo va augmenter de 12% le 1er janvier, pour atteindre 84,10 euros par mois. Le prix du ticket de métro sera, lui, relevé d'1,90 à 2,10 euros.  

Entre 250 et 350 conducteurs manquants

Selon Force ouvrière, le principal syndical chez les conducteurs de métro, il manque entre 250 et 350 conducteurs pour revenir à une fréquence de 100% sur toutes les lignes, soit le niveau d'avant Covid. Bernard Goby, vice-président de l'Association des usagers des transports franciliens et administrateur d'Île-de-France Mobilités, dénonce un manque d'anticipation de la part de la RATP : "Il est certain que, pendant quelques temps, Île-de-France Mobilités a réduit le service mais ce n'est plus le cas et la RATP a du mal à satisfaire la demande. Il est possible que, durant la crise sanitaire, les recrutements étaient un peu suspendus et qu'on en paye le prix aujourd'hui."

De son côté, la RATP assure qu'il manque seulement 40 conducteurs et que des formations sont en cours. Mais il faut environ six mois pour qu'un nouveau conducteur soit opérationnel. Une éventuelle amélioration est attendu d'ici le mois avril 2023.

Transports : "Ça va très mal", alertent les conducteurs dépassés par les métros bondés à Paris – reportage de Louise Buyens

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