SNCF : des grèves vont-elles perturber le trafic pour le week-end de la Toussaint ?
Franceinfo fait le point sur les mouvements de grève engagés à la SNCF et qui perturbent le trafic sur l'axe Atlantique.
"On demande une reconnaissance de tous les efforts qu'on fournit." C'est ce que réclament les grévistes du Technicentre de Châtillon (Hauts-de-France) dédié aux TGV Atlantique et spécialisé dans la maintenance quotidienne des trains.
Depuis le début du conflit, le 21 octobre, 200 des 700 agents du technicentre ont cessé le travail. Le trafic a été très fortement perturbé en début de semaine et devrait encore l'être jusqu'à dimanche. Deux autres sites de maintenance ont débrayé jeudi matin, laissant penser qu'ils pourraient eux aussi suivre le mouvement, mais ils ont depuis repris le travail. Franceinfo fait le point sur ces mouvements de grève qui témoignent du climat explosif à la SNCF.
Quelles sont les prévisions pour l'axe Atlantique ?
Le mouvement de grève est toujours en cours au Technicentre de Châtillon. Conséquence : huit TGV sur dix circuleront jusqu'à dimanche. Selon Gwendoline Cazenave, la directrice du TGV Atlantique, "80% des places prévues initialement seront disponibles". Une amélioration par rapport au début de semaine, où seulement trois trains sur dix circulaient.
Tous les voyageurs dont les trains ont été annulés ont été prévenus, et les autres pourront voyager en toute confiance.
Gwendoline Cazenave, directrice du TGV Atlantiqueà l'AFP
"Nous avons repris les négociations", a encore relevé Gwendoline Cazenave. Si la SNCF a rebâti son plan de transport du week-end grâce notamment à l'apport de rames venues d'autres régions, "rien n'a été changé dans la maintenance des trains, les rames du TGV Atlantique continuent à être maintenues à Châtillon" et pas dans d'autres centres, a remarqué la responsable. Et pour lundi, "on est confiants dans le fait que nos discussions seront constructives", a-t-elle déclaré.
La grève risque-t-elle de s'étendre à d'autres sites de maintenance ?
Le mouvement de grève au Technicentre de Châtillon a donné des idées à d'autres cheminots. Deux sites de maintenance des TGV en banlieue parisienne ont ainsi été concernés par des débrayages jeudi matin selon SUD-Rail, mais la direction de la SNCF a assuré que la production n'avait pas été interrompue. Une version contredite par Fabien Monteil, délégué du syndicat SUD-Rail au Landy : "Le travail ne se fait pas, toute la production est arrêtée sur les deux sites du Landy et du TSEE", a-t-il affirmé à l'AFP.
Le Technicentre du Landy, en Seine-Saint-Denis, s'occupe de la maintenance des TGV de l'axe Nord, de l'Eurostar et du Thalys, tandis que le Technicentre sud-est européen (TSEE), situé dans le Val-de-Marne, répare et entretient les TGV de l'axe sud-est.
⚠️[Alerte Info]
— Sud Rail (@SudRailCentraux) October 31, 2019
Le Big Bang social s'amplifie.
Les salariés du technicentre du Landy (qui gèrent les rames du Nord de la France) viennent aussi de débrayer à partir de ce matin.
➡️Le technicentre est maintenant à l'arrêt.
Un autre responsable de SUD-Rail présent devant le Technicentre du Landy, Karim Dabaj, évoquait une grève possibe dès jeudi soir. "Si la direction rejette de nouveau nos revendications, ce sera un débrayage dur", avait-il prévenu. Mais dans la soirée de vendredi, il a semblé écarter le risque d'une grève durant le week-end. "On sera reçus demain par la direction de SNCF Voyages", a-t-il expliqué. "Des assemblées générales vont se tenir certainement cette nuit, les collègues vont prendre des décisions, mais c'est plutôt lundi que ça va être chaud".
Jeudi soir, un porte-parole de la SNCF assurait que "toutes les rames qui devaient être maintenues l'ont été, et sans retard", et qu'aucun problème de circulation n'était à prévoir au cours du week-end sur les réseaux dépendants de ces deux technicentres.
Comment réagit le gouvernement ?
L'exécutif a "un mois pour (...) faire baisser la tension, pour répondre à des angoisses qui souvent sont légitimes et pour tracer le chemin pour la convergence de ces régimes spéciaux" de retraite. Voilà comment a réagi jeudi sur France Inter le secrétaire d'Etat en charge des Transports, Jean-Baptiste Djebbari. La SNCF, qui est donc déjà agitée par des conflits sociaux, va aussi être confrontée à la grève contre la réforme des retraites prévue le 5 décembre.
"Je prends ça très au sérieux et je crois qu'il faut être dans un dialogue tout à fait sincère, exigeant et j'espère fécond", a ajouté le secrétaire d'Etat. "Nous étudions, nous avons pris l'engagement, à la RATP comme à la SNCF, d'étudier toutes les options, y compris celles qui sont portées par les syndicats", a-t-il rappelé, faisant référence à la "loi du grand-père", selon laquelle seuls les nouveaux embauchés seraient concernés par la réforme. "Toutes les options [sont] sur la table. (...) Tout est sur la table", a-t-il insisté.
Jean-Baptiste Djebbari a cependant mis en garde contre une sorte de "gilet-jaunisation des cheminots", avec ces mouvements "sauvages", comme celui à Châtillon.
Il y a peut-être une forme d'illusion qui consiste à penser qu'on peut se passer des règles pour que les choses aillent mieux.
Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d'Etat en charge des Transportssur France Inter
"Il est (...) extrêmement important que chacun respecte les règles. (...) Nous serons stricts sur le respect de la loi", a-t-il martelé. Même discours d'Elisabeth Borne sur franceinfo. La ministre de la Transition écologique a estimé que la grève du technicentre "n'a pas lieu d'être, elle a été déclenchée en ne respectant pas les procédures qui permettent de minimiser la gêne pour les usagers. J'appelle chacun à la responsabilité. Service public, c'est au service des usagers et des Français."
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