"Le gouvernement et la SNCF ont menti" : les "efforts" demandés aux cheminots au statut inquiètent certains syndicats
Guillaume Pepy a notamment annoncé qu'il faudrait renégocier les modalités de l'automaticité de l'avancement, un des piliers du statut des cheminots.
Est-ce la déclaration qui va déclencher une nouvelle vague de contestation à la SNCF ? Dans une interview aux Echos, jeudi 4 octobre, son PDG Guillaume Pepy affirme que "des dispositions du statut [de cheminot] vont bouger" à l'occasion des négociations sur le nouveau "pacte social" de l'entreprise. Celui-ci ne devait concerner pourtant que les nouvelles embauches, à partir du 1er janvier 2020. Lors des négociations sur la réforme de la SNCF, le reste des cheminots avaient obtenu l'assurance de conserver leur statut. Désormais, Guillaume Pepy évoque un changement des règles sur l'avancement, pour tout le monde.
>> On parle beaucoup du statut des cheminots, mais de quoi s'agit-il exactement ?
"Il ne peut y avoir de SNCF à deux vitesses, avec les statutaires d'un côté et les nouveaux salariés, de l'autre", explique le dirigeant aux Echos. "L'automaticité de la progression professionnelle ne disparaîtra pas, mais elle devra être renégociée avec les partenaires sociaux, afin que les salariés d'aujourd'hui, comme ceux de demain, soient traités avec équité." Il promet, en revanche, de préserver le régime de retraite des cheminots ou encore leurs droits syndicaux. Pas de quoi rassurer SUD Rail.
Aujourd'hui, on voit que le gouvernement et la SNCF ont menti.
Bruno Poncet, secrétaire fédéral de SUD-Railà franceinfo
Bruno Poncet, le secrétaire fédéral du syndicat, estime cependant qu'il "n'apprend rien dans cette interview" : "On avait prévenu les cheminots et les Français pendant le mouvement social du printemps."
"Nous voulons le statut pour tous", même pour les nouveaux embauchés
Pour lui, cette évolution annoncée des règles sur l'avancement n'est que "l'arbre qui cache la forêt" : "Ça lui permet de dire 'je ne touche pas à grand-chose, juste à l'avancement', mais l'objectif est de toucher au statut tout entier", ce dont Guillaume Pepy se défend. Bruno Poncet n'est pas en désaccord avec ce dernier quand il refuse une SNCF "à deux vitesses" : "On lui dit la même chose. Nous voulons le statut pour tous les cheminots", même ceux embauchés après 2019.
Dans un communiqué, l'Unsa-Ferroviaire, elle, juge "inacceptable" que Guillaume Pepy "annonce qu'il va durcir le nouveau pacte ferroviaire", en pleines négociations sur la convention collective.
La CFDT bien plus mesurée
Mais cette réaction n'est pas unanime. La CFDT, qui faisait pourtant partie des quatre centrales en grève contre la réforme, accuse ses camarades de tomber dans le piège du "chiffon rouge" agité par le PDG de la SNCF, qui "fait de la communication pour faire parler de lui", estime Didier Aubert. Critique sur d'autres aspects du propos de Guillaume Pepy, le secrétaire général de la CFDT-Cheminots explique à franceinfo sa position optimiste sur la question du statut : "Notre ambition est que le nouveau pacte social soit meilleur, pour les embauchés comme pour les statutaires." Il dit même se battre pour que les salariés au statut puissent bénéficier, s'ils le souhaitent, des conditions des futurs nouveaux embauchés.
Ainsi, il estime que le mécanisme d'avancement peut être amélioré. "Aujourd'hui, pour les cheminots, l'avancement se fait pour un deux-tiers à l'ancienneté, et pour un tiers au mérite. Chez les cadres c'est l'inverse", explique Didier Aubert. "On sait que Guillaume Pepy veut donner une plus grande part au choix pour récompenser le mérite". Et, assure la CFDT, "cela répond à une demande des salariés autant que de la hiérarchie, qu'on puisse récompenser les 80% qui font bien leur boulot plutôt que les récalcitrants". En demandant des efforts aux cheminots au statut, Guillaume Pepy ne braquera donc peut-être pas tous les syndicats.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.