Cet article date de plus de quatre ans.

Trois questions sur l'aide financière de l'État accordée à la SNCF pour sortir de la crise

Jean-Baptiste Djebbari, le ministre délégué auprès de la ministre de la Transition écologique, a annoncé que l'État allait aider "à hauteur de plusieurs milliards d'euros" l'entreprise ferroviaire, confrontée à un lourd manque à gagner en raison notamment de la crise sanitaire.

Article rédigé par Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une voyageuse sur le quai de la gare de l'Est à Paris, le 23 décembre 2019. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

"Nous allons continuer à investir de façon avisée" dans la SNCF, a assuré, jeudi 23 juillet sur franceinfo le ministre délégué aux Transports, alors que l'entreprise affiche une dette de plus de 40 milliards d'euros. Le groupe ferroviaire vit une année très difficile en raison de l'impact de la grève contre la réforme des retraites et surtout de la crise du coronavirus. Son PDG, Jean-Pierre Farandou, avait d'ailleurs lancé plusieurs appels au secours à l'État au cours des derniers mois.

Combien devra débourser l'État pour sauver l'entreprise ?

"Je ne vais pas vous donner de chiffre exact aujourd'hui, parce que cela fait partie des discussions que nous avons avec Bruno Le Maire, avec Jean Castex", déclarait sur franceinfo Jean-Baptiste Djebbari. L'aide devrait atteindre plusieurs milliards d'euros. Reste à déterminer le montant exact ainsi que la forme de l'aide : le gouvernement étudie la possibilité de reprendre la dette de la SNCF. L'autre option serait la recapitalisation du groupe.

La SNCF anticipe une perte de recettes d'environ 5 milliards d'euros cette année, dont près de la moitié sur son activité phare, les TGV, des trains non subventionnés qui souffrent toujours d'une baisse de fréquentation par rapport à l'an passé. L'entreprise ferroviaire a toutefois bénéficié, comme de nombreuses autres entreprises, du dispositif de chômage partiel, financé par l'État. La perte réelle, comptable, devrait être sensiblement inférieure à 5 milliards. Des discussions quasi quotidiennes, et pas toujours simples, ont lieu avec le gouvernement.

Les propos du ministre délégué aux Transports sont en tout cas bien accueillis au sein du petit monde du ferroviaire. Un syndicaliste cheminot confie y voir comme "un acte d'amour" envers la SNCF, même s'il attend de connaître le montant global de l'aide.

L'aide concernera-t-elle les trains de voyageurs ou les trains de marchandises ?

Même si les TGV ont perdu de l'argent ces derniers mois, la situation est surtout critique, pour ne pas dire catastrophique, pour les trains de marchandises, avec le risque d'une faillite pure et simple dès l'an prochain de la filiale frêt de la SNCF et peut-être de certains acteurs privés. Le transport de marchandises est ouvert à la concurrence depuis le milieu des années 2000.

Techniquement, l'État n'a pas le droit de recapitaliser Frêt SNCF mais il peut imposer une baisse du tarif des péages que paye chaque train de marchandises pour circuler. L'État peut aussi subventionner certaines activités spécifiques comme le "wagon isolé", qui permet aux petites entreprises de ne payer qu'un wagon et pas un train entier, avec l'ambition affichée de doubler la part du transport de marchandises sur les rails, "c'est-à-dire atteindre les 18% d'ici à 2030". "Nous allons rouvrir plusieurs autoroutes ferroviaires d'ici à 2022. Perpignan-Rungis, ça a absolument un sens et je pense que nous devons descendre plus bas vers Barcelone", a affirmé Jean-Baptiste Djebbari. Cette ligne pourrait remonter jusqu'à "Anvers" en Belgique, a-t-il proposé. Ce qui ne devrait pas empêcher Frêt SNCF d'annoncer jusqu'à un millier de suppressions de postes cette année, selon les syndicats, quitte à afficher ainsi un message en apparence assez contradictoire.

Qu'en est-il des "petites lignes" et des trains de nuit ?

Le secrétaire d'État a annoncé la création de deux trains de nuit : un Paris-Nice et un Paris-Tarbes. "Nous prévoyons" ces "deux lignes supplémentaires d'ici 2022", a-t-il indiqué. La ligne Paris-Nice avait tiré sa révérence le 9 décembre 2017 malgré une forte mobilisation des syndicats de la SNCF et des voyageurs. La ligne Paris-Tarbes-Hendaye, avait aussi été emportée par la vague de suppressions des trains de nuit en 2016. La SNCF n'exploite plus que deux trains de nuit aujourd'hui, subventionnées à hauteur quasiment de 100 euros par billet vendu.

Le ministre des Transports s'est montré plus flou à propos des 9 000 km de ce qu'on appelle les "petites lignes", dont les travaux de rénovation sont aujourd'hui assurés pour l'essentiel par les régions et non par l'État.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.