Cet article date de plus de deux ans.

Stationnement payant des deux-roues : dans le Val-de-Marne, une "libération des trottoirs" pour certains, une "catastrophe" économique pour d'autres

À partir de ce jeudi 1er septembre les deux-roues thermiques devront payer pour stationner dans Paris. Dans les communes voisines de Vincennes et Charenton, c'est déjà le cas depuis quatre ans. Ce qui n'empêche pas de nombreux motards de frauder.

Article rédigé par Agathe Mahuet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un emplacement "motos payant" à Vincennes, où la mesure s'applique depuis plus de quatre ans. (AGATHE MAHUET / RADIO FRANCE)

Raphaël fait le tour du quartier, à la recherche d’une place discrète : "J’essaie de parfois filouter, je dois l’avouer… Mettre le scooter un peu sur des endroits où on ne vérifie pas spécialement", confie-t-il sur son 125 flambant neuf. "Un petit bijou que je me suis offert et j’en suis très content". Le bijou lui coûte déjà 70 euros par an pour stationner chez lui, à Charenton, alors quand il vient travailler ici, à Saint-Mandé (Val-de-Marne), bien souvent il ne prend pas le ticket "visiteur" à un euro de l’heure. Alors que le stationnement payant des deux-roues motorisés entre en vigueur jeudi 1er septembre à Paris, la mesure est en place depuis janvier à Saint-Mandé et depuis 2018 à Charenton et Vincennes.

Rahaël n’a pas eu d’amende, pour l’instant : "Pas encore ! Je touche du bois". Mais l’agacement est perceptible chez certains usagers et certains commerçants. Un concessionnaire moto Yamaha de Vincennes dit avoir perdu "beaucoup de monde, au moins 30%". Depuis quatre ans et la mise en place du stationnement payant pour les deux-roues motorisés, Patrick l’affirme : les clients sont partis : "Il faut payer, donc ils vont ailleurs". D’autant que les contrôles sont quotidiens, ajoute Didier, le patron : "Regardez le scoot avec tous ses PV. C’est une catastrophe. Beaucoup de clients disent 'c’est fini le deux-roues', moi j’ai commencé il y a 40 ans dans le deux-roues, on pensait que c’était la solution pour rouler en ville".

Solution toujours valable aux yeux pouvoirs publics, mais seulement pour les motos et scooters électriques, dispensés de payer le stationnement. Là encore Didier n’est pas convaincu : "Le problème c’est qu’en électrique, les infrastructures ne sont pas faites pour. Le peu de scooters qui existent ont une petite autonomie". Et de toute façon, son fournisseur n’en fait quasiment pas.

Un millier de contraventions par mois

À Vincennes, ce sont surtout les piétons et les automobilistes qui se félicitent de la mesure. Comme Tristan, automobiliste occasionnel : "En tant que conducteur d'une voiture, je ne peux être que content que les deux-roues payent aussi, un principe d’égalité et peut-être une façon de libérer les trottoirs aussi."

Faire payer les conducteurs de moto et scooters pour mettre un terme au stationnement anarchique mais aussi introduire plus d’équité, c’était bien là le double objectif de la ville, rappelle la maire de Vincennes, Charlotte Libert-Albanel : "On se demandait pourquoi les deux-roues motorisés ne payaient pas leur usage de l’espace public quand tous les autres acteurs, y compris les cafés qui ont une terrasse devant chez eux, payent".

Aujourd’hui la mairie de Vincennes dément toute fuite des visiteurs et parle au contraire d’une réussite avec un abonnement mensuel à 11 euros pour les résidents… Mais aussi d’un millier de contraventions par mois. À Paris, où la mesure s’applique dès jeudi 1er septembre, l’amende en cas de non-paiement du stationnement ira jusqu’à 37,50 euros.

Le stationnement payant des deux-roues motorisés : reportage d'Agathe Mahuet

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.