"Trop de monde", "C’est la guerre" : la pratique du vélo bat des records mais les usagers pointent des infrastructures inadaptées

Plus de 13 000 passages en fin de journée : devant les chiffres qui défilent à toute vitesse sur le compteur à vélos installé sur la piste cyclable du boulevard de Sébastopol, la plus fréquentée de Paris, Benoît soupire. Son court trajet entre son bureau et chez lui est devenu une plaie : "Trop de monde ! Et les croisements sont tous saturés !" Mardi dernier, l’axe a connu son record de fréquentation à deux-roues, avec 18 000 passages dans les deux sens.

11% de cyclistes en plus depuis le début de l’année

Cela se confirme année après année, les Français plébiscitent, comme en Allemagne, au Japon ou encore en Belgique, l'usage du vélo qui a explosé avec la crise sanitaire. L'utilisation du vélo a augmenté de 11% sur les neuf premiers mois de 2022 par rapport à 2021, 33% par rapport à 2019 c'est-à-dire avant la pandémie. C'est ce que révèle le baromètre du réseau Vélo & Territoires publié mercredi 7 septembre. Une hausse en milieu urbain notamment dans de grandes villes comme Strasbourg, Grenoble, Nantes, Lille, et Paris, donc.

La cohabitation est très compliquée avec les trottinettes à vive allure et les nouveaux cyclistes, résume Nathalie :

"C'est la guerre ! Il y a un énervement, une agressivité, comme pour les voitures... On reproduit finalement les mêmes comportements agressifs, les mêmes intolérances."

Nathalie, cycliste

à franceinfo

Cette même rue, Jean, cycliste chevronné, la prend par peur d'un accident. "C'est parce que j'avais rendez-vous dans le quartier que j'ai été obligé de la prendre, explique-t-il. Le flux est dans les deux sens, et on a une meute qui nous arrive dessus parce que les gens veulent doubler. Comme tous n'ont pas la même rapidité, je trouve que c'est réellement dangereux."

L'aménagement des pistes cyclables reste problématique, selon Olivier Schneider, président de la Fédération française des usagers de la bicyclette :

"Il faut accompagner les collectivités pour faire d'une part davantage de pistes cyclables, mais surtout qu'elles constituent de véritables réseaux sécurisés et continus."

Olivier Schneider, FFUB

à franceinfo

Selon la FFUB, aujourd'hui, plus de la moitié des Français souhaiteraient se déplacer à vélo pour des distances courtes. Or si plus de 50% des déplacements en France font moins de cinq kilomètres, l’usage du vélo est de 4%, encore loin de l'objectif du plan vélo adopté en 2018 qui est de 9%.