Veolia et l'italien Trenitalia à l'assaut du TGV
Si l'on voulait - pouvait ? - insuffler une dose de romantisme dans l'économie, on pourrait dire que c'est l'histoire d'une rencontre. En imaginant un fond musical approprié, elle se raconterait comme suit : Veolia était inconsolable après la perte de celle avec qui elle comptait faire sa vie sur le rail. Après tant de promesses, Air France a brusquement claqué la porte, en octobre dernier, angoissée à l'idée de faire un petit TGV.
_ De son côté, Trenitalia, la branche transports de la compagnie de chemins de fer publique italienne Ferrovie dello Stato , sentait en elle le désir de se lancer. Dès le 13 décembre dernier, date de l'ouverture à la concurrence du trafic passagers en Europe, elle a demandé à disposer de créneaux sur la France pour y faire le nid de son dernier né : la Freccia Rossa (la Flèche Rouge), son train à grande vitesse construit par le français Alstom. Mais Trenitalia se sentait un peu seule dans cette grande aventure.
La rencontre entre ces deux solitudes a produit l'étincelle du coup de foudre. Enfin, aurait produit, car Veolia ne confirme pas - mais ne démentit pas non plus - les information que le quotidien Le Figaro donne dans ses pages roses, pour donner la couleur qui convient à la romance. Selon le journal, l'alliance entre le Français et l'Italien pour venir concurrencer la SNCF sur ses lignes TGV déboucherait début 2012. Veolia a tout simplement repris le projet qu'elle avait développé avec Air France.
TARIFS 30% MOINS CHERS
Il y aurait donc deux vagues différentes. Au printemps prochain, Trenitalia lancera ses trains sur la ligne Paris-Milan, via Lyon, et donc, concurrencera la SNCF sur cet axe. Puis à partir de 2012, en cheville avec Veolia, si l'information se confirme, le duo offrirait du Bruxelles-Lyon via Paris (pour concurrencer le Thalys, puis encore, Paris-Lyon); du Paris Londres via Lille (sur les terres d'Eurostar) et du Paris-Francfort via Strasbourg, en desservant Mannheim et Karlsruhe ainsi qu'une branche en direction de Bâle, avec arrêt à Mulhouse.
Et la SNCF a de quoi se ronger les sangs. Le tandem Veolia-Trenitalia annonce des tarifs de 30% en dessous de ceux de la compagnie nationale française. Tout simplement parce qu'avec son propre matériel et des cheminots italiens, elle n'a pas à financer le régime social des cheminots français. Encore faut-il que la SNCF lui fasse de la place dans ses gares et sur ses réseaux. Car, comme avec les enfants, l'aîné semble avoir du mal à accepter le second.
Grégoire Lecalot, avec agences
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