Départementales : les raisons de la résistance de la "gauche cassoulet"
Même pas mal. Dans les régions Aquitaine, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, la gauche a été épargnée par la vague bleue. Explications.
Dix-huit départements, dont encore 16 en rose ? La gauche a réussi à conforter sa domination dans le Sud-Ouest, dimanche 29 mars, lors du second tour des élections départementales. Elle a perdu les Pyrénées-Atlantiques, mais pourrait remporter la Lozère et conserver le Gard et le Tarn-et-Garonne, ce qui lui permettrait d'égaler son score des cantonales de 2008 et de 2011 en Aquitaine, en Midi-Pyrénées et en Languedoc-Roussillon. Comment expliquer cette stabilité, à l'abri des vents contraires qui ont soufflé sur le reste de la France ?
Une implantation durable
L'ancrage du Sud-Ouest à gauche n'est pas une nouveauté, comme l'avaient déjà montré les résultats du PS aux européennes de 2014. L'Ariège, la Haute-Garonne, les Landes, le Tarn-et-Garonne et les Hautes-Pyrénées n'ont jamais été présidés par la droite depuis la Libération, rappelle le site du Figaro. "Ce n'est pas un hasard s'il s'agit d'un des seuls territoires où le Parti radical, parti datant de la IIIe République, est encore vivant", souligne Bruno Jeanbart, directeur général adjoint d'OpinionWay, cité par Le Figaro.
Des explications culturelles et religieuses peuvent être avancées. En Midi-Pyrénées, "la région a été largement déchristianisée au cours du XIXe siècle, l’instituteur prenant très tôt le dessus sur le curé dans les campagnes", suggère par exemple le géographe Laurent Chalard, sur Atlantico.
Des élus locaux plébiscités
Le "bon bilan des majorités sortantes" explique la réélection de nombreux élus de gauche dans le Sud-Ouest, selon le site de La Dépêche. Parmi ces élus, le président PS du conseil général des Landes, Henri Emmanuelli, a conservé, dès le premier tour, son siège détenu depuis 1982 à Mugron. "Il a fait du travail sur le département, les collèges, les maisons de retraite, et il mène une politique de gauche", approuve un éleveur de canards rencontré par France 2.
Là où, au plan national, un électeur sur deux a voulu sanctionner François Hollande, les élus du Sud-Ouest ont réussi à échapper à un vote sanction contre la politique gouvernementale. Sur les terres d'Henri Emmanuelli, "je pense qu'on a voté plutôt pour l'homme que pour un parti politique", estime le pharmacien de Mugron. Un autre habitant dit avoir voté socialiste pour "sauver Emmanuelli".
Une droite fragilisée par le FN
La droite a fait les frais de la montée du Front national, qui a provoqué des triangulaires gauche-droite-FN et capté une partie de l'électorat de droite (53 triangulaires de ce type remportées par la gauche, contre 11 par la droite et 0 par le FN). Un constat particulièrement notable dans la région Languedoc-Roussillon, où la gauche a gagné l'intégralité des 20 triangulaires gauche-droite-FN.
En Haute-Garonne, "le résultat du PS a été amplifié par le FN", estime aussi le maire UMP de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, sur le site de La Dépêche. "Sans triangulaires, nous aurions conservé les cantons de Villemur et de Cazères par exemple", déplore-t-il, avant d'ajouter que "l'hystérisation de la question du FN" durant la campagne a "mobilisé l'électorat de gauche". Une mobilisation que l'on peut retrouver sur la carte de France de l'abstention.
Une économie relativement préservée ?
Le chômage n'épargne pas particulièrement le Sud-Ouest, surtout en Languedoc-Roussillon, où les taux avoisinent les 15% dans les Pyrénées-Orientales, l'Aude, l'Hérault et le Gard. Mais "l’Aquitaine et le Midi-Pyrénées sont, depuis le début des années 2000, deux des régions les plus créatrices d’emplois en France, en particulier grâce au développement de l’industrie aéronautique", estime le géographe Laurent Chalard, sur Atlantico.
Le chercheur ajoute que "le Sud-Ouest est traditionnellement une région de fonctionnaires", susceptibles de voir en la gauche "le garant de la défense de l’emploi public". Au 31 décembre 2011, les régions Aquitaine, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon avaient en effet une proportion de fonctionnaires territoriaux supérieurs à la moyenne nationale, note le site de L'Express.
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