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Départementales : qui sont les 62 élus FN ?

Certains sont des cadres du parti, alors que d'autres sont de "quasi-inconnus", à en croire la presse régionale. Francetv info a passé en revue les parcours et les promesses de ces nouveaux conseillers départementaux.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Une affiche du Front national pour les élections départementales, à Lille (Nord), le 29 mars 2015. (THIERRY THOREL / CITIZENSIDE / AFP)

La vague bleu marine n'a pas déferlé sur les hémicycles des assemblées départementales : malgré des scores importants, le Front national n'a obtenu que 62 sièges, répartis dans 14 départements, à l'issue des élections départementales des 22 et 29 mars. Qui sont ces nouveaux élus frontistes ? Que proposent-ils ? Francetv info a épluché la liste et feuilleté la presse régionale pour en savoir plus sur leurs parcours et leurs promesses.

Des cadres du parti, mais aussi des "inconnus"

Les conseillers départementaux frontistes ne sont pas tous des nouveaux venus en politique, certains sont impliqués depuis longtemps dans la vie du parti. C'est le cas, par exemple, de Michel Guiniot, élu à Noyon (Oise), secrétaire départemental de la fédération FN et membre du bureau politique du parti de Marine Le Pen. A Villers-Cotterêts, dans le département voisin de l'Aisne, c'est le maire de la ville, Franck Briffaut, également secrétaire départemental, qui a remporté l'élection.

Après avoir vu son élection à la mairie du Pontet (Vaucluse) invalidée, Joris Hébrard a, lui, retrouvé un fauteuil d'élu, cette fois au conseil départemental. Parmi les autres élus des 22 et 29 mars figurent également trois adjoints au maire frontiste d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Steeve Briois, mais aussi l'attaché parlementaire et suppléant de Marion Maréchal-Le Pen à l'Assemblée, Rémy Rayé et Hervé de Lépinau, victorieux dans le Vaucluse. Nicolas Meizonnet, l'attaché parlementaire de Gilbert Collard, député Rassemblement Bleu Marine (RBM), a été élu dans le Gard.

A contrario, d'autres sont présentés comme de "quasi-inconnus" dans leurs cantons par la presse locale. C'est le cas de Marie-Christine Gillot, élue à Vic-sur-Aisne (Aisne), à en croire L'Aisne nouvelle. Interrogée par l'hebdomadaire local, la nouvelle conseillère départementale ne s'offusque pas de sa faible notoriété. "Les gens votent pour une étiquette, analysait-elle après sa victoire dimanche. Ils se fichent de qui [les] représentent, ils veulent du changement." Nous ne sommes pas des "professionnels de la politique", argue Béatrice Pruvot, élue à Vauvert, auprès d'Objectif Gard : "On bafouille, on a le trac... Nous sommes en début de carrière."

La Voix du Nord évoque même l'élection d'une candidate "fantôme", "celle que personne n'a jamais vue", à Lillers (Pas-de-Calais). A en croire le journal, Karine Haverlant était absente à l'annonce des résultats dimanche et n'était pas non plus franchement visible durant la campagne. "Je ne pouvais pas, j'avais des rendez-vous médicaux, c'est mal tombé", assure la nouvelle conseillère départementale. Elle annonce cependant qu'elle sera présente jeudi, à Arras, lors de la première séance de la nouvelle assemblée.

Des propositions issues, pour la plupart, du programme national

De nombreux candidats frontistes ont fait campagne en s'appuyant sur la popularité de Marine Le Pen. A Guise (Aisne), Armand Pollet et Marion Saillard, rencontrés par francetv info avant le scrutin, étaient d'ailleurs absents sur leur tract de l'entre-deux-tours. Seule la présidente du FN apparaissait, délivrant les promesses nationales du parti pour ces élections départementales. Les candidats se montraient peu loquaces sur leur application au niveau du canton. "La priorité, ça sera de faire un audit, expliquait Armand Pollet. Ensuite, notre première action, ça sera de faire la chasse au gaspillage au conseil départemental, lutter contre la fraude, le clientélisme. Et la deuxième... Ah, je l'ai oubliée."

Interrogés dans la presse régionale, de nombreux élus FN restent prudents sur leur programme pour les années à venir. A Vic-sur-Aisne (Aisne), "la première chose qui va être faite, c'est la mise à plat locale du terrain", notamment financière, explique Marie-Christine Gilliot à L'Aisne Nouvelle. A Wingles (Pas-de-Calais), Antoine Ibba veut prendre le temps "d'analyser ce qui se dit à l'assemblée" départementale, selon Nord Eclair. Certains se retranchent derrière la réforme territoriale, en cours d'examen au Parlement, pour dénoncer le flou autour des compétences des assemblées départementales.

Un programme commun s'esquisse tout de même. Les élus FN réclament, notamment, "un audit des finances de l'institution" départementale, comme Armand Pollet dans l'Aisne, Jacques Danvy et Jessica Hoet à Garéoult ou Damien Guttierez et Virginie Sanchez à La Seyne-sur-Mer (Var). Ces derniers s'engagent également sur "la traque à la fraude aux aides sociales", le département gérant notamment l'attribution du RSA. La défense de la ruralité revient aussi régulièrement dans les discours de ces nouveaux élus. "On veut s'opposer [à la réforme territoriale], défendre la ruralité et le petit commerce", clament par exemple Jacques Delaire et Karine Haverlant à Lillers (Pas-de-Calais).

Des élus plutôt épargnés par les polémiques

Aucune des personnalités épinglées par la presse ces dernières semaines pour des dérapages n'a passé l'épreuve du second tour. A Saint-Avold (Moselle), la frontiste Nathalie Pigeot, accusée de vouer un culte au IIIe Reich, a échoué dimanche avec 42,16% des voix face à un duo divers droite. Même sort dans le canton de Narbonne-2 pour Fabien Rouquette, qui avait appelé au suicide des musulmans sur Facebook, rappelle Le Lab : il finit troisième d'une triangulaire, derrière le PS et un binôme divers droite.

Après étude de la liste des 62 élus FN, aucun ne semble avoir été éclaboussé dans ce type de polémique, à l'exception d'Edith Erre, élue dans la Marne, dont le nom ressort dans une affaire datant de 2012. La presse avait alors évoqué le cas de son fils, Bryan, ancien candidat frontiste à des élections, qui s'est fait tatouer une fresque nazie sur son dos. "J'étais au courant (...), j'ai été sidérée, horrifiée", expliquait la mère à France 3 Champagne-Ardenne. Plus tard, sur la même chaîne, elle était revenue sur l'affaire : "L'histoire de mon fils, je ne pourrai jamais l'oublier parce qu'on l'a donnée en pâture aux loups."

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