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Européennes : qui est Andréa Kotarac, l'élu de La France insoumise qui appelle à voter pour le Rassemblement national ?

Elu sous l'étiquette LFI, ce conseiller régional d'Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé, mardi soir en direct sur BFMTV, qu'il quittait le mouvement et qu'il voterait pour la liste RN aux européennes.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Andréa Kotarac (avec l'écharpe rouge), aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, venu le soutenir lors de la campagne des municipales, le 14 mars 2014 à Lyon. (MAXPPP)

Jean-Luc Mélenchon dénonce "un coup monté", "une boule puante de fin de campagne". Un conseiller régional de La France insoumise, Andréa Kotarac, a appelé, mardi 14 mai en direct sur BFMTV, à voter pour la liste du Rassemblement national aux européennes. "J'appelle à voter pour la seule liste souverainiste, qui met en avant l'indépendance de la France et qui est la mieux à même de faire barrage à Emmanuel Macron et de faire barrage à ce rouleau compresseur anti-social", a lancé ce conseiller de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Mais qui est ce jeune élu de 30 ans, "qu'on ne connaît ni d'Eve ni d'Adam", selon les mots de la tête de liste LFI Manon Aubry ? Franceinfo dresse son portrait. 

Une entrée en politique comme militant contre l'extrême droite

Né en 1989, ce Français d'origine serbe a fait ses premières armes politiques en militant contre l'extrême droite. Selon Le Parisien, il a été interpellé en 2012 après une échauffourée avec des personnes d’extrême droite, près de l’université Lyon-3.

Il s'est fait ensuite connaître à Lyon en se présentant aux élections municipales en 2014, sous les couleurs du Parti de gauche, la formation de Jean-Luc Mélenchon. Il a été élu en 2015 aux régionales sur la liste PS-MRC-EELV-PG du socialiste Jean-Jack Queyranne. Andréa Kotarac siégeait depuis au sein du groupe d'opposition Rassemblement citoyen écologiste & solidaire (RCES). En 2017, le jeune homme avait porté les couleurs de La France insoumise aux élections législatives, dans la 7e circonscription du Rhône. Il était arrivé troisième au premier tour, avec 13,34% des voix.

Un jeune élu adoubé par Mélenchon

Comme le raconte Lyon Capitale, Jean-Luc Mélenchon lui avait rendu hommage pendant la campagne, lors d'un déplacement à Vaulx-en-Velin (Rhône). "Quand je vois des jeunes, comme Elliott Aubin et Andréa Kotarac, prêts à reprendre le flambeau, je me dis que La France Insoumise a réussi. Je me dis que le fil rouge n'est pas près d'être rompu", avait déclaré le leader de LFI. Sur Facebook, ce même Elliott Aubin a fait part de sa déception après l'annonce de son camarade. "Je suis abasourdi par ce que je viens de voir en direct sur BFM. Je n'en reviens pas, témoigne sur sa page Facebook ce militant, candidat lui aussi aux législatives. J'ai tout vécu avec Andréa. J'ai commencé mon militantisme à ses côtés il y a près de dix ans. Ce soir, j'ai comme le sentiment de perdre un ami que j'ai même pu considérer comme un frère."

Son groupe au conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes et le Parti de gauche (PG) ont annoncé son exclusion après sa déclaration sur le Rassemblement national. "L'histoire du mouvement révolutionnaire a toujours été émaillée de quelques dérives individuelles vers le fascisme. Ceux-ci, au départ, pensent que le fascisme est le seul rempart face au capitalisme alors qu'il n'en est qu'un avatar. L'histoire leur a évidemment donné tort comme elle donnera tort à cet individu", estime le PG dans un communiqué.

Un soutien affiché à Vladimir Poutine

Ce n'est pas la première fois qu'Andréa Kotarac fait parler de lui au sein du mouvement. Partisan d'une ligne souverainiste, il s'était rendu en avril 2019 à un forum à Yalta, en Crimée, organisé par Vladimir Poutine, où étaient conviés des responsables d'extrême droite. "Je ne suis pas d'accord avec Mariani et Maréchal sur de nombreux sujets. Mais sur la défense de la souveraineté nationale et sur la nécessité de s'allier à la Russie, je suis d'accord, explique alors Andréa Kotarac au Monde. Je suis venu pour dire qu'une partie de la gauche française ne considère pas la Russie en ennemi, bien au contraire." L'année précédente, il s'était affiché sur son compte Twitter aux côtés du président des séparatistes ukrainiens pro-russes, Alexandre Zakharchenko, qui a été tué quelques mois plus tard.

L'escapade à Yalta avait déplu au sein de La France insoumise. Le responsable du livret thématique sur la politique étrangère du mouvement s'était dit "un peu sidéré" dans les colonnes de L'Obs. Arnaud Le Gall lui reprochait de "brouiller les cartes". "Nous, nous sommes attachés à la souveraineté populaire. Le cadre national n'est pas une fin en soi. Et nous avons une vision politique de la nation, alors que celle du FN est identitaire", argumentait-il pour refuser toute convergence avec le Rassemblement national. Un proche de Jean-Luc Mélenchon assurait de son côté, au sujet d'Andréa Kotarac : "Il a fait une connerie. On ne l'y reprendra plus." 

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