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Six choses à savoir sur Nathalie Loiseau, tête de liste LREM aux européennes

Le bureau exécutif de LREM entérine, lundi, l'investiture de l'actuelle ministre chargée des Affaires européennes, qui va démissionner pour se consacrer à l'élection. Franceinfo revient sur le profil de cette diplomate de carrière, méconnue du grand public.

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La ministre chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, après le Conseil des ministres à l'Elysée, le 20 mars 2019, à Paris. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Elle avait déjà annoncé sa candidature en direct, lors d'un débat avec Marine Le Pen, mais c'est désormais officiel. Nathalie Loiseau aura la charge de mener la liste LREM aux élections européennes. La ministre des Affaires européennes a été investie lors d'un bureau exécutif du parti, lundi 25 mars, et présentera ensuite sa démission du gouvernement, a précisé son entourage à franceinfo. A 54 ans, cette diplomate de carrière au profil discret va donc se retrouver en première ligne dans la campagne. Franceinfo revient sur sa personnalité en quelques traits.

Elle a eu une courte expérience dans la mode...

En 1983, à l'âge de 19 ans, Nathalie Loiseau trouve un emploi dans la mode après des études à Sciences Po. Son livre Choisissez tout (éd. JC Lattès), publié en 2014, ne précise pas en détail le contour de ses missions, mais elle raconte notamment avoir livré une robe à l'actrice Marlene Dietrich, dont elle garde un souvenir éclatant. "Entendre le son de sa voix, sa sublime voix, entrevoir sa silhouette, dans la pénombre calculée de son salon" d'un appartement de l'avenue Montaigne... De la magie pure." Pour le reste, elle dépeint un milieu où existe une hiérarchie "intangible et implicite" entre les femmes et les hommes. "Aux mannequins, on ne demande que leur corps. Aux couturières, aux brodeuses, que leurs bras".

... et une longue carrière de diplomate

Nathalie Loiseau intègre l'Institut national des langues et civilisations orientales, où elle étudie le chinois, puis elle entre au ministère des Affaires étrangères à l'âge de 21 ans – elle raconte avoir partagé son bureau avec une collègue qui a essayé de mettre le feu à la pièce. Dans le cadre de ses fonctions, elle participera notamment à des négociations avec les Khmers rouges et d'autres factions cambodgiennes, en 1989 – "J'en ai fait trois mois de cauchemars", raconte-t-elle au JDD. Elle rencontre son futur mari en Indonésie et voyage au Sénégal et au Maroc.

Surtout, elle est également à la manœuvre pendant la guerre en Irak, en tant que porte-parole de l'ambassade de France aux Etats-Unis (jusqu'en 2007). Au fil des ans, elle gravit tous les échelons au point d'être nommée directrice générale des Affaires étrangères en 2011, avant que l'arrivée de Laurent Fabius ne sonne l'heure de la disgrâce, un an plus tard. "Elle s'est opposée à Fabius, explique une source à l'hebdomadaire. La semaine suivante, elle était virée comme une malpropre."

Elle a été à la tête de l'ENA

Nathalie Loiseau trouve un point de chute à la direction de l'ENA en 2012, alors qu'elle n'en a jamais été élève. Elle évacue d'un revers de main les critiques, dans un entretien accordé à Libération : "Quand on dirige l’Opéra, on ne vous demande pas de chanter." 

Elle est alors la deuxième femme de l'histoire à prendre la tête de la prestigieuse école nationale de l'administration. Nathalie Loiseau engage notamment une réforme des bourses et du concours d'entrée. Le jeu de mots est certes un peu convenu, mais dans les colonnes du Monde, elle se souvient encore d'une promo de l'ENA qui entonne : "Jamais rien ne l’empêche, l’oiseau, d’aller plus haut !" en référence à la chanson "Fais comme l'oiseau" de Michel Fugain.

Sa couleur politique est difficile à cerner

Elle aurait été rocardienne dans sa jeunesse, écrit Libération. Puis après 2011, elle affiche sa fidélité à Alain Juppé, qui l'avait choisie pour prendre la direction générale du Quai d'Orsay. Après la défaite de ce dernier lors de la primaire de la droite en 2016, Nathalie Loiseau rejoint finalement la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron puis le gouvernement d'Edouard Philippe, autre proche de l'ancien maire de Bordeaux. "J’ai des convictions de centre droit, mais je n’avais jamais adhéré à aucun parti", précise-t-elle toutefois au Monde.

Catholique pratiquante – elle ouvre son livre par une citation de sainte Thérèse de Lisieux – elle est également favorable à la PMA (procréation médicalement assistée) et à la "GPA [gestation pour autrui] éthique", comme elle l'a expliqué au micro de RTL. "Tout son discours est de gauche. Mais sa carrière est à droite. C’est très bizarre", résumait un diplomate interrogé à son sujet en 2012.

Elle se dit "féministe convaincue"

Nathalie Loiseau se décrit comme "une féministe convaincue", au micro de RFI, tout en marquant ses distances avec l'expression de "système patriarcal", qui relève selon elle d'un jargon "inefficace" et "éculé". Ses expériences professionnelles dans des univers masculins ont toutefois nourri l'écriture de son livre, où elle encourage les femmes à faire preuve d'ambition. "On trouve cela normal que les hommes aient un métier, une famille, des hobbies et des passions. Les femmes doivent aussi s’autoriser tout cela à la fois", résume-t-elle au Figaro.

Elle livre régulièrement des anecdotes sur son parcours. Lors d'une réunion de travail au Quai d'Orsay, elle est la seule femme présente et s'interroge sur la présence de whisky, raconte Le Monde. Puis la discussion achoppe sur la candidature d'une femme au poste d'ambassadrice en Chine. A-t-elle "les épaules" ? s'interroge un participant, avant que Nathalie Loiseau, en charge des ressources humaines, ne lui réponde vertement.

Elle a fait une blague sur le Brexit (avec un chat)

En revanche, Nathalie Loiseau n'a jamais nommé son chat "Brexit", contrairement à ce qu'elle a laissé entendre sur sa page privée Facebook en évoquant le Royaume-Uni. "J’ai fini par appeler mon chat Brexit. Il me réveille en miaulant à la mort parce qu’il veut sortir, et dès que je lui ouvre la porte, il reste planté au milieu, indécis, et il me jette un regard noir quand je le mets dehors."

Ce post humoristique a été pris au pied de la lettre par le Journal du dimanche puis par plusieurs médias britanniques, mais il s'agissait d'une plaisanterie. "Je n'ai pas de chat", a dû préciser la ministre au micro de Radio J.

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