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franceinfo en campagne. Dans le fief de François Hollande à Tulle, la tentation Macron

Jusqu’aux législatives des 11 et 18 juin prochains, franceinfo zoome chaque jour sur une circonscription. Mardi, reportage dans la première circonscription de Corrèze où En Marche ! espère bien confirmer sa percée de la présidentielle.

Article rédigé par Gaële Joly - Edité par Alexandra du Boucheron
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Christophe Jerretie, le candidat LREM dans la première circonscription de Corrèze, annonce le ralliement d'une élue PS et d'un élu LR, en juin 2017 à Tulle. (GAELE JOLY / FRANCEINFO)

franceinfo poursuit son tour de France des circonscriptions qui valent le détour avant les législatives des 11 et 18 juin. Après la Sarthe, Béziers, la Corse-du-Sud, la Creuse et les Français de l'étranger, direction Tulle, le fief de François Hollande dans la première circonscription de Corrèze. L'ancien président de la République y a été maire de 2001 à 2008. 

Lors de l'élection présidentielle de mai dernier, les Tullistes ont voté à 30% pour Emmanuel Macron au premier tour et à 71,5% au second tour.

Législatives 2017 : à Tulle, sur la terre des présidents, les cartes sont entièrement rebattues. Le reportage de Gaële Joly

En Marche !, grand favori

Dans le petit village de Marcillac, en plein cœur du pays vert, sur les hauteurs de Tulle, Marie-Odile, reine du porte-à-porte, n'a pas de mal à convaincre. "Quand on est pour Macron, on vote aussi pour son candidat dans la circonscription, assure l'un de ses interlocutrices. J'étais plutôt socialiste. Dès le début, j'ai eu le sentiment qu'il allait faire quelque chose. En plus, il a l'âge de mon fils !" "Ça change de nos vieux politiciens véreux, surtout", lance un autre habitant du village.

Le mot de François Hollande à la mairie de Saint-Hilaire-Peyroux dans la première circonscription de Corrèze. (GAËLE JOLY / FRANCEINFO)

En bas, dans la vallée, le QG de campagne de La République en marche est installé en plein centre de Tulle. Le candidat est le jeune juppéiste Christophe Jerretie. Ce jour-là, il réunit la presse locale pour annoncer fièrement le ralliement d'une élue socialiste et d'une figure Les Républicains de la circonscription. "Emmanuel Macron a fait plus de 30% partout au premier tour et cette circonscription, qui était celle d'Hollande et qui a été celle de Chirac, rappelle Christophe Jarretie. Chirac faisait également des premiers tours assez impressionnants sur le secteur."

C'est peut-être la vision de notre territoire : on a eu Chirac, on a eu Hollande et on a eu la droite, on a eu la gauche. Peut-être que, maintenant, ils se retrouvent bien justement dans En Marche, puisqu'on regroupe tout le monde.

Christophe Jerretie, candidat LREM

à franceinfo

Les socialistes présentent un poids lourd local

Mais la bataille est loin d'être gagnée pour La République en marche. En face, l'adversaire est un proche de François Hollande : Bernard Combes, maire socialiste de Tulle et poids lourd local n'a pas dit son dernier mot. Ce matin-là il est venu chercher le soutien du maire PS de Saint-Hilaire-Peyroux, Jean-Claude Peyramard. "Il y a beaucoup de socialistes que j'ai bien identifiés qui ont voté Macron à la présidentielle mais qui ne voteront pas Macron aux législatives, assure Jean-Claude Peyramard. C'est un vote beaucoup plus local et les personnalités, je pense, comptent aussi."

Bernard Combes (à d.), maire socialiste de Tulle, en campagne pour les législatives avec le soutien du maire PS de Saint-Hilaire-Peyroux, Jean-Claude Peyramard (à g.), en juin 2017. (GAELE JOLY / FRANCEINFO)

En Corrèze, c'est Manuel Valls qu'on avait choisi à la primaire socialiste. Ici, Benoît Hamon n'a raflé que 6% des voix à la présidentielle. Bernard Combes espère faire oublier très vite ce mauvais score : "Je pense qu'on a le socle Hamon, plus une notoriété, une amitié, une fidélité au président, et puis des gens autour de moi, des élus qui sont venus nous chercher à un certain moment, François Hollande ou moi, pour porter des projets pour lesquels on a répondu présent. Tout cela crée un tissu. On ne sort pas du chapeau le maire d'une petite commune qui, en 2014, devient maire puis, tout à coup, se prétend député, se prétend capable d'être en marche, de ramasser tout le monde et de dire 'les idées ont s'en fiche du moment que je suis député'...." Parle-t-il de son adversaire de La République en marche ? "Je parle... de celui qui est en marche", élude le maire de Tulle.

Ce n'est pas un adversaire. Pour moi, c'est quelqu'un qui vient se poser sur une situation politique trouble et qui en fait tout simplement un axe commercial. La politique ce n'est pas le commerce.

Bernard Combes, maire PS de Tulle et candidat socialiste

à franceinfo

Les autres candidats en embuscade

À Tulle, certains disent que, à l'image d'Emmanuel Macron, son candidat bénéficie d'un alignement des planètes. Ici, les Insoumis sont arrivées en deuxième position à la présidentielle mais n'ont pas réussi à se mettre d'accord avec les communistes, historiquement bien implantés. "Cela aurait été mieux qu'on soit en ordre de bataille contre celui qui est en marche. Ce n'est pas le cas. Je le regrette profondément, reconnaît Jean-Marc Vareille le candidat des Insoumis. On avait fait du bon travail. Le Parti communiste a fait le choix de maintenir un candidat... La vie va continuer. On restera mobilisé. On n'est pas sur un épiphénomène. En tout cas, j'en serai garant."

Jean-Marc Vareille, le candidatde La France insoumise dans la deuxième circonscription de Corrèze. (GAELE JOLY / FRANCEINFO)

Dans cette bataille, il faudra aussi compter avec la droite, qui espère se refaire une santé. Le Front national, lui, ne peut espérer qu'un scénario de triangulaire au second tour avec ses 16,9% de suffrages à la présidentielle. Un record dans ce coin d'ordinaire si hermétique aux idées d'extrême droite.

>> Les candidats au premier tour des élections législatives dans la première circonscription de Corrèze

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