Abstention aux municipales : "une catastrophe démocratique", selon le politologue Jean Petaux
Le professeur Ă Sciences Po Bordeaux estime que qu'il aurait fallu annuler le premier tour et reporter le scrutin "Ă une date ultĂ©rieure" notamment Ă cause du "dĂ©sintĂ©rĂȘt" des Ă©lecteurs.
"Je ne suis pas surpris d'une telle catastrophe dĂ©mocratique", a analysĂ© dimanche 28 juin sur franceinfo le politologue Jean Petaux, professeur Ă Sciences Po Bordeaux, alors que le taux d'abstention lors du second tour des Ă©lections municipales s'annonce trĂšs Ă©levĂ©, avec une participation faible de 34,67 % Ă 17 heures. "Un deuxiĂšme tour qui a lieu quinze semaines aprĂšs un premier, vous avouerez qu'il faut ĂȘtre sacrĂ©ment attachĂ© Ă la vie politique municipale pour ne pas trouver la sĂ©rie un peu longue", a dit le politologue, qui maintient qu'il "fallait annuler tout ça et reporter les Ă©lections municipales Ă une date ultĂ©rieure."
franceinfo : Avez-vous un commentaire Ă faire sur ce taux de participation ?
Jean Petaux : On pourrait dire que les mĂȘmes causes qu'au premier tour provoquent les mĂȘmes effets au second tour. Alors, mĂȘme si Ă©videmment, nous ne sommes plus directement dans la peur gĂ©nĂ©rĂ©e par la pandĂ©mie et par la Covid-19 pour ce second tour, ce qui est certain, c'est que s'est ajoutĂ© à ça, Ă©videmment, une forme de dĂ©sintĂ©rĂȘt trĂšs net.Â
Un deuxiĂšme tour qui a lieu quinze semaines aprĂšs un premier, vous avouerez qu'il faut ĂȘtre sacrĂ©ment attachĂ© Ă la vie politique municipale pour ne pas trouver la sĂ©rie un peu longue.
Jean Petaux, politologueĂ franceinfo
Y a-t-il d'autres raisons qui expliquent ce faible taux de participation, selon vous ?
Il y a la proximité des vacances, le fait que toute la dramatisation qui est propre à la mise en scÚne d'une élection et qui fait que le premier et le deuxiÚme tour sont normalement un bloc proche, séparés simplement d'une semaine, tout ça s'est effacé. Tout ça a disparu. Et moi, je ne suis pas du tout surpris d'une telle catastrophe démocratique parce que ce n'est bon pour personne dans cette affaire. C'était tellement prévisible que l'on arriverait à cette situation-là . Je suis un peu étonné, d'ailleurs, qu'on ait complÚtement laissé partir le scrutin sur cette pente.
C'est une "catastrophe démocratique" que l'on vit aujourd'hui ?
J'ai été parmi les tout premiers qui, dÚs le lendemain du premier tour, ont dit que compte tenu de ce qui s'était passé, compte tenu du fait que 1 250 villes en France avaient vu leur maire élu avec moins de 25 % des inscrits, il fallait annuler tout ça et reporter les élections municipales à une date ultérieure. C'est bien pour ça que je vous dis que c'est assez catastrophique. D'une certaine maniÚre, je pense que la démocratie représentative, déjà assez fortement contestée dans divers cercles, n'avait pas vraiment besoin de ce coup-là .
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