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"Vous mangez mairie, vous dormez mairie..." : même s'ils sont appréciés, les maires des petites communes hésitent à se représenter

Les maires français ont plutôt la cote auprès de leur administrés, d'après une étude du Cevipof. Pourtant, un élu sur deux n'envisage pas de se représenter. Exemple à Chalarande (Essonne).

Article rédigé par Benjamin Mathieu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La mairie de Chamarande (Essonne). (GOOGLE STREET VIEW)

De jolies maisons en pierre, des petites rues fleuries et un superbe parc autour d'un château du XVIIe siècle. Pour les 1 150 habitants de Chamarande, il fait bon vivre en Essonne. François habite ici depuis 13 ans, juste à côté de l'église. Il estime que la maire, Marie-Hélène Jolivet, est "très efficace, très persuadée de ce qu'elle fait, très volontaire. Je pense très honnêtement que c'est une très bonne maire".

François est représentatif de ces Français qui apprécient leurs élus. Le Cevipof (Centre d'études de la vie politique française de Sciences Po), en partenariat avec l'Association des maires de France (AMF), a publié dimanche 7 juillet une enquête sur la démocratie locale à quelques mois des élections municipales. Il en ressort que le niveau de confiance envers les maires reste très élevé par rapport à celui accordé aux autres élus, locaux ou nationaux. Dans les communes rurales, 67% des personnes interrogées souhaitent même que leur maire se représente.

Pourtant, un édile sur deux envisage de ne pas le faire, selon une autre étude du Cevipof. C'est le cas de Marie-Hélène Jolivet, maire de Chamarande. Au moment de terminer son deuxième mandant, Marie-Hélène Jolivet ne se représentera pas. "C'est une page qui va se tourner, c'est dommage", regrette François. Pour ce quadragénaire, la popularité des maires est assez facile à comprendre. "C'est plus des histoires de transmission dans des petits villages comme ça. Ce ne sont pas des idées politiques, ce ne sont pas des envies politiques de carrière." 

Être maire, c'est "une trop lourde responsabilité"

Gérard habite la commune depuis juin 1981. Il trouve la maire "bien... et parfois mal" rigole-t-il. Pourtant, ce retraité ne voudrait de ce poste pour rien au monde. "Il faut aussi parfois se mettre à la place d'un maire. C'est une fonction qui n'est pas du tout facile. C'est une trop lourde responsabilité."  

Marie-Hélène Jolivet ne compte pas ses heures : "Vous êtes dérangé un samedi ou un dimanche pour quelqu'un qui fait du feu et la personne d'à côté qui ne peut pas étendre son linge, elle va vous téléphoner". Le lien entre le maire rural et ses administrés est fort. Marie-Hélène Jolivet a pu le mesurer il y a quatre ans, quand elle a annoncé qu'elle avait un cancer : "Les gens venaient à la mairie demander de mes nouvelles.'"   

Mais tout n'est pas forcément idyllique dans cette relation. "Gérard Larcher disait que les maires étaient ceux qui étaient à portée de baffes ! , s'amuse Marie-Hélène Jolivet.Quand ça va, on ne nous le dit pas, mais quand ça ne va pas, on sait nous le dire !"  

Après deux mandats de maire, Marie-Hélène Jolivet a décidé de tourner la page parce qu'elle "n'a plus tellement de vie de famille". "Vous mangez mairie, vous dormez mairie...", explique-t-elle. Fatiguée par des dossiers de plus en plus compliqués, elle prend sa retraite à 69 ans, après 31 années au service de sa commune.

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