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Elections municipales 2020 : quels programmes vont appliquer les candidats écologistes dans les grandes villes conquises ?

Développer les transports en commun, déclarer l'état d'urgence climatique, faire plus de place aux piétons, ou encore impliquer les citoyens, notamment les plus jeunes. Les nouveaux maires écologistes, qui ont triomphé dimanche dans plusieurs grandes villes, ont établi différentes priorités qu'ils comptent mettre en oeuvre dans les prochains mois.

Article rédigé par franceinfo
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Les écologistes Bruno Bernard (à gauche) et Grégory Doucet (à droite) lors de la campagne des municipales, le 22 juin 2020, à Lyon. (ANTOINE MERLET / AFP)

Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Besançon, Tours, Poitiers, Annecy... Autant de trophées décrochés par les écologistes, dimanche 28 juin. Et autant de villes conquises au second tour des municipales par des candidats auxquels on n'accordait parfois aucune chance, il y a encore quelques mois.

Ces nouveaux élus s'appellent, entre autres, Grégory Doucet à Lyon, Jeanne Barseghian à Strasbourg, Pierre Hurmic à Bordeaux et Anne Vignot à Besançon. Mais sur la base de quels programmes vont-ils diriger leur ville ? Franceinfo vous détaille les idées principales évoquées par les candidats vainqueurs pendant la campagne électorale.

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Lyon : halte à la bétonnisation, et développer les réseaux du tramway et de bus

Après deux décennies, l'ère Collomb a pris fin à Lyon, la troisième ville la plus peuplée de France avec plus de 500 000 habitants, sur une double victoire de candidats Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Grégory Doucet, un cadre dans l'humanitaire de 46 ans, sera le futur maire de Lyon, tandis que Bruno Bernard, ex-chef d'une entreprise de désamiantage de 50 ans, dirigera la métropole.

Sur quels projets ? La fin d'une bétonnisation jugée exagérée par les candidats. Lors d'un débat sur France 3, le 25 juin, Bruno Bernard a déclaré qu'il souhaitait en finir avec les constructions de bureaux dans le quartier de la Part-Dieu. Il souhaite "mieux répartir les activités sur Lyon et l'ensemble de la métropole", avec la construction de 10 000 logements isolés par an. "C'est bon pour le climat, c'est bon pour la facture des habitants", a-t-il expliqué. Du côté des déplacements, priorité aux transports de surface, notamment aux bus, a-t-il expliqué lors d'une entrevue à Lyon Mag.

En revanche, pas de développement du métro, trop coûteux et trop long à construire selon les écologistes. Il faut "10-15 ans" pour faire un métro, a exposé Bruno Bernard. "La dernière station de métro ouverte, c'est Oullins (en banlieue lyonnaise) en 2013. On a fait 7 km de tram, là où on aurait pu en faire beaucoup plus. On veut passer à 20 km de tram".

Le projet polémique de l'Anneau des sciences, une autoroute urbaine qui devait boucler le périphérique ouest, avait déjà été abandonné par le camp de Gérard Collomb en pleine crise du Covid-19. Pour le reste, les deux écologistes veulent créer un réseau express vélo (REV) de 450 km et inciter à un à deux jours de télétravail par semaine pour désengorger les transports publics.

Strasbourg : végétaliser la ville, et soutenir l'économie locale

Autre nouveau visage, celui de Jeanne Barseghian. La nouvelle maire EELV de Strasbourg (environ 280 000 habitants) est une juriste spécialisée en droit de l'environnement de 39 ans.

Interrogé par le journal 20 minutes, elle a annoncé que sa première mesure serait de "proposer au conseil municipal de déclarer l'état d'urgence climatique". Face aux bouleversements environnementaux, Jeanne Barseghian compte "démarrer dès cet été le grand plan de végétalisation et de déminéralisation. D'abord avec des dispositifs provisoires pour avoir des îlots de fraîcheur, mais aussi en anticipant les plantations qu'on fera à l'automne dans des lieux à identifier".

Soutenir "l'économie locale" constitue une autre de ses priorités, alors que "les commerçants, les artisans, un certain nombre d'entreprises sont impactés par cette crise sanitaire". Elle "propose donc de réunir l'ensemble des acteurs autour d'un pacte pour une économie locale durable".

Jeanne Barseghian veut également lancer un "plan pour une égalité éducative et cibler les enfants qui ont le plus souffert du confinement", notamment en apportant "un soutien aux écoles sur l'équipement au numérique et le développement des activités périscolaires". Enfin, c'est une opposante déterminée au projet de contournement autoroutier de Strasbourg (GCO).

Bordeaux : des plans contre la canicule et pour les piétons

Dans le Sud-Ouest, l'écologiste Pierre Hurmic deviendra le prochain maire de Bordeaux (250 000 habitants), ville dirigée par droite depuis 73 ans. "Nous sommes prêts aujourd'hui à gouverner intelligemment, écologiquement, socialement la ville", a-t-il déclaré dimanche, sur France 3.

Dans son programme, cet avocat de 65 ans qui a défendu des associations écologistes dire vouloir, comme à Strasbourg, décréter "l'état d'urgence climatique", avec un plan canicule prévoyant la "multiplication des points d'eau, [l']ouverture nocturne des parcs, [des] aménagements urbains". Le nouveau maire compte aussi mettre en place une politique de "zéro artificialisation" des sols : seuls ceux déjà recouverts de béton ou bitume seront constructibles. Par ailleurs, il entend lancer un plan pour les piétons, et s'engage à créer une "piste cyclable continue et sécurisée sur toute la longueur des boulevards".

A noter aussi : Pierre Hurmic souhaite intégrer "le critère du 'meilleur bilan carbone et social' dans les marchés publics de la ville destinés aux associations".

Tours : aide de 400 euros à l'achat d'un vélo par foyer

L'écologiste Emmanuel Denis, 48 ans, a ravi la mairie de Tours (plus de 135 000 habitants) à la tête d'une liste EELV et divers gauche. Cet ingénieur venu du monde associatif affiche sa volonté de faire de Tours une ville "zéro carbone", promettant de planter 30 000 arbres dans les rues et de mettre en place des forêts urbaines.

Sur les questions de mobilité urbaine, il veut notamment "proposer une aide de 400 euros à l'achat d'un vélo par foyer", faire de Tours une "ville 30 [km/h] (hors grands axes)", "renforcer et étendre le réseau de bus existant", ainsi que rendre gratuits les transports publics pour les moins de 11 ans

Annecy : "Un 'choc' des transports en commun"

Ville de centre-droit depuis 1953, Annecy (quelque 125 000 habitants) a basculé dimanche du côté écologiste. Les électeurs ont choisi François Astorg, un consultant en management de 58 ans qui s'est allié à une candidate dissidente de La République en marche, Frédérique Lardet. "Il veut faire de la ville un modèle de transition écologique, climatique et sociale", détaille France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.

Spécialiste des mobilités urbaines, le journaliste Olivier Razemon remarque que le maire sortant voulait "construire un tunnel routier sous une montagne, le long du lac".

Dans son programme (PDF), François Astorg compte, à l'inverse, créer "un 'choc' des transports en commun : 2 lignes de tram et un réseau de bus fréquents et rapides sur voies réservées, liés à des parkings relais". Sur la rive ouest du lac d'Annecy serait mise en place une "ligne de tram + vélo ou tram-train", et un plan vélo serait développé "avec des itinéraires continus et sécurisés".

Il promet enfin un "réseau de cheminement piéton vert qui relie les centres aux espaces naturels (lac, Semnoz...)" et une meilleure desserte de Genève, où travaillent nombre de frontaliers.

Besançon : impliquer les citoyens, et aider les jeunes

A Besançon (115 000 habitants), la nouvelle maire EELV s'appelle Anne Vignot. Cartographe, cette ingénieure de recherche de 60 ans au CNRS a étudié, entre autres, l'aménagement du territoire à l'époque gréco-romaine au Proche-Orient, selon ce portrait signé France 3 Bourgogne-Franche-Comté.

"Nous avions dit que nous serions des élus de terrain, de proximité. Le défi ça va être de tisser des liens avec les citoyens, de les impliquer dans l'ensemble de nos projets. C'était déjà la méthode que nous voulions mettre en place, mais c'est devenu urgent", a-t-elle affirmé à franceinfo après sa victoire. Anne Vignot s'inquiète d'ailleurs, selon France 3 Bourgogne Franche-Comté, de la "fracture démocratique" que traduit l'abstention.

Concrètement, son programme comporte notamment la présentation d'"un budget participatif direct" et la mise en place d'une "Assemblée citoyenne permanente concernant les grands chantiers et les politiques de la ville et de la communauté urbaine".

Outre les priorités classiques des écologistes (développer les transports en commun et les pistes cyclables), elle a aussi mis en avant l'importance de mesures d'aide destinées aux jeunes. "On sait que la jeunesse, c'est elle qui va apporter la transformation de toute la société. On a décidé de l'accompagner : revenu minimum jeune, gratuité des transports pour les moins de 26 ans", a déclaré Anne Vignot à France Bleu. 

Poitiers : "Atteindre l'autonomie alimentaire de notre territoire"

A 30 ans, la nouvelle maire de Poitiers (près de 90 000 habitants) Léonore Moncond'huy (EELV) se revendique comme une "non-professionnelle de la politique". Cette coordinatrice de projets dans l'aide publique à l'éducation a mis fin à 43 ans de règne socialiste et se veut, elle aussi, porteuse d'espoir pour la jeunesse.

Parmi les projets portés par sa liste, au-delà d'un fort développement du vélo, figure la lutte pour mieux économiser l'eau et s'assurer de sa qualité. Autre priorité : "soutenir la production alimentaire locale", en recréant "une ceinture urbaine autour de Poitiers", qui vise à "atteindre l'autonomie alimentaire" sur le territoire.

Grenoble : rénover les quartiers du sud

Sans surprise, le maire écologiste sortant de Grenoble (environ 160 000 habitants), Eric Piolle, 47 ans, a été réélu dimanche. La rénovation du sud de la ville constitue le grand objectif de son second mandat : en janvier, il a dévoilé le projet "GrandAlpe", un chantier important déjà porté par Grenoble-Alpes Métropole. Le budget sera de 650 millions d'euros, soit trente fois le montant de la rénovation du centre-ville récemment achevée.

Les rénovations se concentreront sur trois communes (Grenoble, Eybens et Echirolles). De nombreux quartiers, dont certains défavorisés, sont concernés. Eric Piolle souhaite en faire des zones de transition écologique, notamment en les végétalisant. "C'est porter une ambition pour les habitants de tous ces lieux de vie, porter une ambition métropolitaine, créer de la couture entre les différentes communes, créer du lien et se dire qu'on parle de nos conditions de vie", a-t-il expliqué à France 3.

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