Municipales : tour de France des alliances et des retraits de liste
Quand les forces présentes au second tour s'entendent, soit les listes fusionnent, soit l'une d'elles, traditionnellement celle qui a obtenu le moins de voix, accepte de se désister au profit d'une autre. Ça, c'est quand les forces sont d'accord…
Les urnes dépouillées, il faut négocier. Les tractations se poursuivent entre rescapés du premier tour, mardi 25 mars, tandis que la victoire dimanche dépendra des alliances que la gauche et la droite réussiront à conclure. Pourtant, il faut faire vite : la date-limite de dépôt des listes à la préfecture est fixée aujourd'hui à 18 heures.
Francetv info revient sur la configuration de ces mariages de raison. Des unions qui demandent parfois de faire d'importants compromis. Inconcevable pour certains.
Où le PS s'allie-t-il avec les écologistes ?
Opération réussie à Paris, Toulouse, Lyon, Strasbourg, Rennes et Rouen. A Paris, au premier tour, Anne Hidalgo (PS) talonne la candidate de l'UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet. Ainsi, la fusion de sa liste avec celle de l'écologiste Christophe Najdovski pourrait bien lui offrir la mairie. A Strasbourg, 14 membres de la liste EELV rejoignent la liste du Parti socialiste, expliquent les Dernières nouvelles d'Alsace. A Toulouse, huit colistiers écologistes rejoignent la liste du maire PS sortant, Pierre Cohen, note France 3 Midi-Pyrénées.
A Nantes, la fusion est actée, malgré le dossier Notre-Dame-des-Landes. "Il s'agit d'envoyer un signal fort aux Nantaises et aux Nantais," indique le communiqué rédigé conjointement par la socialiste Johanna Rolland (en tête avec 34,51% des voix) et l'écologiste Pascale Chiron (14,55%, troisième derrière la liste UMP). Un message de pragmatisme alors que le dossier de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes divise profondément la majorité.
Même chose à Tours. Dans ce bastion PS, les forces de gauche n'avaient d'autre choix que le rassemblement. Serge Babary, tête de liste de la liste d’union de droite UDI-UMP, a créé la surprise en obtenant 36,43% des suffrages, commente France 3 Centre. Le maire sortant, le socialiste Jean Germain, affiche 9 points de moins que son rival. Dans un contexte de triangulaire, il s'est allié avec le candidat Europe Ecologie-Les Verts, qui a réalisé 11,30% des voix, rapporte La Nouvelle République, qui évoque "un mariage de raison". En revanche, aucun accord n'a été signé avec la troisième force de gauche (8,36%),qui réunit le Parti de gauche et le NPA.
Où PS et Front de gauche s'unissent-ils ?
A Marseille, la situation semble plus que compliquée pour le socialiste Patrick Mennucci, loin derrière le maire UMP sortant, Jean-Claude Gaudin, et derrière le candidat FN Stéphane Ravier. Il a échoué à convaincre Pape Diouf de le rejoindre, mais a fusionné sa liste dès lundi avec celle du Front de gauche. L'objectif de Jean-Marc Coppola et Patrick Mennucci : "S'unir pour barrer la route au Front national", explique France 3 Provence-Alpes.
Même chose à Avignon, où la percée du parti de Marine Le Pen pousse au rassemblement du PS et du Front de gauche. Devancée de 27 voix par le candidat de l'UMP - le parti qui tient la ville depuis dix-neuf ans -, la socialiste Cécile Helle a entamé des négociations avec le communiste André Castelli (12,46%), rapporte Le Monde.fr : "Si la bataille pour les places menace d'être rude, l'entourage de Madame Helle n'avait 'guère d'inquiétudes', lundi matin, sur l'issue de ces négociations." Et pour cause, elle pourrait ravir la ville à la droite.
Où la gauche est-elle à la fois rassemblée et divisée ?
Montreuil (Seine-Saint-Denis) est un cas particulier. Patrice Bessac, candidat du Front de gauche arrivé deuxième derrière Jean-Pierre Brard (apparenté communiste), s'est allié avec EELV et le PS. Pour sa part, Mouna Viprey, dissidente socialiste, se maintient. Les électeurs auront donc le choix entre une liste EELV-PS-Front de gauche, une liste apparentée communiste, une liste apparentée socialiste, et une liste UMP menée par Manon Laporte.
Montpellier. Tenue par le PS depuis plus de trente-cinq ans, Montpellier voit se dessiner une quadrangulaire. Le dissident PS Philippe Saurel, deuxième avec 22,94% des suffrages, a refusé les alliances proposées tant par Jean-Pierre Moure (PS, 25,27%) que par Jacques Domergue (UMP, 22,72%). Ils seront opposés à la candidate Front national, France Jamet (13,81%).
Où le PS accepte-t-il de céder sa place à l'UMP ?
La consigne du PS appelant à un front républicain a porté ses fruits à Perpignan, où le candidat d'union de la gauche se retire. Jacques Cresta laisse donc la place à un duel entre Louis Aliot (FN) et Jean-Marc Pujol (droite) au second tour.
Dès les résultats du premier tour, Harlem Désir a lancé un "appel" à faire barrage au FN, annonçant le retrait de la liste PS à Saint-Gilles (Gard), où le candidat du Rassemblement bleu Marine, Gilbert Collard, a engrangé 42,57% des suffrages. Arrivé troisième derrière l'UMP, le maire PS sortant, Alain Gaido, a assuré "faire tout pour que Collard ne passe pas", évoquant quelque chose qui pourrait ressembler "au mariage de la carpe et du lapin". Mardi matin, le socialiste a confirmé qu'il se retirait de la course.
Où la gauche refuse-t-elle l'idée d'un "front républicain" ?
A Béziers. Arrivée en troisième position à l'issue du premier tour, la liste de gauche, menée par Jean-Michel Du Plaa, se maintient à Béziers, où Robert Ménard, soutenu par le FN, est arrivé en tête (44,88%).
Où le FN pourrait-il profiter des divisions de la droite ?
A Fréjus (Var), le PS veut se rapprocher de la droite pour contrer le FN, arrivé largement en tête (40,3%). En revanche, c'est entre le maire divers droite sortant Elie Brun (troisième avec 17,6%) et le candidat investi par l'UMP, Philippe Mougin, (en deuxième place avec 18,8%), que cela coince. Mardi matin, ce dernier "a fait déposer sa liste à la sous-préfecture de Draguignan", rapporte Le Monde.fr, claquant la porte à tout front républicain, et poussant le PS au maintien de sa liste.
A Forbach, les tractations achoppent entre Eric Diligent (divers droite) et Alexandre Cassaro (UMP), les deux adversaires de droite de Florian Philippot (FN). "Le candidat UMP, qui a fait le moins bon score du premier tour, souhaitait fusionner les deux listes", explique le site du quotidien. Ce que refuse son interlocuteur. Une bonne nouvelle pour le FN, arrivé en tête du premier tour avec 35,75% des voix.
Où le FN cherche-t-il à rejoindre l'UMP ?
A Clermont-Ferrand. Dans la ville auvergnate, six listes sont en position de se maintenir, rappelle France 3. Pour s'imposer, il faut s'unir, et vite. Le candidat FN, Antoine Rechagneux (12,71%), a ainsi dévoilé à la chaîne son intention de contacter le candidat UMP Jean-Pierre Brenas (24,93% au premier tour). Mais ce dernier n'avait pas répondu à son appel lundi soir, poursuit France 3. Depuis le début de sa campagne, il exclut toute alliance avec le Front national.
Cependant, le vice-président du FN, Louis Aliot, a assuré que des alliances entre le FN et l'UMP pourraient se faire "au cas par cas". D'ailleurs, les sympathisants de ces deux forces y sont plutôt favorables. Mais pour François Fillon, "aucun désistement et aucune alliance ne peuvent être envisagés". "Des désistements de listes FN à la faveur de l'UMP, ou inversement, pourraient tout de même voir le jour", indique Le Monde.fr.
Où la droite se désiste-t-elle ?
A Pau (Pyrénées-Atlantiques), Yves Urieta, tête de liste divers droite, se retire, selon France 3 Aquitaine. Il laisse ainsi le MoDem François Bayrou seul face au maire sortant socialiste David Habib.
Où la droite s'unit-elle ?
A Carcassonne (Aude), les deux candidats rivaux de la droite sont parvenus à un accord pour fusionner leurs listes. Ils mettent ainsi en péril le député-maire PS sortant, en ballottage très délicat dans cette ville où le FN a réalisé un bon score (21,87%).
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