Cet article date de plus de quatre ans.

Résultats des élections municipales 2020 : Hurmic à Bordeaux, Barseghian à Strasbourg... Qui sont les nouveaux maires écologistes élus dimanche ?

Les écologistes ont largement réussi leur pari de décrocher plusieurs grandes villes lors du second tour des élections municipales. De Bordeaux à Lyon, en passant par Poitiers et Annecy, tour d'horizon de ces Verts qui vont être aux manettes durant les six prochaines années.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 12min
Le nouveau maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, lors de sa campagne pour les élections municipales, le 27 novembre 2019.  (ROMAIN LAFABREGUE / AFP)

"C'est un moment historique. Il y aura un avant et un après." Sur franceinfo, dimanche 28 juin, l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot a salué la victoire de listes écologistes dans plusieurs grandes villes françaises, lors du second tour des élections municipales

>> Elections municipales 2020 : suivez les résultats, réactions et analyses dans notre direct

Les écologistes sont arrivés en tête à Lyon (ville et métropole), à Strasbourg, Bordeaux, Nancy, Tours ou encore Besançon. "Le paysage municipal se recompose autour d'une écologie concrète, en action, qui veut répondre aux difficultés du quotidien, de la vie locale", a commenté Yannick Jadot, tandis que Julien Bayou, secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, a évoqué une victoire "historique".

De Bordeaux à Strasbourg, en passant par Lyon et Annecy, quels sont les visages de cette "poussée verte" inédite à l'échelle locale ? Eléments de réponse. 

>> Retrouvez tous les résultats des élections municipales

Pierre Hurmic à Bordeaux

L'écologiste Pierre Hurmic, élu maire de Bordeaux le 28 juin 2020 avec 46,48% des voix.  (MAXPPP)

Dans cette ville de 254 000 habitants dirigée par la droite depuis 1947, l'écologiste Pierre Hurmic l'a emporté dimanche avec 46,48% des voix, devant Nicolas Florian (44,12%) et Philippe Poutou (9,39%). Aujourd'hui âgé de 65 ans, ce natif des Pyrénées-Atlantiques, coureur de semi-marathon depuis trente ans, est arrivé à Bordeaux pour ses études et n'en est plus reparti.

Avocat connu pour sa défense d'associations écologistes, de faucheurs d'OGM et d'anti-LGV, il est entré au conseil municipal en 1995, lors de l'élection d'Alain Juppé à la mairie de la capitale girondine. Il a été ensuite son opposant lors de plusieurs scrutins municipaux. 

Pierre Hurmic est entré en politique avec Noël Mamère, qu'il a un temps défendu. Conseiller régional dès 1992, il est à la tête du groupe écologiste au conseil régional jusqu'en 2004, relate France 3 Nouvelle-Aquitaine. L'avocat a également présidé le groupe écologiste au sein du conseil municipal de Bordeaux, se présentant en parallèle à plusieurs élections législatives, sans parvenir à y être élu. Le nouveau maire de la ville est également auteur : dans Les Pilleurs de glace, il raconte, à travers de la fiction, les dérèglements climatiques touchant le Groenland. 

Jeanne Barseghian à Strasbourg

Jeanne Barseghian, nouvelle maire écologiste de Strasbourg, le 2 mars 2020.  (FREDERICK FLORIN / AFP)

A 39 ans, l'écologiste Jeanne Barseghian est devenue, dimanche, la nouvelle maire de Strasbourg (280 000 habitants), recueillant 41,7% des voix devant Alain Fontanel (34,95%) et l'ancienne maire de la ville, Catherine Trautmann (23,33%). 

Née dans les Hauts-de-Seine en 1980, Jeanne Barseghian est arrivée à Strasbourg en 2002, notamment pour y suivre des études en droit de l'environnement, rapporte France 3 Grand Est. Trois ans plus tard, après des expériences de bénévolat pour la protection de la faune en Alsace, elle travaille à la région, se chargeant notamment du projet Rhin Vivant. 

Elle débute en politique en 2012, en tant qu'attachée du groupe écologiste à la région. Aux élections municipales de 2014, elle figure en quatrième position sur la liste écologiste. Elue conseillère municipale, Jeanne Barseghian codirige alors le groupe écologiste à la mairie, travaillant entre autres sur le dossier de l'économie sociale et solidaire. 

Grégory Doucet à Lyon

L'écologiste Grégory Doucet a été élu maire de Lyon avec 52,4% des voix, le 28 juin 2020.  (JEFF PACHOUD / AFP)

Une ascension éclair. Jamais élu auparavant, l'écologiste Grégory Doucet est confortablement arrivé en tête dimanche, à Lyon, l'emportant avec 52,4% des voix devant Yann Cucherat (30,8%) et Georges Képénékian (16,8%). Sa victoire sonne la fin du règne du camp de Gérard Collomb, à la tête de la capitale des Gaules depuis 2001. 

Après avoir grandi en région parisienne, Grégory Doucet a débuté son engagement associatif en tant qu'étudiant, présidant alors l'association d'intervention en prison Genepi. Diplômé de l'école de commerce de Rouen, il a ensuite construit une carrière de cadre dans l'humanitaire, travaillant pour l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie) puis chez Inter Aide, avant de diriger les opérations de Handicap international en Afrique de l'Ouest. 

Grégory Doucet est un novice en politique, comme le décrit France 3 Auvergne-Rhône-Alpes : l'écologiste a rejoint Europe Ecologie-Les Verts en 2007, mais n'a pris des responsabilités locales qu'en 2017, devenant alors le secrétaire du parti dans le Rhône. Trois ans lui auront suffi pour décrocher la mairie de Lyon, troisième ville de France avec 516 000 habitants. 

Emmanuel Denis à Tours

A 48 ans, l'écologiste Emmanuel Denis décroche la mairie de Tours (135 000 habitants, Indre-et-Loire), recueillant 54,94% des votes au second tour des élections municipales, devant Christophe Bouchet (45,05%). 

Natif de Tours, cet ingénieur travaille depuis 1997 à STMicroelectronics, où il est notamment chargé de coordonner des projets sur l'amélioration des conditions de travail. Son engagement a débuté dans le milieu associatif, au sein d'une association de quartier dans les années 1990, puis auprès du Secours populaire. 

Emmanuel Denis, adhérent d'EELV depuis 2013, était déjà la tête de liste du parti aux élections municipales de 2014. Il a alors été élu conseiller municipal et conseiller métropolitain de l'opposition. Pendant six ans, l'ingénieur mène de nombreuses campagnes pour une meilleure alimentation dans les cantines scolaires, et pour de nouvelles mesures visant à limiter les pics de pollution de l'air. 

Anne Vignot à Besançon

La nouvelle maire écologiste de Besançon (Doubs), alors en campagne pour les élections municipales, le 19 février 2020.  (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Lorsqu'Anne Vignot se déclare officiellement candidate en septembre 2018, celle qui est adjointe à l’environnement à Besançon (Doubs) n'est pas vraiment prise au sérieux. Pourtant, un an et demi plus tard, c'est bien elle, la géographe de 60 ans, qui est élue à la tête de la cité comtoise de 115 000 habitants. Elle conquiert cette ville, dont les maires appartenaient au centre gauche depuis près de soixante-dix ans, avec 43,83% des suffrages, devançant d'une courte tête le candidat LR Ludovic Fagaut (41,61%). "Je suis la première maire femme, écologiste, de Besançon et j'en suis extrêmement fière", a déclaré, dans la soirée, celle qui menait une liste EELV, PS, PCF, Génération.s dans laquelle ne manquait à gauche que La France insoumise.

Anne Vignot est née le 28 février 1960 à Dole (Jura) dans une famille ouvrière de cinq enfants. Passionnée par le rapport société-nature, elle devient administratrice puis présidente du Conservatoire régional des espaces naturels dès 1998 et directrice du Jardin botanique de Besançon de 2006 à 2014. L'écologiste exerce actuellement la profession d'ingénieur de recherche en géographie au laboratoire chrono-environnement du CNRS. Elle a un fils, pédiatre en Seine-Saint-Denis.

Ses débuts en politique ont commencé il y a dix ans, lorsque EELV décida de constituer des listes formées à 50% de personnalités issues de la société civile pour les élections régionales. Les Verts bisontins, et notamment Eric Alauzet, ont alors proposé à "cette femme, écologiste et intellectuelle" de prendre la tête de liste dans le Doubs. C'est ainsi qu'elle est élue conseillère régionale écologiste en 2010. La suite est connue : elle prend sa carte chez les Verts et figure sur la liste de Jean-Louis Fousseret en 2014. Au conseil municipal, elle prend les rênes du groupe écologiste. Elle est désignée à l'unanimité de ses camarades EELV bisontins pour être tête de liste aux municipales de 2020.

François Astorg à Annecy

L'écologiste François Astorg célèbre sa victoire aux élections municipales d'Annecy (Haute-Savoie), le 28 juin 2020.  (MAXPPP)

Un premier succès en politique pour ce consultant de 59 ans. Dimanche soir, l'écologiste François Astorg a décroché la mairie d'Annecy (126 000 habitants, Haute-Savoie) avec 44,74% des voix. Il devance de justesse Jean-Luc Rigaut (44,64%), tandis que Denis Duperthuy n'obtient que 10,61%. 

Ce fils d'un sympathisant de Jacques Chirac a lui aussi grandi en région parisienne, avant de commencer à travailler à l'association Démocratie 2000, présidée par Jacques Delors. C'est là qu'il croise entre autres François Hollande, Ségolène Royal et Jean-Yves Le Drian. Au début des années 1990, il devient le chargé de communication de ce dernier, au secrétariat d'Etat en charge de la mer. Son engagement écologiste débute à la même époque, alors qu'il se penche sur les problématiques de la pêche responsable. 

Près de vingt ans plus tard, en 2009, François Astorg prend ses distances avec sa "première famille politique", le Parti socialiste, et devient militant chez EELV. A la tête d'une liste écologiste, il recueille 10% des voix lors des élections municipales de 2014, puis siège dans l'opposition. Il est élu conseiller à la communauté d'agglomération trois ans plus tard. 

Léonore Moncond'huy à Poitiers

Léonore Moncond'huy invitée de "Dimanche en politique", le 10 novembre 2019.  (Caroline Hubert - France Télévisions)

A Poitiers, Alain Claeys n'aura pas droit à son troisième mandat. La "faute" à une écologiste de 30 ans, inconnue du grand public, Léonore Moncond'huy, qui remporte la mairie avec 42,83% des suffrages. Celle qui travaillait jusqu'au début de sa campagne comme coordinatrice de projets dans l'aide publique à l'éducation met par la même un terme à près d'un demi-siècle de gestion socialiste dans la cité poitevine de 88 000 habitants. "Je suis particulièrement fière que Poitiers ait fait le choix de l'écologie et de la justice sociale", a-t-elle réagi.

Léonore Moncond'huy, s'est engagée en politique en 2015, à l'âge de 25 ans. Tête de liste EELV pour la Vienne aux régionales de 2015 et élue, elle est devenue la plus jeune conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine où elle copréside le groupe écologiste (dix-huit élus). En 2017, elle est candidate suppléante aux législatives dans la deuxième circonscription de la Vienne, mais l'élection est remportée par Sacha Houlié (LREM).

Léonore Moncond'huy revendique son appartenance à la société civile, engagée dans le monde associatif, "non-professionnelle de la politique" et assure qu'elle "continuera à avoir une profession en plus de son mandat de maire"Elle avait été désignée tête de liste aux municipales par une élection sans candidat, lors d'une assemblée citoyenne ouverte à tous en novembre, pour "renouveler les visages et les pratiques politiques". La jeune femme a grandi et a suivi la plupart de ses études à Poitiers avant d'étudier à Sciences Po Paris. Fille d'universitaires – des parents apolitiques même si "ma mère avait un petit fond écolo" –, elle avait été séduite en 2012 par le discours de la candidate EELV Eva Joly, lui reconnaissant intégrité et vision de la justice sociale. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.