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"Je demande à François Fillon de signer", lance l'auteur d'une pétition pour la sauvegarde de la Sécurité sociale

La pétition lancée sur change.org a reçu plus de 160 000 signatures en une semaine. Franceinfo a interrogé le professeur André Grimaldi, à l'origine de cette initiative.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le candidat de la droite à la présidentielle, François Fillon, arrive à une réunion du Parti populaire européen, le 15 décembre 2016, à Bruxelles (Belgique). (THIERRY CHARLIER / AFP)

Les projets de François Fillon pour la Sécu continuent d'inquiéter. Une pétition "pour la Sécurité sociale", lancée il y a une semaine sur le site change.org, rencontre un certain succès. Elle affiche plus de 160 000 signatures mercredi 21 décembre.

Adressé à la majorité des candidats à l'élection présidentielle, le texte proclame l'attachement de ses signataires au système français de protection sociale et demande au prochain président de garantir "le niveau actuel de remboursement des soins"Pour comprendre la logique de la pétition et ses objectifs, franceinfo a posé trois questions au professeur André Grimaldi, diabétologue à la Pitié-Salpêtrière à Paris et auteur de L'Hôpital malade de la rentabilité, qui en est à l'origine.

Franceinfo : Pourquoi avoir lancé cette pétition ?

André Grimaldi : A l'origine de la pétition, il y a Alain Juppé, qui a attiré notre attention lors du débat de l'entre-deux-tours sur le projet de François Fillon de réformer la Sécurité sociale. J'ai été alors surpris d'entendre ce dernier annoncer son intention de centrer la Sécu sur les affections graves et les maladies de longue durée, en laissant les soins courants aux assurances privées (mutuelles et compagnies d’assurances).

A partir de là, je me suis demandé comment peser dans le débat, et l'idée de la pétition s'est imposée. Avec quatre collègues, nous avons rédigé le texte et envoyé des mails à notre carnet d'adresses pour réunir des personnes, au-delà du clivage gauche-droite, attachées au principe français de la Sécurité sociale.

Nous avons alors décidé d'adresser cette pétition à l'ensemble des candidats, car François Fillon n'est pas le seul à verser dans cette logique libérale. Lors du quinquennat Hollande, on a quand même vu l'instauration des mutuelles d'entreprise obligatoires. 

Que reprochez-vous exactement au projet de François Fillon ?

Le programme de François Fillon est trop influencé par la logique des assureurs, qui consiste à vous faire payer en fonction des risques que vous prenez pour votre santé, dans un système de bonus-malus. En centrant les remboursements sur les maladies graves et en faisant appel aux assurances privées pour le reste, on remet en question la logique même de la Sécurité sociale, fondée sur la solidarité entre bien portants et malades, entre riches et pauvres.

L'ancien Premier ministre a également proposé une franchise universelle en fonction des revenus. Autrement dit, les premières dépenses de santé de l'année seraient à la charge de l'assuré. Cela va également à l'encontre du principe d'égalité de la Sécurité sociale, qui fait que vous ne payez pas la même chose en fonction de vos revenus, mais que vous recevez la même chose. Avec cette franchise les personnes bien-portantes appartenant aux classes moyennes paieront deux fois : une fois la Sécu pour la solidarité et une fois leur Assurance privée de plus en plus chère pour elle et leur famille. Elles finiront par réclamer la fin du monopole de la Sécurité sociale.

En résumé, François Fillon ne propose pas de faire des économies, il suggère de transférer des dépenses du public vers le privé. Notons à ce sujet que les Américains, qui ont un système comparable, dépensent 17% du PIB en matière de santé, contre 11,8% en France. La gratuité des soins pour les maladies chroniques évolutives comme le diabète ou l’insuffisance coronaire, cela revient moins cher à la fin, car les gens observent mieux leur traitement et n'attendent pas le dernier moment pour se soigner. Cela est parfaitement établi.

François Fillon a annoncé vouloir remettre en discussion son projet santé. Cela ne vous rassure-t-il pas ? Que demandez-vous au candidat de la droite ?

Pour l'instant, j'ai surtout l'impression qu'il a fait preuve de tactique, en expliquant avoir été mal compris. On sent qu'il joue un peu sur les mots, comme tous les politiques, et c'est parfois un peu infantilisant. Plutôt que de manœuvrer habilement, ce serait bien que François Fillon nous dise si, oui ou non, il s'est trompé.

S'il a vraiment changé d'avis sur son programme, je lui demande de signer la pétition. Ensuite, on pourra discuter et ouvrir le débat. On a tendance à esquiver le débat sur les sujets complexes dans notre pays. J'ai d'ailleurs demandé à rencontrer François Fillon pour discuter de ces questions. En attendant, j'espère que la pétition atteindra les 500 000 signatures pour montrer que beaucoup de gens sont attachés au principe de notre Sécurité sociale et que l'enjeu consiste plutôt à réfléchir sur comment faire fonctionner au mieux ce système de protection. 

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