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Présidentielle 2022 : pourquoi Les Républicains ont choisi de tourner le dos à une primaire ouverte

Ce sont les seuls adhérents du parti "à jour de cotisation" qui vont choisir leur candidat à la présidentielle lors d'un scrutin à deux tours dans le cadre d'un congrès prévu le 4 décembre.

Article rédigé par franceinfo
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La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, annonce le 22 juillet sur TF1 qu'elle est candidate à l'élection présidentielle tandis qu'une photo du président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, est affichée en face d'elle.  (JOEL SAGET / AFP)

Chat échaudé craint l'eau froide. Le parti Les Républicains (LR) a finalement préféré ne pas organiser de primaire ouverte pour choisir son candidat à la présidentielle en 2022. Celui-ci sera désigné lors d'un congrès, organisé le 4 décembre, par un scrutin à deux tours auquel les seuls adhérents pourront participer. Ainsi en ont décidé les militants du parti de droite, invités à donner leur avis par voie électronique vendredi 24 et samedi 25 septembre. Telle était également la position du président de LR, Christan Jacob, qui a salué "une bonne nouvelle". Mais pourquoi Les Républicains se sont-ils refusé à organiser une primaire ouverte ? Eléments de réponse.

Pour éviter de diviser le parti comme en 2016

Première raison, mise en avant par Christan Jacob : éviter les divisions. Le choix du congrès "permet (...) que le débat soit clos" et que la droite soit "rassemblée derrière un candidat d'union", s'est-il félicité samedi, en annonçant les résultats du vote électronique organisé auprès des adhérents du parti. Ceux-ci ont en effet choisi à 58% l'option d'un congrès avec l'organisation d'un scrutin à deux tours pour désigner le candidat à la présidentielle. Le scrutin en question sera réservé aux seuls adhérents de LR "à jour de cotisation 15 jours avant".

Exit donc la primaire ouverte. "C'était compliqué, il y a eu des débats", explique à franceinfo le politologue Pascal Perrineau, professeur à Sciences Po qui a rédigé une note sur les primaires électorales pour la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol, un cercle de réflexion de droite libérale).

"La solution du congrès l'a emporté parce qu'une primaire ouverte laisse des traces, des clivages entre les différentes écuries en lice, comme on l'a vu en 2016."

Pascal Perrineau, politologue

à franceinfo

Professeur de science politique à Lille, Rémi Lefebvre est du même avis : "Les militants ne veulent plus de primaire ouverte car ils gardent un très mauvais souvenir de la précédente et ils veulent retrouver leur pouvoir de désignation".

En 2016, la primaire organisée par LR avait été un succès populaire avec plus de 4 millions de participants à chacun des deux tours, et elle s'était conclue par la victoire écrasante au second tour de François Fillon face à Alain Juppé, avec plus de 66% des voix. Mais elle avait également provoqué des divisions profondes et durables au sein du parti. Plusieurs élus (Edouard Philippe, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin) avaient alors fait le choix de rallier Emmanuel Macron. A l'arrivée, François Fillon n'avait même pas été qualifié au second tour de la présidentielle. "Mais c'est François Fillon qui a fait perdre François Fillon, pas la primaire !", rappelle toutefois Pascal Perrineau, en faisant allusion aux différents scandales qui ont jalonné la campagne 2017 du candidat de la droite.

Pour faire rentrer Xavier Bertrand dans le jeu

Le choix du congrès permet aussi au président du conseil régional des Hauts-de-France de demander le soutien de son ancien parti (qu'il a quitté en 2017) sans se désavouer. "Xavier Bertrand avait dit : 'Je ne veux pas de primaire'. Il a obtenu gain de cause, constate Pascal Perrineau. Mais parallèlement, il a aussi envoyé des signaux aux Républicains."

Dans ce jeu à deux, l'option du congrès lui ouvre donc la porte. Ce congrès pourrait-il se transformer en adoubement pur et simple à un candidat, sans qu'il y ait compétition ? Une formule ambiguë de Christan Jacob, samedi, a pu le laisser entendre, le chef de file de LR évoquant un "soutien", selon Public Sénat. En tout cas, la porte-parole de Xavier Bertrand, Dominique Estrosi-Sassone, s'est réjouie que les militants aient boudé la primaire. Elle a aussi annoncé que Xavier Bertrand "sollicitera le soutien de sa famille politique".

Reste qu'il ne sera pas seul sur la ligne de départ. Valérie Pécresse, Michel Barnier, Eric Ciotti et Philippe Juvin ont également annoncé leur volonté de concourir. Christian Jacob a d'ailleurs annoncé que les candidats devaient formuler par écrit leur volonté de se lancer. Il appartiendra donc aux adhérents de décider. "Difficile de dire s'ils sont majoritairement favorables à Xavier Bertrand même si c'est probable, analyse Rémi Lefebvre. Par ailleurs, les réseaux militants de Xavier Bertrand sont bien plus importants que ceux de Valérie Pécresse."

Pour laisser les sondages décider

Face à ces multiples candidatures, les sondages auront-ils le dernier mot ? "Oui, les performances des différents candidats dans les sondages vont être un critère important", souligne Rémi Lefèbvre. Pour l'instant, Xavier Bertrand reste en tête des intentions de vote à droite. Mais, avec un score oscillant entre 15 et 17% selon les enquêtes, il ne se qualifierait pas pour le second tour. Le duel annoncé est le même qu'en 2017 : Emmanuel Macron contre Marine Le Pen.

Le président de la région Hauts-de-France peine aussi à creuser l'écart de façon décisive avec ses rivaux. "Il s'est détaché, mais pas suffisamment par rapport à ses concurrents", observe Pascal Perrineau. Un sondage du Journal du dimanche, publié dimanche 26 septembre, apporte néanmoins de l'eau à son moulin. Chez les seuls sympathisants LR, Xavier Bertrand fait figure de favori face à tous ses concurrents potentiels. Quelque 63% des sondés à droite l'estiment ainsi capable de battre Emmanuel Macron, contre 11% pour Michel Barnier et 8% pour Valérie Pécresse. 

"Bertrand est perçu comme celui qui va battre ses adversaires", analyse Frédéric Dabi, directeur général de l'Ifop, dans les colonnes de l'hebdomadaire"Dans un contexte où le peuple de droite se désespère après deux présidentielles perdues et une histoire récente chaotique, il s'agit de son atout-maître."

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