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Présidentielle : "Il est important que nous ayons une justice qui réponde à nos besoins" pour le bâtonnier de Paris

Préoccupé de voir le domaine de la justice absent du débat présidentielle, le barreau de Paris lance une campagne de communication. Me Frédéric Sicard, batônnier de Paris, tire la sonnette d'alarme. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le batônnier de Paris, Frédéric Sicard, le 25 novembre 2016. (PATRICK KOVARIK / AFP)

Le barreau de Paris a lancé une campagne de communication, pour dénoncer la baisse des moyens alloués à la justice, destinée aux candidats à l’élection présidentielle. Il dénonce "l’état préhistorique" de la justice française. Sur le site internet du barreau de Paris, cinq candidats à la présidentielle ont été transformés par photomontage en hommes et femmes de Cro-Magnon. 

Pour Maître Sicard, le bâtonnier de Paris, interrogé sur franceinfo, le sujet de la justice est en train de passer à la trappe dans cette présidentielle.


franceinfo : La justice est-elle un sujet absent de la campagne ?

Frédéric Sicard : Il n’y a rien sur l’aide juridictionnelle, rien sur le coût de la justice, rien sur le fait que nous avons deux fois moins de magistrats par rapport à nos besoins. Rien sur le fait que nous n’avons que quatre parquetiers pour 100 000 habitants, rien sur le fait que sur un million de plaintes déposées dans les commissariats d’Ile-de-France, il y en a plus de 200 000 qui partent directement à la poubelle vu qu’on ne peut pas les instruire.

Je crois qu’à un moment, il faut que quelqu’un dise ça ne peut pas continuer comme ça. Alors que dans une société comme la nôtre, la cinquième puissance économique mondiale, il est important que nous ayons une justice qui réponde à nos besoins.

Pour quelle raison d’après vous, les candidats ne font-ils pas de propositions fortes ?

Ça fait quarante ans que ça dure. Que l’on n’ose pas parler de justice. Le discours c’est : 'Les avocats ne plaident uniquement pour des coupables. Les juges sont des imbéciles qui n’y comprennent rien et qui ne savent pas juger'. Moi je vous réponds : en France on a un petit peu plus de 10 juges pour 100 000 habitants. Alors que dans un pays européen "normal", il faut compter au moins 21 juges.

En 2019, l’Europe a prévenu qu’elle allait nous interpeller sur les moyens que nous mettons au service de la justice. J’ai un peu l’impression que nos grands candidats vivent complètement dans un autre monde. Ils ne répondent pas à cette question absolument essentielle. Que vont-ils dire quand Bruxelles va leur demander "comment se fait-il que vous ayez deux fois moins de juges que les autres ?"

Quelle sera la suite de votre campagne ?

On va proposer aux candidats de recevoir nos caméramen pour qu’ils puissent nous répondre via un film. Nous leur réservons également une suite filmée pour les interpeller, au cas où ils continueraient de faire la sourde oreille, et nous proposerons un site où l’on pourra voir le niveau d’engagement de chaque candidat.

Le candidat qui aura pris les six engagements que nous demandons récupérera sa photo civile [par rapport au photomontage]. Sinon je réaffirmerai partout et autant que je le pourrai que ce sont des hommes politiques préhistoriques dont la pensée en matière de justice est celle des dinosaures. 

Frédéric Sicard, batônnier de Paris : "Je crois qu’à un moment, il faut que quelqu’un dise ça ne peut pas continuer comme ça."

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