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Qui est Olivier Régis, cet inconnu qui assure avoir ses 500 parrainages pour se présenter à l'élection présidentielle ?

Le grand public ne connaît pas son nom, mais Olivier Régis assure avoir recueilli 597 promesses de signatures pour soutenir sa candidature. Franceinfo a rencontré ce petit candidat qui cherche à s'inviter dans le jeu politique.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Olivier Régis, candidat à l'élection présidentielle, jeudi 5 janvier 2017, dans ses bureaux à Paris. (CLEMENT PARROT / FRANCEINFO)

Personne ne le connaît et pourtant, il pourrait bien être présent au premier tour de l'élection présidentielle. Olivier Régis, 52 ans, simple conseiller municipal de Bezons (Val-d'Oise), assure disposer de 597 promesses de parrainages (et 150 intentions de parrainages). "Mais je continue, j'espère en avoir plus de 1 000 à la fin", assure à franceinfo le fondateur du mouvement Aimer la France, qui réunit 300 de ses soutiens à Paris, dimanche 8 janvier, pour une déclaration de candidature en bonne et due forme.

Après avoir été longtemps banquier d'affaire, Olivier Régis décide de changer de carrière en 2003 en constatant les dérives du marché financier : "J'aurais pu être lanceur d'alerte." Il s'est ensuite engagé au Parti radical puis à l'UMP, mais vient de quitter Les Républicains.

J'ai rendu ma carte, car les primaires ferment le jeu au bénéfice des professionnels de la politique, et contre les candidats de la société civile.

Olivier Régis

à franceinfo

Olivier Régis s'inscrit désormais dans une démarche centriste avec la proposition d'un gouvernement d'union nationale face au danger que représente, selon lui, la percée du Front national : "Je me suis dit que face au FN et face au rejet de la bipolarisation avec ce renvoi permanent des responsabilités entre la gauche et la droite, il fallait proposer de nouvelles solutions." 

Un réseau d'élus locaux...

Mais comment Olivier Régis est-il donc parvenu à dépasser la barre des 500 parrainages, nécessaire à toute candidature à la fonction suprême ? "C'est dix ans de boulot, des rencontres avec des milliers de maires, de nombreuses conférences dans tous les territoires", explique cet ancien dirigeant du Forum pour la gestion des villes et des collectivités territoriales, une association qui cherche à promouvoir les bonnes pratiques au niveau local.

Le premier parrainage est arrivé en mai dernier sur le bureau d'Olivier Régis. Depuis, il multiplie les démarches auprès des élus locaux et joue sur le phénomène de grappes : "Un élu local est généralement un animateur d'intercommunalité. Un élu de l'Ariège peut par exemple vous rapporter 29 signatures d'un coup." Résultat, Olivier Régis dit avoir de nombreux soutiens en Ariège, dans le Nord, dans l'Aisne ou encore dans l'Aveyron, où se situent ses racines familiales (voir la carte ci-dessous transmise par Olivier Régis).

Carte des départements dans lesquels Olivier Régis a obtenu des parrainages, mise à jour le 7 janvier 2017. (AIMER LA FRANCE / FRANCEINFO)

... mais peu de soutiens de poids

Pour convaincre de son sérieux, Olivier Régis cite quelques noms, comme Abdelhak Kachouri, ancien vice-président socialiste de la région Ile-de-France, mais ce dernier dément soutenir cette candidature et évoque juste "un déjeuner très agréable". Il manque surtout à Olivier Régis des élus de premier plan. Il promet qu'en février, un ancien ministre de Lionel Jospin et un ex-juppéiste prendront la parole pour le soutenir. En attendant, il manque encore quelques pointures pour rendre sa candidature crédible. Mais ne lui parlez pas de candidature fantaisiste au risque de l'énerver : "J'ai dirigé quatre banques d'affaires, je dirige une école privée, j'ai douze années d'action sur les territoires..."

"Il a pu fréquenter de nombreux élus de droite, comme de gauche. Il s'est fait un réseau, confirme Nicolas Laroche, délégué général du Forum pour la gestion des villes. Il est très mobilisateur, capable de fédérer autour de lui." Ce dernier précise qu'il n'est pas un soutien d'Olivier Régis, et que sa candidature est une "aventure" distincte du Forum. Olivier Régis a d'ailleurs quitté ses fonctions dirigeantes à la fin de l'été, au moment de la sortie de son livre-programme Pour un gouvernement d'union nationale (éd. de l'Archipel).

Il veut que les Français rachètent la dette publique

Dans cet ouvrage, Olivier Régis liste 21 propositions "qu'aucun politique n'ose faire". Il milite pour le droit de vote dès 16 ans et pour un service civique obligatoire de deux mois à 18 ans – jusque-là rien d'extraordinaire. Il souhaite aussi la parité intégrale en politique, avec des binômes de députés homme-femme élus sur 275 circonscriptions. Divorcé et remarié, ce père de famille de six enfants propose également de rendre la garde alternée automatique en cas de divorce, avec des dérogations possibles notamment pour les enfants en bas âge.

Enfin, cet ancien professeur d'économie souhaite s'attaquer au remboursement de la dette publique en reportant le fardeau sur les contribuables. Concrètement, chaque citoyen se verra prêter une somme d'argent par sa banque – "En moyenne, la dette est de 33 000 euros par Français", explique-t-il – qui sera transmise à Bercy pour racheter la dette publique. Impopulaire, comme mesure ? "Mais est-ce populaire de transmettre à nos enfants 2 200 milliards de dette ?" Cet ancien dirigeant de Lehman Brothers ou de Natixis assure que les intérêts de la dette ainsi libérés seront ainsi disponibles pour l'investissement. 

Cela libère 44 milliards, c'est mieux que les 24 milliards de Montebourg.

Olivier Régis

à franceinfo

Des petits moyens pour faire campagne

Quelques idées et une expertise économique ne suffisent pas à remporter une élection présidentielle, surtout quand on souffre à ce point d'un manque de notoriété. Olivier Régis compte sur la puissance des réseaux numériques pour combler son retard, mais il part de loin avec ses 400 abonnés sur Twitter (le double pour le compte de son mouvement Aimer la France).

Reste aussi le coût de la campagne présidentielle. "Je vais faire la campagne la moins coûteuse de toutes les campagnes électorales, c'est peut-être mon côté aveyronnais", s'amuse le novice qui dépense environ 15 000 euros par mois pour organiser des événements, rémunérer cinq collaborateurs et louer des bureaux (un petit local dans des bureaux partagés situés dans le 8e arrondissement de Paris).

"On va passer la vitesse supérieure à partir de mars et on dépensera a minima les 800 000 euros remboursés par l'Etat", indique le candidat qui avoue payer l'impôt de solidarité sur la fortune, mais qui n'est pas favorable à sa suppression. Il dépensera plus si les sondages sont favorables. Et si ces derniers ne se révèlent pas bons, il n'abandonnera pas pour autant : "Etre utile et peser dans le débat, c'est déjà beaucoup."

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