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Un élu du Puy-de-Dôme épingle sur Facebook des électeurs de Marine Le Pen : "Je veux juste les faire réfléchir"

Eric Gold, adjoint au maire de Saint-Priest-Bramefant, explique à franceinfo pourquoi il a publié un long texte sur ce qu'il appelle les "incohérences" des électeurs de la candidate frontiste.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Saint-Priest-Bramefant (Puy-de-Dôme). (GOOGLE MAPS)

Saint-Priest-Bramefant, à 10 kilomètres de Vichy, dans le Puy-de-Dôme. Au premier tour de l’élection présidentielle, les habitants de cette petite commune de 900 habitants, sur les rives de l'Allier, ont placé Marine Le Pen en tête, avec 154 votes. L'ancien maire du village, Eric Gold, aujourd'hui devenu adjoint au maire, a alors décidé d'interpeller ces électeurs sur Facebook, raconte France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, mercredi 10 mai. "Je vais juste dire deux ou trois mots en ayant une énorme pensée pour les [154] Saint-Priestois qui ont déposé dimanche dernier leur bulletin dans l’urne et ainsi aidé à peindre la tache au nord du département en brun foncé", écrit, jeudi 4 mai, celui qui est aussi président de la communauté de communes de Plaine-Limagne.

Dans la suite de son texte, il s'adresse directement à certains d'entre eux pour leur "rappeler que ce monde qui leur semble pourri n’est pas si rancunier". "A toi Daniel, qui veut faire payer les fraudeurs, je te rappelle que bosser au black, ce n’est pas la règle. (...) A toi, Pierrick, qui pense que l’on ne peut plus sortir tranquille, je veux simplement te rappeler que la dernière fois que quelqu’un s’est fait molester à Saint-Priest, tu n’étais pas né", écrit notamment Eric Gold"Je suis élu ici depuis vingt-huit ans, je suis un gars du coin, je tutoie tout le monde et tout le monde me tutoie", explique-t-il à franceinfo. Tutoiement, prénoms, détails sur la vie privée… Le texte interpelle jusqu'au Canard enchaîné, qui en publie un extrait, mercredi 10 mai. Le post trouve alors un écho national, tardif, et inattendu pour Eric Gold. 

"On n'est pas là pour boucher les nids-de-poule"

Tout est parti d'une "banale conversation autour d'une cigarette", à la sortie du bureau de vote, dimanche, raconte l'élu à franceinfo. "On va bientôt plus pouvoir sortir de chez soi", dit l'un, "y a trop d'étrangers", lâche l'autre. Eric Gold écoute, en silence, mais fulmine et réfléchit à sa réponse. Son idée : rassembler les maires des communes voisines et écrire une lettre commune.

Eric Gold estime en effet que les maires "ne sont pas là seulement pour boucher les nids-de-poule sur les routes, mais aussi pour aider le vivre ensemble". Mais les autres édiles ne sont pas tous partants. Le premier élu sollicité trouve l'idée "excellente", mais le deuxième ne voudrait pas "se mettre à dos 30% de la population", raconte Eric Gold. Le projet de lettre avorte, alors le maire se "lâche", dit-il, sur Facebook. "Ce n'est pas dans mes habitudes, j'ai écrit ça pour me soulager moi plus qu'autre chose, je sais que ça ne change pas leur vote, raconte-t-il à franceinfo. Je les respecte, je ne les blâme pas, mais je veux juste les faire réfléchir, je veux qu'ils soient cohérents."

"Certains n'ont pas compris que je parlais d'eux"

Il précise d'ailleurs : "Les prénoms ne sont pas exacts, je les ai légèrement modifiés, j'ai changé quelques lettres, je voulais qu'ils puissent se reconnaître, mais je respecte quand même leur anonymat." Il a même glissé un clin d'œil au personnage du douanier de Fernand Reynaud dans son texte, "qu'il faut prendre avec humour".

Comment ont réagi les intéressés ? Pour le moment, "un seul m'a dit : 't'es chié quand même', certains n'ont même pas compris que je parlais d'eux et de leurs incohérences", s'amuse-t-il. "Il y en a même un qui a 'liké' mon texte sur Facebook", ajoute-t-il. L'élu dit avoir reçu quelques insultes, "de gens qui ne sont pas des locaux", et certains habitants lui ont simplement dit : "C'est pas ton rôle". Son successeur à la mairie, lui, "a trouvé ça génial", assure Eric Gold.

Au second tour, à Saint-Priest-Bramefant, Marine Le Pen a grapillé encore quelques votes (183), mais Emmanuel Macron est tout de même arrivé en tête (60,65%).

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