Un maire traite ses administrés qui ont voté Le Pen de "connards" : "Je regrette ce mot, mais je maintiens le fond de ma pensée"
Daniel Delomez, édile DVG d'Annezin (Pas-de-Calais), s'est dit prêt à "démissionner" après avoir découvert les résultats de sa commune au premier tour de l'élection présidentielle.
Les résultats du premier tour de l'élection présidentielle lui sont restés en travers de la gorge. Le maire d'Annezin (Pas-de-Calais) s'est emporté en découvrant que sa commune avait voté majoritairement pour Marine Le Pen, dimanche 23 avril. La candidate du Front national a recueilli 38,07% des suffrages dans cette ville de 6 000 habitants. "C'est catastrophique ! Il est possible que je démissionne car je ne veux pas consacrer ma vie à des connards", a réagi Daniel Delomez, cité par L'Avenir de l'Artois.
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"J'étais écœuré par les résultats du vote"
Moins de 24 heures plus tard, le maire DVG met ces propos sur le compte de "la colère". "Je n'aurais jamais dû utiliser un terme aussi violent, cela ne me ressemble pas, reconnaît Daniel Delomez, interrogé par franceinfo. Je regrette ce mot, mais je maintiens le fond de ma pensée." "J'étais écœuré, déçu par les résultats du vote, qui venaient d'être énoncés", poursuit-il. L'édile explique avoir été particulièrement agacé par certaines personnes, qui "manifestaient leur joie" à l'issue du dépouillement.
Daniel Delomez n'a pas vraiment été surpris par les résultats dans sa commune. "Annezin a longtemps été socialiste, mais le vote FN n'a cessé de monter depuis 2012, exception faite des municipales, indique-t-il. Le score du parti était encore plus élevé aux élections régionales, alors on ne peut pas dire que ce soit une surprise."
Une défiance envers certains de ses administrés
Daniel Delomez avoue toutefois avoir "du mal à comprendre" ce qui motive le choix de ses administrés. "La population d'Annezin ne souffre pas de l'insécurité, il n'y a pas telllement de délinquance, affirme le maire. Nous avons un taux de chômage de 13%, mais la situation est la même ailleurs." "A titre personnel, je trouve que les promesses de Marine Le Pen sont creuses : je ne vois pas comment on peut régler la question des migrants en les mettant dehors, ou aborder le problème du chômage en quittant l'Europe", ajoute-t-il.
Ces divergences poussent aujourd'hui Daniel Delomez à envisager d'abréger son mandat. "Lorsque je serre la main à un administré, il y a quatre chances sur dix qu'on ne partage pas les mêmes idées et que cette personne ne me fasse pas vraiment confiance, souligne-t-il. Alors pourquoi continuer, à 70 ans, de venir travailler à la mairie tous les jours ?"
Il prendra sa décision avec ses adjoints
Le maire admet toutefois qu'il n'avait pas "réfléchi à toutes les conséquences", dimanche soir, lorsqu'il a évoqué spontanément la possibilité de démissionner. "Pour élire un nouveau maire, il faudrait organiser de nouvelles élections, rappelle-t-il. Je dois me réunir avec mes adjoints mardi [25 avril], comme toutes les semaines. Nous en discuterons et nous prendrons la décision ensemble." Daniel Delomez précise toutefois que le résultat du second tour n'influencera en rien son choix. "De toute façon, à la fin de ce mandat, j'aurai 72 ans : après ça, c'est fini, c'est le temps du repos."
Le succès remporté par son coup de gueule, largement relayé sur les réseaux sociaux, ne jouera pas non plus sur sa décision. "En tant qu'homme de gauche, je suis rassuré d'apprendre que certains internautes approuvent mon rejet du FN, reconnaît Daniel Delomez. Mais je suis normalement quelqu'un de pondéré et discret. J'aurais préféré ne pas employer un terme aussi polémique et pouvoir lire le journal tranquillement à la mairie, ce [lundi] matin."
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