Régionales : Jean-Yves Le Drian quittera-t-il le gouvernement s'il est élu en Bretagne ?
Le ministre de la Défense, candidat à la présidence de sa région, s'est contenté de déclarations ambiguës, et son entourage plaide pour son maintien en place, malgré la règle du non-cumul.
"Si je suis élu, je quitterai le ministère de la Défense" : ces mots, Jean-Yves Le Drian a bien du mal à les prononcer. Ce poids lourd du gouvernement a annoncé, vendredi 16 octobre, sa décision de mener la liste socialiste aux élections régionales, dans son fief de Bretagne. Les sondages en font le grand favori du scrutin.
Mais le ministre n'a pas clairement annoncé qu'il se plierait à la règle, non écrite, du non-cumul des mandats pour les membres du gouvernement. Le doute plane toujours sur ses réelles intentions en cas de victoire. Francetv info revient sur les déclarations, parfois contradictoires, de l'exécutif, du ministre et de son entourage.
Selon François Hollande
Le président de la République ne le cache pas : il a donné son feu vert à Jean-Yves Le Drian pour briguer la tête de la Bretagne. "Je l'ai autorisé à pouvoir être candidat et être ministre de la Défense et il assumera parfaitement cette tâche", assurait-il, lundi, sur RTL. La charte de déontologie signée par les ministres, sur une promesse de François Hollande, dispose pourtant que "les membres du gouvernement consacrent tout leur temps à l'exercice de leurs fonctions ministérielles".
En cas de victoire, le chef de l'Etat estime que Jean-Yves Le Drian "connaît parfaitement la règle". "La règle, je l'ai posée : c'est celle du non-cumul", comme il le rappelait toujours sur RTL, lundi. Mais François Hollande n'a jamais dit plus directement que le ministre démissionnerait en cas de victoire.
Selon Manuel Valls
Jeudi, à la veille de l'officialisation de la candidature de son ministre, le chef du gouvernement était moins ambigu que François Hollande, sur BFMTV. "Vous connaissez les règles. Elles sont particulièrement claires de ce point de vue-là (...) On ne peut pas être président de région et membre du gouvernement", a tranché Manuel Valls.
Selon Le Drian lui-même
Le ministre de la Défense n'a, bien sûr, pas pu esquiver la question lors de l'officialisation de sa candidature, vendredi. Mais il est resté très vague : "Je connais les règles sur le cumul des mandats", a-t-il lancé, sans entrer dans les détails sur son intention ou non de l'appliquer. Le lendemain, sur France 3 Bretagne, il était un peu plus direct : "Quand je dis que je serai président de la région Bretagne sur la durée, cela veut dire concrètement que la règle du cumul s'appliquera pour moi."
Selon son entourage
En coulisses, les soutiens de Jean-Yves Le Drian vont plus loin que lui, et plaideraient pour son maintien en poste, rapporte Europe 1 mardi. Des proches du ministre tenaient déjà ce discours avant l'officialisation de sa candidature : "Qui peut dire l'état d'esprit du président de la République et du Premier ministre le 14 décembre au matin ? Qui peut dire exactement quel sera l'état du monde, le contexte géopolitique ? (...) L'hypothèse de son départ est tout à fait réaliste, mais aussi celle de son maintien."
Son équipe au ministère insiste sur le risque de changer de ministre alors "qu'en Irak et en Syrie c'est le chaos". "On ne peut pas laisser ça à quelqu’un d’inexpérimenté dont le cabinet découvrira les dossiers", appuie son entourage. Europe 1 cite également un proche du Breton, qui rappelle le bon bilan de son ami à l'hôtel de Brienne : "Soixante Rafale vendus, autant à venir."
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