Elections sénatoriales 2023 : la droite reste majoritaire, la gauche en progression, le RN de retour… Voici les principaux enseignements du scrutin

Près de la moitié des sièges de la chambre haute ont été renouvelés dimanche, sans que l'équilibre des pouvoirs ne se retrouve bouleversé.
Article rédigé par Margaux Duguet, Thibaud Le Meneec
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le président du Sénat, Gérard Larcher, le 3 juin 2023 au palais du Luxembourg, à Paris. (AMAURY CORNU / HANS LUCAS / AFP)

Pas de chamboulement au Sénat. Les élections sénatoriales du dimanche 24 septembre, qui ont permis de renouveler 170 des 348 sièges de l'hémicycle, n'ont pas accouché d'une recomposition politique majeure à la chambre haute : la droite de Gérard Larcher et Bruno Retailleau reste majoritaire pour au moins trois ans, tandis que le Parti socialiste demeure le deuxième groupe au Palais du Luxembourg.

Le Sénat "continuera à être ce contre-pouvoir indispensable à la démocratie", a estimé Gérard Larcher, le président de l'institution, qui a été réélu dans les Yvelines . "Dans un contexte politique marqué par l'absence de majorité au sein de l'Assemblée nationale, plus que jamais le Sénat incarne ce pôle de stabilité, ce point d'équilibre de la République face à la crise profonde que traverse notre pays", a-t-il déclaré dans un communiqué. Franceinfo revient sur les principaux enseignements de ce scrutin.

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Un scrutin globalement dominé par la droite

Avant d'être affilié à un groupe, un sénateur représente une nuance politique, de la gauche jusqu'à l'extrême droite. Si l'on prend en compte ces nuances, attribuées par le ministère de l'Intérieur, la droite a dominé le scrutin de dimanche, en remportant 77 sièges sur les 170 mis en jeu, devant la gauche et le camp présidentiel. Dans l'hémicycle, la droite va rester majoritaire avec quelque 200 sièges sur 348.

Les sortants largement reconduits

Ils étaient 119 à se représenter parmi les 170 sénateurs sortants. La grande majorité ont été réélus. Au total, 80% des candidats à leur réélection conservent leur siège au palais du Luxembourg. A droite, 51 des 63 sénateurs-candidats ont été réélus. Au centre, 14 sortants sur 19 se maintiennent au Sénat. Et à gauche, seulement cinq candidats à leur réélection ont été défaits sur les 35 qui étaient en lice. Consultez la liste détaillée des résultats dans le tableau ci-dessous.

Le groupe Les Républicains reste le premier groupe du Sénat

Il n'y avait pas vraiment de suspense : Les Républicains, qui disposaient de 145 sénateurs avant dimanche, restent de loin le premier groupe du Sénat. Selon les premières estimations du groupe, contacté par franceinfo, il serait composé de 142 à 145 sénateurs.

Le président du Sénat, Gérard Larcher, a sans surprise été réélu pour un sixième mandat dans les Yvelines et devrait logiquement conserver ses fonctions à la tête de l'institution, lors d'un vote prévu le 2 octobre. Les résultats des sénatoriales "conforte[nt] la majorité sénatoriale de la droite et du centre et témoigne[nt] de son ancrage territorial", a-t-il estimé.

La gauche se rapproche des 100 sièges

Le Parti socialiste demeure le deuxième groupe du Sénat (64 sénateurs actuellement). Le patron des sénateurs socialistes, Patrick Kanner, avait signé un accord avec les communistes et les écologistes afin de consolider les forces de gauche. "On était 91, on espère passer la barre symbolique des 100 sièges", glissait le sénateur, il y a quelques jours, à franceinfo. Le groupe PS se stabilise à 64 sièges, les communistes en gagnent deux (17 sièges contre 15 auparavant), les écologistes trois (15 contre 12). Parmi les arrivées notables, l’ancien candidat écologiste à la présidentielle, Yannick Jadot, ou le communiste Ian Brossat.

Cette alliance entre socialistes, écologistes et communistes n'avait pas plu à La France insoumise, écartée faute de disposer d'un maillage local suffisant pour garnir les rangs du Sénat. LFI, qui avait présenté des candidats dans tous les départements, n’obtient aucun siège.

Le camp présidentiel en difficulté, une secrétaire d'Etat battue

Les macronistes n’étaient déjà pas en nombre au Sénat avec seulement 24 élus. Le groupe présidé par François Patriat, proche du président de la République, ne va pas s’étoffer. Il perd même des sièges. "Nous serons au moins vingt", livre François Patriat à franceinfo. Le seul sénateur Renaissance de Paris, Julien Bargeton, est battu. Une défaite qui marque, une nouvelle fois, le manque d’implantation locale du camp présidentiel, qui paye ici les défaites aux précédentes élections locales. "Si l'arithmétique électorale, après des élections locales aux résultats décevants, ne nous était pas favorable, nous nous félicitons que la majorité présidentielle ait pu conserver son socle et convaincre au-delà des grands électeurs qui lui étaient acquis", a réagi Renaissance.

Parmi les sénateurs macronistes défaits, la secrétaire d’Etat à la citoyenneté, Sonia Backès. Seule ministre en lice aux élections sénatoriales, cette dernière a été battue en Nouvelle-Calédonie par l’indépendantiste Robert Xowie. Cette défaite pourrait-elle conduire Sonia Backès à quitter le gouvernement, une règle jusqu'ici appliquée par le président de la République pour ses ministres aux législatives ? Matignon n’a pas répondu à franceinfo. Le résultat est en tout cas jugé "d'extrême bon augure" par le leader LFI Jean-Luc Mélenchon, se refusant à y voir seulement un "phénomène local".

Dans la majorité présidentielle, tout le monde ne fait pas grise mine. Horizons, le parti d’Edouard Philippe, vient ainsi grossir les rangs du groupe sénatorial Indépendants, libertés et territoires, notamment grâce à ses victoires municipales à Reims et à Angers en 2020.

Le RN grappille une poignée de sénateurs

Absent de l'hémicycle depuis le départ de Stéphane Ravier pour Reconquête, le Rassemblement national avait des ambitions modérées pour ces sénatoriales. Il comptait notamment sur les départements du Pas-de-Calais, du Nord et de la Moselle pour grappiller quelques sièges.

C'est chose faite avec l'élection de trois candidats : Joshua Hochart dans le Nord, Christopher Szczurek dans le Pas-de-Calais et Aymeric Durox en Seine-et-Marne. Pas de quoi, cependant, constituer un groupe politique autonome, le seuil étant fixé à 10 sénateurs.

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