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France-Portugal : "Personne ne nous fait peur", préviennent les supporters portugais avant d'affronter les Bleus

Jouer une qualification pour la phase finale de l'Euro 2021 mercredi soir contre l'équipe championne du monde n'est pas une fatalité pour les supporters portugais à Budapest.

Article rédigé par Andréa La Perna, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial à Budapest
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les supporters portugais dans l'ambiance de la Puskas Arena avant l'entrée en lice à l'Euro 2021 contre la Hongrie le 15 juin. (ALEX PANTLING / AFP)

Débusquer un supporter portugais dans la chaleur étouffante de Budapest n'est pas chose aisée. A la veille de France-Portugal, qui scellera l'avenir des deux sélections dans le groupe D de l'Euro 2021, les rues de la capitale hongroise étaient largement parées aux couleurs françaises. A chaque coin de rue, un drapeau tricolore, un maillot floqué Mbappé ou simplement des mots familiers.

Mais pas la trace de vert ni de rouge, si ce n'est du côté des locaux, dont la fierté est encore intacte après le nul arraché contre les Français samedi. Pourtant, au moins 5000 Portugais sont attendus pour garnir les gradins de la Ferenc-Puskas Arena mercredi 23 juin. La peur de subir le courroux de l'équipe de France, cinq ans après l'offense de la finale de l'Euro 2016, les a-t-elle poussés à se cacher ? 

Arrivée tardive à Budapest

La vérité est toute autre. A l'inverse des voyageurs français, présents depuis au moins cinq jours en Hongrie, la plupart des plus fervents fans de la Seleçao ne sont arrivés que le soir, à J-1 du match tant attendu. Beaucoup d'entre eux devaient revenir à Budapest, où leur équipe avait débuté par une victoire contre la Hongrie (3-0), après la claque reçue contre l'Allemagne à Munich samedi dernier (2-4).

C'est le cas de Miguel, originaire de Lisbonne, croisé au détour d'un bar à Gozsdu Udvar, l'un des points de passage de Budapest les plus fréquentés en soirée. Celui qui n'a pas manqué un match de la Seleçao en compétition majeure depuis 2004 refuse tout pessimisme avant de retrouver les Bleus : "Je n’ai pas peur. Le Portugal va continuer. On peut perdre ce match et gagner l’Euro. On va très probablement passer parce que les Allemands vont gagner contre la Hongrie, chez eux”.

Miguel (gauche) est arrivé à Budapest la veille du match entre la France et le Portugal à l'Euro 2021, prévu le 23 juin. (FRANCEINFO / ANDREA LA PERNA)

Une nouvelle confiance

Avant la dernière journée du groupe D, le Portugal n'est pas encore qualifié. Avec seulement trois points pris, le tenant du titre trône à une inconfortable troisième place, à égalité de points avec l'Allemagne et un de moins que la France, qui est elle déjà qualifiée. Une défaite ce mercredi 23 juin pourrait tout simplement aboutir à son élimination.

"La France est une très bonne équipe, très solide. Mais nous n’avons peur de personne parce que l’histoire dit qu’on a été les plus grands en 2016. Nous avons même une meilleure équipe et des meilleurs joueurs depuis cette époque”, insiste Antonio, un autre Portugais originaire de Lisbonne ayant fait le déplacement à Budapest, pas du tout marqué par la lourde défaite contre l'Allemagne lors du match précédent.

"S'il existe une peur, elle n'est pas tant liée au statut de champion du monde mais plutôt à la qualité des joueurs dont dispose l'équipe de France. Mais le sacre à l'Euro 2016 a permis au Portugal de ne plus complexer par rapport aux autres grandes sélections à cause de son palmarès", analyse Nicolas Vilas, journaliste à RMC Sport et le regard constamment rivé sur le football portugais.

Un miroir plus qu'un ennemi

Une attitude décomplexée similaire à celle de Miguel et de son groupe d'amis, entonnant à tue-tête des chants de supporters à la fin de l'interview, sans se soucier de la quiétude des personnes venues s'agglutiner pour regarder l'Angleterre battre la République tchèque sur grand écran. Et s'il n'y a pas de peur, c'est aussi parce que les Portugais trouvent dans la France un miroir plutôt qu'un ennemi féroce.

"Les similarités sont nombreuses. Les deux équipes sont capables d'adapter leur style de jeu en fonction de la physionomie du match, soit en gardant le ballon ou en le laissant à l'adversaire pour oeuvrer en contre. Il y a aussi un partage de cette forme de pragmatisme, qu'on entend souvent quand on parle de Deschamps. Et ce sont des équipes très souvent déceptives, qui ont du mal à produire du jeu malgré les fortes individualités qu'elles possèdent", ajoute Nicolas Vilas.

Un rapprochement est aussi à faire au niveau du vécu récent de chacune des deux sélections, toutes les deux frustrées en finale de leur Euro à domicile. "En 2016, la France avait l’avantage du terrain et devait gagner. Elle s’est trouvée dans la position du Portugal en 2004 avec la défaite contre la Grèce en finale. Tous les Français ont senti le 10 juillet 2016 ce que j’ai senti le 3 juillet 2004. En prolongations, les Français étaient aussi paniqués que je l’étais au stade de la Luz en 2004", s'amuse Miguel.

A l'image de l'amitié entre les deux pays et des liens rappelés par les bi-nationaux comme Anthony Lopes ou Raphaël Guerreiro, la peur n'a pas sa place dans la rivalité entre France et Portugal. Pareil pour l'animosité. D'ailleurs interrogé sur l'opportunité d'éliminer un adversaire potentiellement dangereux pour la suite de la compétition, Didier Deschamps a opposé un "non" ferme en conférence de presse mardi. L'essentiel est ailleurs.

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