Euro 2024 : pour Olivier Giroud, le compte à rebours a débuté avant la fin d'une carrière internationale exceptionnelle

Pour l’attaquant des Bleus, qui dispute son dernier tournoi avec l’équipe de France, chaque match à l’Euro peut désormais être le dernier d’une longue carrière internationale marquée par une Coupe du monde, 57 buts, et peut-être davantage.
Article rédigé par Hortense Leblanc - envoyée spéciale en Allemagne
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Olivier Giroud remercie les supporters français après France-Pologne à l'Euro, le 25 juin 2024. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Selon les dires de son coéquipier et ami, Antoine Griezmann, "il est toujours le même, toujours heureux, toujours en forme et il demande beaucoup de travail à la cuisine". Toujours le même, et pourtant Olivier Giroud ne doit pas être insensible à cet Euro, son ultime compétition sous le maillot bleu. A partir du match contre la Belgique, lundi 1er juillet, chaque rencontre à élimination directe pourrait être sa dernière avec l'équipe de France, dont il a marqué l'histoire en devenant son meilleur buteur (57 buts).

"Est-ce que je changerais quelque chose ? Non rien. Ma carrière en club ou en équipe de France a dépassé tous mes rêves", déclarait Olivier Giroud en conférence de presse à Paderborn le 14 juin. Pourtant, le buteur n'a commencé à côtoyer le très haut niveau que tardivement, à 24 ans en Ligue 1 avec Montpellier, après avoir connu des allers-retours entre la Ligue 2 et le National durant ses premières années en professionnel. Et un an plus tard, à 25 ans, il découvrait l'équipe de France, alors qu'il y semblait moins prédestiné que son frère aîné, Romain, défenseur central, qui avait lui connu plusieurs sélections nationales en jeune.

"Connaissant la trajectoire du bonhomme, je me suis dit qu'enfin, sa ténacité, son opiniâtreté et ses mérites étaient récompensés. J'ai découvert un gars plein de sagesse, qui dégage quelque chose de modeste, de simple, avec une capacité d'écoute, et tout le reste de sa carrière en témoigne", raconte Philippe Tournon, chef de presse des Bleus quand Olivier Giroud a gravi pour la première fois les marches du château de Clairefontaine, en 2011. L'attaquant fera ensuite ses débuts en bleu le 11/11/11, contre les Etats-Unis, avec une entrée en jeu à la 59e minute à la place de Kevin Gameiro. Pour son premier but, il ne faudra attendre que son troisième match, en amical contre l'Allemagne, le 29 février 2012, à l'occasion de sa première titularisation.

Un nom moins clinquant, mais qui marque l'histoire

"Il restait quand même comme un concurrent et tout le monde veut jouer, mais on a toujours eu des bonnes relations et de voir que tant d'années après, le mec a pris du galon en gardant toute son humilité, ça fait plaisir, salue Loïc Rémy, consultant pour France Télévisions, qui faisait partie du groupe des Bleus à l'arrivée d'Olivier Giroud. Pour être honnête, je ne pensais pas qu'il ferait cette carrière-là." Finalement, 13 ans après sa première apparition sous le maillot tricolore, Olivier Giroud tirera sa révérence avec les Bleus à 37 ans bien tassés. "Après la Coupe du monde 2018 et la Ligue des nations en 2021, on pensait qu'il avait fait son temps. Et son âge, son palmarès lui permettaient de tirer un trait somptueux sur cette carrière. Mais il a attendu et a continué à relever de nouveaux défis", souligne Philippe Tournon.

Cette longévité, Olivier Giroud l'explique par son style de jeu. "Je n'ai jamais misé sur mon explosivité ni sur ma pointe de vitesse. Arsène Wenger m'avait dit que je pourrai jouer jusqu'à un âge avancé, parce que je n'aurais pas à perdre en vitesse", a-t-il exposé en conférence de presse. "Son style de jeu n'est pas spectaculaire, même s'il peut marquer des buts spectaculaires, mais il n'a pas la touche de balle ou la finesse de jeu des plus grands, abonde Philippe Tournon. Mais quand on parcourt sa trajectoire, on voit qu'il a honoré tous les grands rendez-vous. Ce n'est pas Maradona, Platini ou Zidane, mais c'est un attaquant qui croit toujours en ses chances. Thierry Henry par exemple avait une palette plus complète et laissera, je pense, une trace plus visible dans l'histoire, mais quand on reprendra les stats, on dira : 'ah oui quand même, chapeau Olive'".

Profil bas face aux critiques

Durant sa carrière en équipe de France, tout n'aura pas été rose pour Olivier Giroud. En 2020, Karim Benzema l'avait par exemple comparé à un karting quand il estimait lui être une Formule 1. Puis en 2021-2022, avant le Mondial, il ne faisait plus forcément partie des listes de Didier Deschamps, qui comptait davantage sur le Madrilène. "Il a donné raison au coach au moment des polémiques avec Benzema. Ce n'est pas facile quand on est joueur de ne pas faire l'unanimité, mais il a fait profil bas, c'est un gros bosseur et il a fait taire beaucoup de personnes. Je dis ‘Bravo Monsieur', pour moi c'est un joueur qui aura marqué l'équipe de France", applaudit Loïc Rémy.

Finalement rappelé en équipe de France pour la Coupe du monde 2022, Olivier Giroud n'est plus le titulaire indiscutable à son poste, et doit se battre pour obtenir du temps de jeu, comme durant cet Euro, où il a joué environ une heure sur les trois matchs de la phase de groupes. "C'est un peu l'histoire de ma carrière. Ça ne serait pas raisonnable de la résumer à cela, mais les périodes où j'ai été un peu sur le banc à Arsenal et Chelsea, j'ai toujours su rebondir. (...). Tout le monde sait que je pense collectif avant moi-même. Quel que soit mon rôle, qui plus est parce que c'est ma dernière compétition, je veux profiter de chaque instant".

Il aura déjà profité de ses derniers instants en bleu en France, lors du dernier match de préparation à Bordeaux contre le Canada, durant lequel ses coéquipiers lui ont fait la surprise de lui donner le brassard de capitaine. Touché de l'accueil des supporters en France "pour (son) dernier match là-bas", le champion du monde doit l'être aussi en Allemagne, où son nom est chaleureusement scandé à chacune de ses entrées en jeu.  Si l'objectif collectif est de remporter l'Euro, l'un des rares trophées qu'il lui manque, le buteur se fixe aussi un dernier objectif personnel avant de prendre la direction du Los Angeles FC : "On m'a parlé du chiffre rond des 60 buts… Pourquoi pas ?".

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