Euro 2024 : "C'est un peu l'histoire de ma carrière", affirme Olivier Giroud, pressenti pour commencer sur le banc sa dernière compétition en Bleu
En partance pour Los Angeles et la Major League Soccer cet été, Olivier Giroud vit ses dernières semaines en équipe de France. Mais le meilleur buteur de l'histoire des Bleus va débuter l'Euro avec un statut de remplaçant, même s'il compte bien inverser la tendance au cours de la compétition. Dans une longue conférence de presse de trente minutes, vendredi 14 juin, le doyen des Bleus, avec ses 37 ans au compteur, est apparu décontracté – bien aidé par Benjamin Pavard qui a pris tour à tour le rôle de photographe et spectateur – mais aussi lucide sur sa situation.
Dans Ouest-France, Kylian Mbappé vous a décrit comme le "papa de l'équipe", vous êtes aux petits soins pour les jeunes ?
Olivier Giroud : Le papa oui, tant mieux il n'a pas dit "papy". J'ai un peu ce rôle de papa, de grand frère par rapport aux plus jeunes. Je ne me sens pas en décalage avec eux, je me sens plus jeune que mon âge. J'apprécie le genre de musiques qu'ils mettent, je rigole avec eux. Sur le terrain, j'essaie d'être moi-même, de beaucoup parler. Je veux les mettre à l'aise. Je ne connaissais pas Bradley (Barcola), donc j'ai essayé de lui parler un peu, de lui poser des questions sur lui, sa famille, comment il se sentait à Paris. Ça fait partie des choses nécessaires pour accueillir au mieux les nouveaux.
Sur cette compétition, vous ne partez pas forcément titulaire, c'était le cas lors de la Coupe du monde avant la blessure de Karim Benzema. Vous arrivez toujours à rebondir ?
C’est un peu l’histoire de ma carrière. Ce ne serait pas raisonnable de résumer ma carrière à ça, mais les périodes où j’ai été un peu sur le banc à Arsenal à Chelsea, j’ai toujours su rebondir. L’important, c’est de toujours avoir le bon état d’esprit. En 2018, j’ai réussi à inverser la tendance. A la Coupe du monde, j’ai su que j’aurais un rôle différent juste avant la compétition. Mon état d'esprit reste le même, avec l'envie d'apporter quelque chose à l'équipe. Tout le monde sait que je pense collectif avant moi-même. Quel que soit mon rôle, qui plus est parce que c’est ma dernière compétition internationale, je veux donner le maximum et profiter de chaque instant.
Est-ce que vous sentez le groupe plus ou moins confiant que ce qu'il était avant la Coupe du monde 2022 ?
En 2022, on avait l’étiquette du favori ou parmi les 2-3 favoris. C’est pareil pour l’Euro. Maintenant ce statut, il ne faut pas qu’il nous tourmente, il doit nous donner la confiance mais pas trop non plus. Il faut toujours avoir en tête qu’il faut être à 100%. On a vu que quand on en fait un peu moins sur certains matchs... Les matchs amicaux n’ont pas été aboutis. On peut mieux faire, on doit mieux faire, il ne faut pas se satisfaire de ce genre de matchs. On en est conscients. Il faut corriger ces petites choses pour les premiers matchs. Ce sont des ajustements minimes et mineurs. Ce n’est pas inquiétant du tout. On est alerte et on sait que le niveau va monter d’un cran dès lundi.
Cet Euro sera votre dernière compétition avec les Bleus, a-t-il une saveur particulière ?
J’aimerais juste dire que j’ai été très touché de l’accueil des supporters en France pour mon dernier match là-bas. Les attentes ? Je suis rempli d’excitation, de nostalgie, d’envie et l’objectif principal c’est le collectif. Faire la plus belle compétition possible. On a perdu chez nous en 2016 et ça reste dans un coin de ma tête. J’en rêve encore aujourd’hui. J’ai beaucoup d’espoirs. Les objectifs personnels, ça arrive après. On m’a parlé du chiffre rond des 60 buts… Pourquoi pas ?
Le fait d'avoir annoncé avant la compétition que ce serait votre dernière avec l'équipe de France vous donne-t-il plus de légèreté ?
Je n'ai pas fait un communiqué. Je disais juste que c’était probablement ma dernière dans le sens où je fais un choix de vie et d’expérience aux Etats-Unis. Je m’étais posé la question après la CDM 2022. Il faut être lucide sur la situation. Je vais avoir 38 ans bientôt. On sait que pour être appelé en EDF, il faut évoluer en général au niveau européen. Le fait de l’avoir annoncé ne change pas ma façon d'être. Pour moi, c’est logique que ce soit la dernière. C’est la suite logique avec la fin du très haut niveau en Europe et avec la fin de mon contrat au Milan AC. Il y aura beaucoup de nostalgie, de souvenirs, mais j’essaie de ne pas trop y penser.
Dans votre carrière, il y a eu toujours beaucoup de rage, d'envie. Mais aujourd'hui, on est plutôt amenés à tirer des bilans. On sait que vous ne partez pas titulaire, on vous sent un peu moins combatif...
Dans quel sens vous me percevez moins combatif ? Evidemment que je préfère commencer les matchs, mais je respecte les choix du coach. Quand je rentrerai sur le terrain, je ferai le maximum. Ça ne change pas mon état d’esprit de compétiteur si je ne démarre pas le match. Si je peux inverser la tendance parce que je me sens combatif et prêt à donner le maximum pour l’équipe, je le ferai. Je suis loin d’être dans un état d’esprit plus cool, relax et secondaire. Je suis déterminé. [Applaudi par Benjamin Pavard]
Vous étiez capitaine contre le Canada, à la demande du groupe. Qu'est-ce que ça représente pour vous ?
C'est génial, ça fait chaud au cœur de la part des mecs et du public qui scandait mon nom pendant la première période. C’est une immense fierté. Je ne cours pas après le brassard, ils ont insisté. Ça restera comme une belle soirée, un beau geste des mecs, c’est ça aussi l’équipe de France. Le respect et la bienveillance qui règnent. C’est génial. Je les ai bien remerciés.
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