Exception culturelle : la France "réactionnaire" ? Paris réagit à l'attaque de Barroso
Hollande "ne veut pas croire" aux propos du président de la Commission européenne, alors que la ministre de la Culture s'indigne.
Le président français n'y croit pas. François Hollande a réagi par l'incrédulité à la virulente attaque de José Manuel Barroso. Le président de la Commission européenne a en effet qualifié de "réactionnaire" la volonté française de protéger son exception culturelle, lundi 17 juin. Francetv info détaille la polémique.
1Le contexte
Réunis à Luxembourg vendredi, les ministres du Commerce de l'Union européenne devaient se mettre d'accord sur le mandat de la Commission européenne pour négocier l'accord commercial entre l'UE et les Etats-Unis. La France souhaitait en exclure le secteur audiovisuel. Après treize heures de négociations et une menace de veto, la France a obtenu gain de cause.
2L'attaque de Barroso
Cette âpre défense de son exception culturelle par la France a engendré lundi des crispations. "Certains se disent de gauche mais en réalité, ils sont culturellement extrêmement réactionnaires, a lancé le président de la Commission européenne, dans un entretien publié par l'International Herald Tribune (en anglais). Cela s'inscrit dans le cadre d'une vision antimondialisation que je considère complètement réactionnaire."
Les défenseurs de l'exception culturelle "ne comprennent pas les bénéfices qu'apporte la globalisation, y compris d'un point de vue culturel, pour élargir nos perspectives et avoir le sentiment d'appartenir à la même humanité", a poursuivi José Manuel Barroso.
3L'incrédulité de Hollande
La réaction de François Hollande n'a pas tardé. "Je ne veux pas croire que le président de la Commission européenne ait pu tenir des propos sur la France qui seraient ainsi formulés, pas même sur les artistes qui se seraient exprimés", a répondu le président français à son arrivée à Lough Erne (Irlande du Nord), pour un sommet du G8.
4L'indignation de Filippetti
La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, s'est montrée, elle, moins mesurée : "Ces propos sont absolument consternants. Ils sont inacceptables." La ministre estime que la Commission européenne est "isolée dans sa logique ultralibérale". "Notre position, elle n'est pas défensive, elle n'est pas conservatrice et encore moins réactionnaire, c'est une position résolument moderne."
5La mise au point de la Commission
"Le président Barroso a toujours affirmé son attachement à l'exception culturelle, a affirmé un porte-parole de la Commission, Olivier Bailly. Il n'y a aucune divergence sur le fond entre la Commission et le gouvernement français sur ce point." Il a également indiqué que la remarque José Manuel Barroso ne visait pas la France mais "ceux qui, en parallèle, ont lancé des attaques personnelles contre le président [Barroso], souvent violentes et injustifiées contre la Commission". Mais le porte-parole n'a pas précisé les artistes ou politiques qui étaient, selon lui, "réactionnaires".
6L'appel au calme de Bricq
Comme le porte-parole de la Commission, la ministre du Commerce extérieur française, Nicole Bricq, a tempéré. "Monsieur Barroso a dit que [la volonté d'exclure le secteur audiovisuel des négociations] participait du mouvement altermondialiste qu'il jugeait réactionnaire. Il n'a pas dit : 'la France est réactionnaire'".
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