A Grasse, la clinique ayant échangé deux bébés peu après la naissance devant la justice
Il y a vingt ans, Manon et Mathilde étaient échangées par erreur, quelques jours après leurs naissances, dans une maternité cannoise. Le procès débute mardi 2 décembre.
Sur la photo de Nice Matin, Manon ressemble à sa mère, Sophie Serrano. Celle qui l'élève depuis vingt ans, mais dont elle n'est pas la fille biologique. Car à sa naissance, à l'été 1994 dans une clinique de Cannes (Alpes-Maritimes), l'enfant a été échangée avec un autre bébé, Mathilde.
Le scénario ressemble à celui du film d'Etienne Chatiliez La vie est un long fleuve tranquille. Manon grandit dans sa famille, mais au fur et à mesure, explique Le Figaro, " la dissemblance entre elle et ses parents devient frappante. La petite [qui est métisse] subit des moqueries, se fait surnommer 'la fille du facteur'". Le compagnon de Sophie Serrano demande un test de paternité et Manon découvre, à l'âge de 10 ans, en 2004, qu'elle n'a aucun lien biologique avec ses parents.
L'ombre d'un doute à la maternité
Sophie avait eu un doute à la maternité. Né deux semaines avant terme, le nourrisson a la jaunisse et doit être placé dans une chambre spéciale pour être soigné avec des rayons. C'est à ce moment-là que l'enfant est échangée, par erreur, par une puéricultrice, avec un autre bébé, selon Libération.
En quittant la clinique, la toute jeune mère – elle n'a que 19 ans – trouve que sa petite fille a bien plus de cheveux qu'à la naissance. Mais les médecins attribuent cette chevelure fournie à un effet secondaire lié a l'exposition du bébé sous les lampes. Au fil des années, la peau de l'enfant devient mate. Or, aucun des deux parents n'est noir ni métis. Le père exige un test ADN. Surprise : s'il n'est pas le papa, Sophie n'est pas davantage la mère.
Des liens difficiles à construire entre les deux familles
Cette découverte a été le début d'une enquête qui a mené à la révélation de l'échange des deux bébés peu après leur naissance. Sophie a retrouvé la trace de sa fille biologique, Mathilde, qui vit également dans les Alpes-Maritimes avec les parents qui l'ont élevée. Les deux familles ont fait connaissance, mais les liens restent difficiles à construire. Toutes deux ont porté plainte contre la clinique, qui n'existe plus."Les nourrissons n'ayant pas été échangés volontairement, l'affaire est classée sans suite en 2005", explique encore Le Figaro. La plainte civile est aujourd'hui examinée à Grasse.
La famille de Mathilde s'est moins livrée aux médias que celles de Sophie et Manon, duo dont Libération a fait l'an dernier un beau portrait. Mère et fille, apparemment épanouies, concluaient que leur vie est aussi "une belle histoire". Une histoire moderne, "qui dit l’importance des liens qu’on construit".
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