Affaire Filippis : Sarkozy annonce une "mission de réflexion"
Nouvelle démonstration de valse à mille temps gouvernementale : ce soir, le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, déclare qu'il comprend “l'émoi” suscité par l'interpellation musclée de Vittorio de Filippis.
_ Conséquence, il annonce une mission qui sera chargée de réfléchir à “une procédure pénale plus respectueuse des droits et de la dignité des personnes”. De là à penser que le président de la République désapprouve la procédure qui a frappé le journaliste, il n'y a qu'un pas.
Si ce pas est franchi en tout cas, il obligera deux ministres à faire du rétropédalage. Ce matin, coup sur coup, Michèle Alliot-Marie (Intérieur) et Rachida Dati (Justice) sont intervenues, après que la polémique autour de l'affaire ait enflé tout le week-end.
Pas tant, d'ailleurs sur la décision judiciaire, sur laquelle elles n'ont pas souhaité s'exprimer.
_ En revanche, Michèle Alliot-Marie a considéré que "la police a suivi les procédures" pour appliquer cette décision.
Un peu plus tard, c'est la Garde des Sceaux Rachida Dati qui devait déclarer que la procédure était "tout à fait régulière" dans cette arrestation.
_ Ajoutant quand "un citoyen ne défère pas aux convocations, on lui envoie un mandat d'amener" .
Si ce dernier point de justice semble incontestable, c'est d'avantage la méthode qui a suscité de nombreuses indignations depuis vendredi, qu'elles viennent de journalistes, politiques ou associatifs.
"Sale temps pour les libertés"
Beaucoup estiment que pour une "banale" et ancienne affaire de diffamation, l'arrivée musclée des policiers à 6h40 du matin au domicile du journaliste, les menottes et insultes ou le déshabillage étaient - disons - peut-être excessives.
On peut citer, à titre d'exemple la réaction de l'un des porte-parole du parti de la majorité, Frédéric Lefebvre, pour qui "la méthode utilisée dans une simple affaire de diffamation semble tellement disproportionnée qu'elle nous paraît devoir donner lieu à une enquête".
La Ligue des droits de l'Homme (LDH) a estimé aujourd'hui que les conditions "humiliantes" de cette interpellation représentait un "sale temps pour les libertés".
_ Le président de la cour d'appel de Paris,
Jean-Claude Magendie, a demandé une enquête administrative.
Matteu Maestracci
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