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Affaire Grégory : deux ADN identifiables sur une lettre du Corbeau

Le progrès de la police scientifique ont permis d’isoler deux signatures génétiques – celle d’un homme et celle d’une femme – sur des pièces à conviction de l’époque. Cette découverte est susceptible de relancer l’enquête, 25 ans après la mort du petit Grégory, retrouvé noyé dans la Vologne (Vosges)…
Article rédigé par franceinfo
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Un rapport d’expertise est remis dans la journée au président de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon (Côte-d’Or), Jean-François Pontonnier. C’est lui qui, le 3 décembre 2008, avait ordonné la réouverture de l’enquête, et désigné quelques mois plus tard le laboratoire lyonnais Biomnis (ex-Mérieux) pour expertiser les scellés de l’affaire Grégory, et en extraire les éventuelles empreintes génétiques.

Ce qu’ont fait les experts. Et le procureur général près la Cour d'appel de Dijon Jean-Marie Beney le confirme : deux signatures génétiques distinctes ont été isolées. Un ADN féminin sur ou sous le timbre d'une lettre du corbeau, et un ADN masculin sur la lettre contenue dans l'enveloppe.
_ Cette lettre avait été adressée par le corbeau à Albert Villemin, le grand-père de Grégory, en juillet 1985, soit neuf mois après la découverte du corps du garçonnet dans les eaux de la Vologne. Selon le procureur général, l'auteur de la lettre affirmait : "je vous ferai la peau à la famille Villemin: prochaine victime Monique" (l'épouse d'Albert et grand-mère de Grégory).

Une très légère trace, cependant qualifiée d'"exploitable", a été retrouvée sur le manteau que portait l'enfant. Aucune empreinte n'a en revanche été repérée sur les cordelettes autour des chevilles et mains de la victime.

L’enquête relancée ?

Une chose est certaine, il ne s'agit pas des ADN des parents du petit Grégory, les vérifications ont déjà été faites par les enquêteurs. Il ne peut davantage s'agir de l'ADN de Bernard Laroche - un temps suspect N.1 - qui avait été assassiné quatre mois plus tôt par Jean-Marie Villemin, convaincu de sa culpabilité.

Désormais, l’objectif principal est donc de mettre des noms sur ces deux ADN. Dans un premier temps, les enquêteurs pourront se contenter de croiser les ADN avec le fichier national. Et si cela ne donnait rien, les magistrats pourraient alors décider de comparer les deux ADN avec ceux de l’ensemble des protagonistes de l’affaire – vivants ou morts – y-compris ceux des enquêteurs qui ont manipulé les scellés, lesquels ont pu être "contaminés" lors de cette manipulation.

Reste que, si la chambre de l’instruction le décide, l’enquête sur l’assassinat du petit Grégory pourra être relancée. Une éventualité saluée par l’avocate des époux Villemin, Me Marie-Christine Chastant-Morand. "Ils espèrent toujours la vérité", explique l’avocate des parents du petit Grégory dans Le Parisien.
_ En revanche, l’avocat de la famille Laroche, au sein de laquelle se trouverait le corbeau, selon les enquêteurs, est plus circonspect. "En rouvrant cette enquête, on remet en marche la machine à déraper", explique Me Welzer.

L’affaire Grégory, immense fiasco judiciaire et médiatique des années 80 (lire notre encadré), avait débouché sur des réformes de la procédure pénale.

Gilles Halais, avec agences

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