Affaire Karachi : deux proches de Balladur et Sarkozy rattrapés par la Justice
ACTUALISE A 20h15 :
Ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur à l'époque où il était Premier ministre, témoin de mariage de Nicolas Sarkozy et de Carla Bruni, directeur du groupe Arnaud, dont dépend LVMH, Nicolas Bazire est aussi un habitué des médias, en tant que penseur de droite.
Cet intellectuel engagé aux côtés de la majorité a été placé en garde à vue dans le cadre de l'affaire Karachi. Le juge Renaud Van Ruymbeke le soupçonne d'avoir joué un rôle important dans le volet financier de ce dossier, qui concerne au premier chef l'attentat qui a tué 14 personnes dont 11 Français à Karachi, le 8 mai 2002. L'enquête porte aussi sur des rétrocommissions dans le cadre de contrats d'armements. Elles pourraient avoir servi à des financements politiques frauduleux de la campagne présidentielle de 1995.
Nicolas Bazire n'est pas le seul proche du tandem Balladur-Sarkozy à se retrouver dans le collimateur de la Justice. Thierry Gaubert, ex-conseiller du président de la République à la mairie de Neuilly et à l'époque où il était ministre du Budget, a été mis en examen et laissé libre.
C'est ce matin que Nicolas Bazire a été interpelé par les policiers de la Division nationale des investigations financières (Dnif), ainsi que l'a révélé le JDD. Son domicile et son bureau font l'objet d'une perquisition.
Nicolas Bazire a été mis en cause par l'épouse de Ziad Takieddine, lui-même mis en examen pour abus de biens sociaux dans cette affaire. Elle a affirmé avoir vu Nicolas Bazire chez elle à plusieurs reprises au début des années 90, croit savoir le JDD. Selon Médiapart, l'ex-directeur de cabinet d'Edouard Balladur aurait aussi été cité par un témoin entendu il y a deux semaines. Et le Nouvel Observateur révèle que ce témoin n'est autre que l'ex-femme de Thierry Gaubert, la princesse Hélène de Yougoslavie, descendante d'un roi d'Italie. Elle aurait raconté que Takieddine s'était rendu à plusieurs reprises en Suisse, accompagné par Thierry Gaubert, pour y retirer des fonds destinés à Nicolas Bazire. Des fonds ramenés dans des valises “volumineuses de billets” .
De fait, les enquêteurs s'intéressent à 20 de millions de francs suspects sur les comptes de campagne d'Edouard Balladur en 1995. D'ailleurs, les policiers, donnant dans l'œcuménisme politique, ont entendu Roland Dumas à ce propos. Ils voulaient savoir pourquoi l'ex-ministre de François Mitterrand, alors président du Conseil constitutionnel, a validé les comptes de campagnes du candidat Balladur. Selon le JDD, Roland Dumas leur a opposé le secret des délibérations.
Grégoire Lecalot, avec agences
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