Affaire Laëtitia : un rapport pointerait des failles dans le suivi de Meilhon
Le ministre de la Justice Michel Mercier est censé aujourd'hui présenter ces rapports aux organisations syndicales représentant la magistrature. Mais il n'est pas certain que leurs conclusions apaisent la tension qui règne depuis maintenant dix jours et les accusations de Nicolas Sarkozy. Le chef de l'État avait promis qu'il y aurait "sanction" pour "les fautes" commises par le monde judiciaire dans l'affaire Laëtitia.
Depuis hier, des informations filtrent sur la teneur des rapports d'inspection commandés dans la police, la justice et l'administration pénitentiaire. Dans le Journal du Dimanche, on apprenait par exemple que le Service pénitentiaire d'insertion et de probation (le Spip) de Nantes qui suivait Tony Meilhon "avait un taux d'absentéisme de 32 % ".
_ Et ce matin, le Figaro publie des extraits du rapport de l'Inspection générale des services judiciaires qui pointent aussi des approximations, des erreurs de date, une "absence de coordination" entre les services, et par conséquent un retard dans la transmission du dossier de Tony Meilhon de la prison au service du "milieu ouvert". Et ce, malgré l'avertissement inscrit à la main par le juge d'application des peines sur la copie de son jugement : "saisir service pénitentiaire de façon urgente".
Les juges ne sortent donc pas blanchis de ces inspections. Mais sans ces "erreurs", le meurtre aurait-il vraiment pu être évité ? Peut-on parler ici de fautes, ou n'est-ce que la conséquence d'un manque patent de moyens ? A Nantes, selon les chiffres de la Chancellerie, chaque agent avait en charge 122 dossiers, quand la moyenne nationale était de 108. Début 2010, 800 dossiers étaient en déshérence dans cette juridiction. Dans les mois qui ont précédé le drame de Pornic, le Spip de Nantes n'aurait d'ailleurs cessé d'alerter l'administration pénitentiaire. Un audit avait même été réclamé début 2010 par la direction du Spip, audit dont les conclusions n'ont jamais été rendues publiques.
Néanmoins, ces rapports ne sont-ils pas artificiellement à charge ? C'est ce que redoutent les syndicats, qui réclament la publication de l'intégralité des documents remis par les Inspections générales.
En attendant, le suspect Tony Meilhon a attenté à ses jours hier dans sa prison de Vezin-le-Coquet en Ille-et-Vilaine. Il aurait avalé de l'eau de javel faiblement diluée. Il a été hospitalisé au CHU de Rennes, mais ses jours ne seraient pas en danger.
Les magistrats de leur côté ont prolongé leur grève des audiences non-urgentes, certains jusqu'à jeudi inclus. Le mouvement dure depuis le 4 février.
Cécile Quéguiner, avec agences
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