Procès du Carlton : David Roquet et Fabrice Paszkowski, les fidèles serviteurs de DSK
Les deux hommes sont sur le même banc des prévenus que l'ex-directeur du FMI. Mais contrairement à lui, ils ont peiné à se défendre. Ils sont encore entendus vendredi.
"'Souviens-toi, nous avions des relations sexuelles ensemble'... c'est ça que vous pensiez dire à DSK ?" Alors que les débats au procès dit du Carlton de Lille touchent à leur fin, jeudi 12 février, la substitut du procureur Aline Clérot a décidé de s'adresser de manière plus directe à David Roquet, l'un des deux entrepreneurs de l'affaire. Directeur de Matériaux enrobés du Nord, une filiale du groupe de BTP Eiffage, il a été mis à pied à la suite de sa mise en examen. Assis à ses côtés sur le banc des prévenus, Fabrice Paszkowski, l'autre entrepreneur de l'affaire, n'en mène pas large non plus.
Les deux hommes ont en commun la même admiration sans bornes pour DSK. Surtout, ils sont mus par la même ambition : l'envie de briller à ses côtés au palais de l'Elysée. "Le film 'DSK devient président', on se l'est tous fait", confesse Fabrice Paszkowski, avec un "j'veux dire", tic de langage qui trahit sa nervosité. "Etre l'ami intime de DSK, c'était un petit plus", avait-il déjà dit mardi.
La même admiration pour DSK
Ce sont les seconds rôles masculins de cette affaire de proxénétisme aggravé. Ils sont renvoyés pour ce chef d'accusation devant le tribunal correctionnel de Lille (Nord), comme les autres prévenus. Mais ils sont aussi soupçonnés d'être les organisateurs des soirées avec Dominique Strauss-Kahn et, surtout, de les avoir financées. Ils comparaissent tous les deux pour escroquerie. Fabrice Paszkowski est en outre jugé pour abus de biens sociaux et David Roquet pour abus de confiance vis-à-vis de leur entreprise.
Depuis le début du procès, David Roquet, crâné rasé, pâle, semble diminué. Contrit, embarrassé dans un costume sombre, il s'emmêle dans ses propos. A chacune de ses interventions, ou presque, il se contredit. L'allure de Fabrice Paszkowski est certes plus élancée, il se tient droit lorsqu'il est à la barre, mais pour répondre à la plupart des questions, il fait souvent la moue.
Les deux hommes se sont rencontrés au restaurant La Vylla, à Lens (Pas-de-Calais), l'établissement de Virginie Dufour, l'ex-compagne de Fabrice Paszkowski, selon La Voix du Nord. Devant le tribunal, le moment est raconté de manière succincte. "Fabrice Paszkowski m'a dit : "Je connais bien DSK, on se fait des petites sorties. Est-ce que ça t'intéresse ?'", raconte David Roquet. Le voilà embarqué dans ces "sorties libertines", comme il les appelle.
Leur secret : les prostituées aux soirées
Entre les deux hommes, l'amitié se scelle par un secret. "Outre David, personne ne savait que les femmes présentes dans ces soirées étaient des prostituées", affirme Fabrice Paszkowski. David Roquet reconnaît devant BFMTV qu'il l'avait caché à DSK. Devant le tribunal, ils l'ont dit et répété. "'DSK savait, DSK savait.' On ne cesse de le répéter. Non. J'veux dire, si aujourd'hui j'en suis encore là, c'est parce que je défends la vérité", a encore déclaré Fabrice Paszkowski jeudi.
Car son amitié à lui avec Dominique Strauss-Kahn est plus solide. L'ex-directeur du FMI la résume en une phrase : "A l'enterrement de ma mère, il y avait 25 personnes. Il y avait Fabrice." Un intime à qui il peut encore pardonner : "Fabrice Paszkowski est un ami. Même quand un ami fait une bêtise, ça reste un ami, si l'amitié a un sens."
De David Roquet ou Jean-Christophe Lagarde, commissaire divisionnaire présent aux soirées, DSK dira seulement : "La communication avec ce groupe d'amis passait par Fabrice." Pour l'ex-directeur du FMI, l'important, c'était les soirées libertines. Il n'a jamais parlé BTP avec David Roquet. D'ailleurs, il ne sait plus quand il a appris ce que faisait David Roquet, si c'est par hasard au cours d'une soirée, ou dans les journaux quand l'affaire du Carlton a éclaté.
Une fidélité qui peut coûter cher
David Roquet, lui, voyait les choses autrement. Il espérait davantage. Lui qui a l'habitude de voir le Paradis latin, à Paris, privatisé par Eiffage chaque année pour amadouer des élus n'a cessé de répéter que les soirées et les voyages à Washington étaient "professionnels". "Quinze mille euros par an pour entretenir la relation avec DSK, ça ne me paraissait pas beaucoup", estime-t-il aussi, en référence aux notes de frais qu'il a effectuées pour rencontrer l'ancien directeur du FMI.
"Mais, pendant deux ans et demi, vous entretenez des relations avec DSK et vous attendez tout ce temps pour lui présenter votre patron ?" lui fait remarquer le président du tribunal. Une fois de plus, David Roquet répond vaguement, en lui assurant qu'il attendait que DSK soit à l'Elysée pour lui présenter ledit patron. "Mouais", commente, dubitatif, le président du tribunal. Il ne prononce que ce mot, mais le ton sur lequel il le fait en dit long sur ce qu'il pense. Il a l'air de s'être déjà fait son avis : les serviteurs risquent de payer cher leur fidélité.
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