Procès du Carlton : Dodo la Saumure à la barre en dix citations
L’autre personnage médiatique de l’affaire a comparu jeudi devant le tribunal correctionnel de Lille.
Il a fêté ses 66 ans à la barre du tribunal correctionnel de Lille (Nord). Dominique Alderweireld a comparu, jeudi 5 février, dans le cadre du procès de l’affaire dite du Carlton. Poursuivi pour proxénétisme aggravé, comme les treize autres prévenus, ce médiatique personnage, plus connu sous le surnom de "Dodo la Saumure", a eu l’occasion de s’expliquer, dans un langage bien à lui. Extraits en dix citations.
Sur ses études de droit
Le président du tribunal, Bernard Lemaire, est revenu brièvement sur le parcours de Dodo la Saumure, et notamment sur les études de droit qu’il a reprises sur le tard. Il a passé une licence. "Pourquoi des études de droit ?", l’interroge le président du tribunal. "Parce que c'est intéressant, quoi qu'on fasse", répond le proxénète présumé. "Oui, quoi qu'on fasse...", ironise Bernard Lemaire. L'homme, toutefois, est réaliste et ne va pas plus loin dans ces études.
J'avais peu d'espoir de devenir avocat, vu mon passé.
"Je ne sais plus quand on enseigne le proxénétisme en fac de droit mais ça doit être en 4e année. Vous auriez dû faire la maîtrise", lui lance avec humour le président.
Sur son exploitation de l’affaire du Carlton
Dodo la Saumure, qui a l’âme d’un entrepreneur, n’a pas hésité à exploiter le filon médiatique de l’affaire du Carlton. Il a notamment tenté d’ouvrir un club baptisé "DSK" pour "Dodo Sex Klub". La justice, y voyant une allusion explicite à l’ex-directeur du FMI, lui a interdit l’utilisation de ses initiales.
Le "Dodo sex klub" ? Je l'ai fermé. J'ai un projet d'ouvrir "FMI". Le "Carlton" ? J'ai abandonné le nom.
"C’était une provocation ?", l’interroge le président au sujet du DSK. "C'était une politique commerciale. Mais je perdais de l'argent", répond Dodo la Saumure.
Sur René Kojfer, l’ex-responsable des relations publiques du Carlton
A la lecture des écoutes téléphoniques, le président du tribunal fait remarquer à Dodo la Saumure qu’il n’est pas très sympathique avec son ami de 45 ans. L’intéressé répond qu’il s’agit d’humour.
Je l'appelle Judas. Et la honte de la communauté hébraïque de Lille. On l'appelle aussi "Monsieur trois minutes".
Sur la réputation "d’essayeur" de filles que René Kojfer aimait à se prêter, Dodo La Saumure rectifie devant le tribunal.
J'ai offert des prestations à M. Kojfer que j'ai payées rubis sur l'ongle. Il n'a jamais eu la réputation d'être efficient dans ce domaine.
Le souteneur prend toutefois la défense de son ami, accusé de proxénétisme aggravé et au centre de l’affaire. "Je sais qu'il ne va pas se gêner s'il un a avantage sexuel. Il n'a jamais été un proxénète au niveau de l'argent. On peut plus le qualifier de micheton (client d’une prostituée) et je l'ai vu plutôt donner de l'argent qu'en prendre."
Sur ses bars à hôtesses en Belgique
Dominique Alderweireld affirme être à la tête de cinq établissements de ce type de l’autre côté de la frontière, un sixième ayant fermé.
Jamais mes entreprises n'ont été fermées une minute. Si j'avais commis des délits pendant 15 ans, la police aurait été bien laxiste.
"Les maisons en Belgique portent bien leur nom, ce sont des maisons de tolérance", observe le président du tribunal.
Sur le recrutement des "filles"
Dodo la Saumure reconnaît sans complexe aller recruter ses prostituées dans toute l’Europe, via des petites annonces mais aussi des déplacements.
On poste des annonces dans toute l’Europe grâce à Béa qui parle cinq langues. On échange par internet. Des fois nous offrons le billet...
La justice française lui reproche notamment de s’être rendu en France pour trouver sur place des prostituées. "Laura", une ancienne prostituée partie civile, affirme qu’il l’a rencontrée à Lille et qu’il l’a conduite en Belgique. Il dément catégoriquement.
Je connais un peu la loi. Si je l’amène ça devient un délit. Si elle vient par elle-même, c’est son propre choix.
"Ça je suis certain, je n’amène personne en Belgique", martèle-t-il, soulignant que les filles viennent à lui par les annonces. "Tous les gratuits font des petites annonces pour la prostitution en Belgique. VivaStreet en publie des milliers", ajoute-t-il.
Sur son rapport avec les "filles"
"Jade", qui a travaillé au moins deux ans dans un des clubs de Dodo la Saumure, a affirmé à la barre qu’il "essayait les nouvelles filles". L’intéressé s’insurge, évoquant le "mythe du droit de cuissage".
Jamais je n'ai essayé une fille qui arrivait dans mon établissement.
Quant à l’estime qu’il a de ces recrues, elle est variable, selon leur hiérarchie dans le club.
Les filles, chez moi, elles ont un QI de 25. ( …) Mais j’ai des responsables qui sont universitaires et qui ont bac + 5.
"Donc on peut envoyer des filles avec un QI de 25 ?", l’interroge le président au sujet d’un déplacement de deux filles avec Béatrice Legrain, sa compagne, à une fête organisée par un ami dans un relais de chasse en France. "Tout à fait, oui, dans un milieu rustique", lâche Dodo la Saumure.
Sur son langage
"Négresse", "cheptel", "p’tit dossier"… Dans les écoutes téléphoniques, Dodo la Saumure emploie des mots insultants pour parler de ses "filles", dont il assure qu’elles sont "indépendantes". "J’arrête pas de plaisanter, je suis toujours dans la dérision", se justifie-t-il auprès du président.
C’est ma façon de parler, je fais de l’Audiard.
"Vous allez loin dans la comparaison, monsieur", rétorque le président du tribunal. Et Dodo de souligner : "Y’a pas que moi qui le dis, y’a beaucoup de journalistes aussi."
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