Amnesty International dénonce l'impunité policière en France
Dans les pages du rapport d'Amnesty International, intitulé “France -
des policiers au dessus des lois ?”, pas de statistiques, mais une douzaine d'histoires. Les histoires d'hommes et de femmes, de la fin de l'adolescence à l'âge de jeune adulte, qui affirment avoir un jour été “agressés” par des policiers. Deux d'entre eux sont décédés des suites des blessures reçues.
_ Tous racontent ce jour où des policiers les ont molesté avec une violence disproportionnée, voire gratuite selon eux. Ils racontent la peur qu'ils ressentent désormais à la vue des uniformes bleus lorsqu'ils les croisent. Ils disent leur indignation que la France, pays des droits de l'Homme et des Libertés, protège ceux qui les ont agressés.
C'est la thèse que défend le document, qui dénonce “un système qui favorise l'impunité et nuit à la réputation de la majorité des représentants de l'ordre qui respectent la légalité”, accuse David Diaz, directeur adjoint du programme Europe d'Amnesty.
_ Et l'organisation assure que les représentants des forces de l'ordre seraient entrés dans une logique de représailles par le biais de plaintes pour “outrage” ou “rébellion” contre certaines victimes ou témoins de mauvais traitements imputés à des policiers.
“la France ne respecte pas ses obligations internationales en matière de respect du droit à la vie et de lutte contre la torture et les mauvais traitements”, tempête David Diaz. Et l'organisation demande la création d'un “ organe d'enquête indépendant ”.
Démenti des syndicats de police
Un rapport et des propos qui font sortir de leurs gonds les syndicats de policiers. Tous crient à l'exagération estimant qu'Amnesty “nous comparent à la police turque des années 50”, s'indigne Bruno Beschizza, de Synergie (second syndicat d'officiers). Yannick Danio de l'Unsa-police (1er syndicat de gardiens de la paix), assure que “la police française est républicaine et la plus contrôlée des administrations ”. “Il n'y a pas de violences illégitimes”, tranche Dominique Achispon, du Syndicat national des officiers de police (majoritaire chez les officiers), “il faut arrêter avec cela, nous obéissons à des règles de déontologie et à celles du code de procédure pénale ”. Et Frédéric Lagache, d'Alliance (2d syndicat de gardiens de la paix), rappelle que “sur des milliers d'interventions de police, il y a une minorité de plaintes et de condamnations, car condamnations il y a”.
Même teneurs de propos du côté des ministères : “aucun policier n'est au-dessus des lois”, jure celui de l'Intérieur. “Il n'y a aucune tolérance sur le sujet des violences policières. Il y a des enquêtes pénales systématiques et des poursuites si les éléments sont suffisants”, assure la chancellerie.
Mais le syndicat de la magistrature (classé à gauche) donne une vision moins tranchée de la question. Ce “phénomène s'inscrit dans une tendance générale à l'explosion des poursuites pour outrage qui pose la question de la dégradation des rapports entre les citoyens et la police ”, s'inquiète Matthieu Bonduelle. Et il regrette qu'en France, lors d'une intervention policière, “il devient dangereux de regarder ou de poser des questions”.
Anne Lamotte, Grégoire Lecalot, avec agences
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