Affaire Théo : le porte-parole d'AC le feu a "peur pour la suite"
Mohamed Mechmache a peur des répercutions de l'affaire Theo dans les quartiers. Lundi, sur franceinfo, le militant associatif a exprimé sa crainte de voir une contagion des débordements et une nouvelle dégradation des relations entre la police et les habitants.
Mohamed Mechmache, co-fondateur de la coordination Pas sans nous, porte-parole d’AC le feu, dit, lundi 13 février sur franceinfo, avoir "peur pour la suite", suite à l'interpellation violente de Théo, il y a une dizaine de jours à Aulnay-sous-Bois.
Après les incidents, qui ont éclaté lors des manifestations de soutien au jeune homme de 22 ans samedi à Bobigny et dimanche à Argenteuil, le militant associatif craint une contagion des débordements dans d'autres quartiers et il a peur que les relations entre la police et la population se dégradent encore.
franceinfo : Craignez-vous une contagion des débordements dans d'autres quartiers après les incidents de Bobigny et Argenteuil ?
Mohamed Mechmache : Oui bien sûr. On n'a pas pris la mesure de ce qui s'est passé lors des émeutes de 2005. Les réponses qu'on a eues ont été plutôt répressives. À l'époque, il y a eu un état d'urgence qui avait été décrété. Ce n'est pas rien. La situation de Théo est scandaleuse et condamnable. Certains habitants de quartiers populaires n'ont pas le droit d'avoir une police qui les respectent mais une police qui les humilie, une police qui ne les sécurise pas. Ils en ont peur. On ne peut pas continuer comme ça.
Pour quelle raison la manifestation de samedi à Bobigny a-t-elle dégénéré ?
J'y étais. Pendant les deux premières heures, énormément de personnes sont venues : notamment des familles et des personnes qui ne vivent pas dans les quartiers. Les messages étaient pacifiques.
Plein de jeunes ont pris la parole en disant "la France nous regarde". Montrons que nous sommes des personnes dignes. Malheureusement, il y a un petit groupe de personnes qui n'a pas respecté ces consignes.
Mohammed Mechmache , porte-parole d'AC le Feuà franceinfo
Comment sortir de cette situation dans les quartiers populaires ?
Ce sont les relations qui se dégradent dans ces quartiers entre la police et la population. Cela fait 30 ans qu'on n'est pas considéré comme les autres, qu'on nous considère comme une exception. La réponse répressive n'est pas la bonne solution. Il va falloir qu'on pense différemment. La réhabilitation de la police de proximité est une option, mais il faut des policiers formés, pas des jeunes inexpérimentés. Il y a un sentiment d'impunité (ndlr : pour la police) et la justice n'a pas l'air de fonctionner et tourne le dos aux habitants. Après l'affaire de Théo, j'ai peur pour la suite.
Bernard Cazeneuve, le Premier ministre, rencontre ce lundi matin, à 10 heures, des associations. Vous allez y aller?
Non, je n'irai pas. On est en train de réfléchir, avec plusieurs associations, pour lancer un appel à Mr Cazeneuve pour qu'il vienne nous rencontrer en banlieue. C'est de la banlieue qu'on parle. Et je voudrais qu'on l'évoque différemment. Est-ce qu'on porte cette question sur le terrain politique ? À force de se parler entre associations et syndicats, on n'avance pas. Il faut amener le débat dans la campagne présidentielle. On ne peut pas être spectateur. On le subit au quotidien. Des jeunes n'osent plus porter plainte dans un commissariat parce qu'ils disent que cela ne sert à rien. Je ne veux pas que ces jeunes soient résignés. Au contraire, cette police est un service public. Elle est la même pour tout le monde.
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