Attentat d'Arras : "C’est plus difficile de comprendre qu'on peut être blessé psychiquement", explique l'association France Victimes 62

"Encore aujourd'hui, des personnes commencent à pousser la porte de l'espace d'information et d'accompagnement", ajoute la directrice de l'association, samedi sur France Bleu Nord, un an après l'attaque qui a coûté la vie au professeur Dominique Bernard.
Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu Nord
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Des personnes devant des fleurs déposées en hommage au professeur Dominique Bernard, le 14 octobre 2023 à Arras (Pas-de-Calais). (DENIS CHARLET / AFP)

Pour une victime, "c’est plus difficile de comprendre qu'on peut être blessé psychiquement", explique samedi 12 octobre Séverine Stolarz, directrice de France Victimes 62 à France Bleu Nord près d’un an après l’attentat d’Arras (Pas-de-Calais) qui a coûté la vie à Dominique Bernard, professeur de français à la Cité scolaire Gambetta-Carnot, le 13 octobre 2023.

Juste après les faits, la préfecture du Pas-de-Calais et le parquet d'Arras avaient ouvert un comité local d'aide aux victimes, comme le prévoit la loi après chaque attentat. L’association France Victimes 62 est chargée de cet accompagnement. Elle aiguille les victimes dans leur parcours juridique et les oriente, en cas de besoin, vers une aide psychologique. Dans la semaine qui avait suivi la mort de Dominique Bernard, 729 personnes avaient consulté la cellule d'aide médico-psychologique. 2 000 personnes étaient présentes sur les lieux de l'attaque, selon des estimations. 

Une prise de conscience progressive

Mais certaines victimes ont du mal à accepter ou même prendre conscience qu'elles ont été victimes, tout en subissant toujours les conséquences du traumatisme. "C’est vrai que cela peut être plus facile lorsqu'on a subi l'acte dans sa chair, on est blessé physiquement. C'est plus difficile de comprendre qu'on peut être blessé psychiquement puisque ça ne se voit pas, donc c'est plus compliqué", explique Séverine Stolarz. Certaines victimes étaient réfugiées dans des salles de classe et n’ont pas été confrontées directement à l’assaillant. Elles n’ont pas toujours conscience du traumatisme qu’elles ont subi. 

"Il n’empêche qu'on était dans un contexte très spécifique. On a le droit de s'estimer victime d'un moment de vie qui a été particulièrement prégnant."

Séverine Stolarz, directrice de France Victimes 62

à France Bleu Nord

Une cérémonie aura lieu dimanche à Arras en fin de matinée pour rendre hommage à Dominique Bernard, tué par un ancien élève radicalisé. Plusieurs ministres sont annoncés, dont Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, et Anne Genetet, ministre de l'Éducation. Ce temps de recueillement collectif, un an après les faits, peut faire ressurgir des effets du traumatisme chez certaines victimes présentes sur le lieu de l’agression. "Encore aujourd'hui, des personnes commencent à pousser la porte de l'espace d'information et d'accompagnement. Il y en aura encore dans les mois, dans les années à venir. Les attentats précédents nous ont montré que certaines personnes venaient trouver de l'aide et des explications cinq, six ans après. Ce n'est pas aberrant. C'est quelque chose de tout à fait logique. Par contre, en effet, il est important de venir au moins se renseigner", conseille la directrice de France Victimes 62.

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