"Ah tu veux jouer ? Ben tu vas crever" : l'agent de voirie qui a désarmé Amedy Coulibaly à Montrouge témoigne
Laurent, agent de voirie, a survécu à l'attaque qui a tué la policière Clarissa Jean-Philippe, le 8 janvier. L'arme du terroriste s'est enrayée, raconte-t-il au "Parisien".
Il a regardé Amedy Coulibaly dans les yeux. Un agent de voirie qui a désarmé le terroriste, le 8 janvier à Montrouge (Hauts-de-Seine), a livré pour la première fois, jeudi 22 octobre dans Le Parisien, son témoignage sur l'attaque dans laquelle une policière de 25 ans, Clarissa Jean-Philippe, a été tuée. Les trois hommes – deux agents de la voirie et un policier – qui ont assisté à la scène ont été décorés, jeudi, par le préfet des Hauts-de-Seine.
"J'ai tapé sur la Kalachnikov, pensant que c'était un jouet"
"Ce matin-là, on a reçu un coup de fil comme c'est le cas quand il y a un accident", raconte Laurent, 41 ans, au Parisien. Lui et son collègue de la voirie discutent avec deux policiers, attendant une dépanneuse. "Là, j'ai senti quelqu'un qui me tirait par le bras, donc je me suis retourné. Et j'ai vu ce type cagoulé", se souvient-il.
Il ne réalise pas tout de suite la gravité de la situation : "J'ai tapé sur le bout de la kalachnikov en pensant que c'était un jouet." "Je ne l'ai vu que quand il a commencé à tirer", acquiesce son collègue, Eric, qui reçoit une balle au visage. Deux tirs blessent mortellement Clarissa Jean-Philippe, la policière.
"L'arme s'est enrayée, sinon je ne serais plus là"
"Je me suis dit que, mon seul moyen de survie, c'était de lui sauter dessus", réagit Laurent. "Alors, je lui ai sauté dessus. Et je me suis agrippé comme une sangsue." Pourtant, l'agent de voirie, diabétique, s'était senti faible quelques instants avant l'attaque. Il s'écroule, mais ne lâche pas l'arme de son agresseur, qui sort alors un pistolet. "Il m'a dit : 'Ah tu veux jouer ? Ben tu vas crever.' J'ai entendu un clic. En fait, l'arme s'est enrayée. Heureusement, sinon je ne serais plus là."
Amedy Coulibaly se dégage alors de l'emprise de Laurent et lui assène un coup à la tête avant de s'enfuir. Sans sa réaction, Laurent pense que le terroriste "s'en serait pris à l'école juive, juste à côté du lieu du drame". Il raconte au Parisien avoir été marqué par le regard de celui qui, le lendemain, attaquera l'Hyper Cacher. "C'est clair qu'il était shooté. Ces mecs-là, ils prennent des trucs avant de passer à l'acte. Ce n'est pas du courage."
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