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L'attaque de "Charlie Hebdo" porte la marque d'Al-Qaïda au Yémen

Said Kouachi, l'un des deux frères suspectés d'avoir attaqué la rédaction de l'hebdomadaire, a été formé par cette branche d'Al-Qaïda en 2011.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Capture d'écran d'une vidéo publiée le 29 mars 2014 par la branche média d'Al-Qaïda au Yémen (Aqpa), montrant des jihadistes d'Aqpa. (AL-MALAHEM MEDIA / AFP)

Les frères Kouachi, suspectés d'avoir attaqué Charlie Hebdo le 7 janvier, et d'y avoir tué 12 personnes, ne sont plus tout à fait une énigme. Le plus âgé des deux, Said, a suivi un entraînement avec Al-Qaïda au Yémen (Aqpa, également nommé Al-Qaïda dans la péninsule arabique), en 2011. Quant au plus jeune, Chérif, il a fait partie de la "filière des Buttes-Chaumont", à Paris, connue pour avoir envoyé des jihadistes rejoindre une branche d'Al-Qaïda en Syrie, au début des années 2000.

"Tu n'as qu'à dire que c'est Al-Qaïda au Yémen"

"Si les journalistes te posent des questions, tu n’as qu’à leur dire que c’est Al-Qaïda au Yémen." Cette phrase, ou une légère variante, a été prononcée mercredi, par l'un des suspects de l'attentat contre Charlie Hebdo, qui braquait un automobiliste, qui rapporte la scène pour RTL. Un témoin interrogé par 20 Minutes confirme : "Une voiture noire était arrêtée au milieu de la rue. (...) Ils ont sorti un homme de la voiture qui était derrière. Et ils sont montés en disant : 'Vous direz aux médias que c’est Al-Qaïda au Yémen'. J’étais à 5 ou 10 mètres, ils sont repartis et la police est arrivée 5 minutes plus tard."

Said Kouachi s'est entraîné au Yémen en 2011

En plus de cette revendication, le New York Times révèle, vendredi, que Said Kouachi, l'aîné des deux frères, a voyagé en 2011 au Yémen, où il s'est entraîné au maniement des armes avec Al-Qaïda. Il y aurait passé plusieurs mois, avant de revenir en France. Sur Twitter, le chercheur et consultant sur les questions islamistes Romain Caillet estime qu'Al-Qaïda au Yémen est désormais la piste la plus sérieuse.

Jacques Raillane, autre spécialiste du renseignement et du terrorisme, partage cette analyse et rejette la piste de l'Etat islamique.

"Charlie" et Charb dans le viseur d'Aqpa depuis 2006

Al-Qaïda n'a jamais digéré les caricatures de Mahomet, dessinées au Danemark et publiées notamment par Charlie Hebdo en 2006. Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes, rappelle à France 24 que "le journal satirique français a été désigné comme une cible par Ayman Al-Zawahiri, bras droit et successeur d’Oussama Ben Laden à la tête de la nébuleuse, en personne".

En mai 2013, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, Charb, assassiné mercredi, est devenu personnellement une cible. La publication jihadiste anglophone Inspire, éditée par Aqpa depuis 2010, avait mis sa tête à prix, avec ce message : "Recherché mort ou vif pour crimes contre l’islam". La photo de Charb était placée à côté de celles de Geert Wilders, député néerlandais d'extrême droite, et de Lars Vilks, un artiste et dessinateur suédois qui avait représenté Mahomet en chien.

Des liens anciens avec l'Etat islamique

Toutefois, l'un des deux frères au moins peut être lié aux jihadistes de l'Etat islamique : Chérif, le plus jeune. Son appartenance à la "filière des Buttes-Chaumont" et ses liens avec Boubakeur El-Hakim, notamment, retiennent l'attention de Jean-Pierre Filiu, historien et spécialiste des réseaux islamistes, car cet homme est aujourd'hui "un personnage clé de Daech", autre nom de l'organisation islamiste. Chérif Kouachi aurait aussi un lien avec Salim Benghalem, l'un des bourreaux de l'Etat islamique, inscrit sur la liste noire du département d’Etat américain. Leurs noms, ainsi que celui d'Amedy Coulibaly, apparaissent dans une même affaire : le projet d'évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem, artificier de l'attentat du RER, en 1995, à Paris.

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