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Procès des attentats de janvier 2015 : "Il y a une petite bande de bras cassés dans le box"

Laurent Léger, l'un des rescapés de Charlie Hebdo, confie qu'il n'attend pas grand-chose du procès des attentats de janvier 2015, qui commence mercredi 2 septembre à Paris.

Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Hommage devant les anciens bureaux de Charlie Hebdo pour les cinq ans des attentats, le 7 janvier 2020. (AURELIEN MORISSARD / MAXPPP)

Le procès des attentats de Charlie Hebdo, de l'hypercasher et de Montrouge en janvier 2015 s'ouvre mercredi 2 septembre à Paris. Un procès de plus de deux mois que craignent beaucoup de rescapés et les familles des victimes. Le journaliste Laurent Léger était dans la salle de rédaction quand il a vu ses amis tomber sous les balles des frères Kouachi, le 7 janvier 2015.

Il doit sa survie à une petite table, située dans un recoin de la salle de rédaction. C'est là qu'il se jette à la première détonation. Recroquevillé dessous, il entend les balles siffler, les corps tomber, et puis plus rien. Le silence, l'odeur de poudre, le sang partout. Neuf personnes sont mortes autour de lui.

Je suis curieux de voir comment ça va se passer, je suis un petit peu anxieux aussi, parce que je sais qu'un procès d'assise ça peut donner lieu à des débordements d'émotion et ça va être évidemment très lourd, très chargé, très intense.

Laurent Léger

à franceinfo

Mais au-delà de l'émotion, le rescapé est sceptique. "Il y a une petite bande de bras cassés qui sont dans le box, dont un est poursuivi pour complicité, c'est même pas le cas pour les autres. Est-ce qu'on va pouvoir faire la lumière sur qui a commandité qui a organisé cet acte barbare ? Franchement j'en n'attends pas énormément de choses", déplore Laurent Léger.

Se reconstruire après le traumatisme

Depuis cinq ans le processus de reconstruction psychologique est long et douloureux, mais Laurent Léger a le sentiment aujourd'hui d'aller vraiment mieux. "J'ai fait mon deuil", assure le rescapé, après deux ans de cauchemars, d'innombrables séances de psychothérapie, le soutien essentiel de ses proches et le travail dans lequel il s'est jeté à corps perdu après un long arrêt maladie. Comme chef du pôle investigation à L'Express, il arrive aujourd'hui à vivre avec le traumatisme.

"Je vis avec ces moments affreux et atroces depuis le 7 janvier 2015. Il n'y pas de mois, pas de semaine, sans lesquels on ne pense pas à ce qui s'est passé", évoque Laurent Léger, qui ne fait aujourd'hui plus de cauchemars. Il se rappelle de flashs, peu de temps après l'attentat, lorsqu'il se retrouvait assis à une table : "Au moment où ça s'est passé, on étaient en train de quitter la salle de rédaction, et le fait d'être assis comme ça à une table, de temps en temps ça me faisait des flashs et je revivais le moment. Le temps lave les choses et efface beaucoup de choses, pas tout bien sûr mais c'est ça qui aide à avancer aussi."

Laurent Léger revoit régulièrement certains de ses camarades de Charlie Hebdo, ils partent en vacances ensemble, rigolent beaucoup, mais jamais ne parlent de Charlie. Lui a quitté l'équipe juste après l'attentat. Depuis le numéro des survivants, il n'a plus jamais rouvert le journal.

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