Avalanche aux Deux Alpes : le professeur en garde à vue pour "homicides involontaires"
La piste sur laquelle il était parti skier avec ses élèves était bien fermée. Le groupe s'y trouvait "en toute connaissance de cause" selon le procureur.
Au lendemain de l'avalanche meurtrière aux Deux Alpes (Isère), qui a coûté la vie à deux lycéens et un skieur ukrainien, l'enquête se poursuit. Le professeur qui encadrait le groupe d'élèves lyonnais a été placé en garde à vue pour "homicides involontaires", a annoncé le procureur de la République de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, jeudi 14 janvier. Francetv info fait le point sur l'enquête en cours.
Le professeur est placé en garde à vue
"Le professeur qui encadrait les élèves est en garde à vue pour homicides involontaires" depuis 16h30, a déclaré le procureur. Blessé, il est encore à l'hôpital mais son état n'est pas inquiétant. Le procureur a expliqué vouloir le garder à disposition. "Il n'est pas question de l'accabler", précise Jean-Yves Coquillat. Mais l'homme, âgé d'une cinquantaine d'années et polytraumatisé, devra notamment expliquer "pourquoi les élèves sont allés skier sur une piste noire qui était fermée".
Les élèves ont enjambé un filet pour accéder à la piste
Les circonstances de l'accident se sont également précisées. Le procureur a expliqué que le groupe complet de 19 élèves lyonnais était divisé en trois, chacun encadré par un enseignant. L'un d'eux veillait sur une élève qui s'était blessée le matin même, ainsi que deux autres élèves fatigués qui ont passé l'après-midi à l'hôtel. Une autre professeure encadrait six élèves débutants qui skiaient ailleurs dans la station. Le troisième enseignant "a pris en charge le groupe de dix élèves qui va être victime de l'avalanche", détaille le procureur.
Selon Jean-Yves Coquillat, le matin de l'avalanche, "les élèves avaient manifesté le désir de skier à cet endroit et avaient demandé à le faire", ce que leur a refusé l'encadrant du séjour. Plus tard, ils ont finalement "enjambé" le filet pour accéder à la piste. C'est donc "en toute connaissance de cause que le groupe s'est engagé sur cette piste fermée", a révélé Jean-Yves Coquillat en conférence de presse.
La piste était fermée depuis le début de la saison
Jean-Yves Coquillat a également confirmé que la piste concernée était bien "fermée depuis le début de la saison", "tout simplement par manque d'enneigement" et car elle était "trop dangereuse à cause des cailloux et du manque de neige". Si d'importantes chutes de neige avaient enregistré pendant les jours précédant l'avalanche, la piste était néanmoins restée fermée.
Pour le signaler, était installé à son entrée "le filet habituel, avec des inscriptions en plusieurs langues", a ajouté le procureur de Grenoble. Plusieurs skieurs ont témoigné de la présence de ces dispositifs de sécurité, a indiqué le magistrat.
Un groupe de touristes se trouvait en amont des lycéens
Le procureur a aussi parlé d'une personne qui s'est présentée à la gendarmerie pour indiquer qu'elle faisait du hors-piste au dessus des élèves. Cette dernière a mentionné un groupe de touristes hongrois passé au-dessus du groupe d'élèves juste avant l'avalanche.
#avalanche "Elle n'a pas indiqué avoir déclenché l'avalanche. Mais selon elle c'est un groupe de touristes hongrois qui serait à l'origine."
— France 3 Alpes (@f3Alpes) 14 Janvier 2016
Les auditions et les investigations se poursuivent
"Nous en sommes au début de l'enquête", a rappelé Yves Coquillat qualifiant l'affaire de "complexe" et précisant qu'elle "nécessitera pas mal d'investigations". Une quarantaine de personnes vont être auditionnées. Parmi elle, les élèves du groupe ayant assisté à l'avalanche et les professeurs encadrants doivent être entendus dès jeudi soir. Par ailleurs, l'identité exacte de la personne étrangère décédée lors de l'avalanche "demande encore des vérifications".
Le procureur indique également que "l'enquête devra déterminer l'état psychiatrique de ce professeur" afin de juger s'il était capable d'encadrer les élèves. Il insiste pourtant sur le fait que "le ski hors-piste n'est pas interdit" et que "la montagne est encore un milieu de liberté où les personnes ont le choix d'empunter une piste ou non".
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