Ben Barka : encore et toujours le secret défense
Le juge d'instruction chargé d'enquêter sur la disparition de Mehdi Ben Barka avait demandé à consulter les archives du SDEC (devenu DGSE, les services secrets).
_ Mais sur les 484 documents saisis lors de perquisitions menées cet été, seuls 144 ont été déclassifiés. Le juge aurait reçu 340 pages blanches barrées d'un "Z et sur lesquelles est inscrite la phrase suivante : "non déclassifié par décision du ministre de la Défense".
Les quelques documents déclassifiés que le juge a en sa possession, sont "inexploitables", selon Bachir Ben Barka, le fils de l’opposant marocain. Il explique à France Info que ces archives ne présentent aucun intérêt pour l’enquête. Elles seraient, pour la plupart, des coupures de journaux marocains. Sur certains documents du SDEC (devenu DGSE), les dates ont même été occultées, ce qui les rend inutilisables. "Cela fait 45 ans que la justice est menée en bateau par le pouvoir exécutif", dénonce Bachir Ben Barka.
Entrave à la justice
Pour la famille de Mehdi Ben Barka, cela signifie que la mort de l'opposant à Hassan II dérange toujours, 45 ans après. Elle y voit une nouvelle tentative d'entrave à la justice au nom, dit-elle, de la raison d'Etat.
_ Selon l'avocat de la famille Ben Barka, le juge est lui aussi très en colère, estimant "avoir été joué". Il aurait de nouveau, dès le 24 novembre dernier, saisi le ministre de la Défense Alain Juppé pour que l'ensemble des documents soit déclassifié.
Mehdi Ben Barka avait été kidnappé par des truands, avec la complicité d'agents secrets, devant la brasserie Lipp à Paris le 29 octobre 1965. Son corps n’a jamais été retrouvé et l'affaire jamais pleinement élucidée.
Elodie Guéguen, Gilles Halais
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