Cagnotte secrète de l'UIMM~: un syndicaliste témoigne
"Cet argent servait à fluidifier les relations sociales". La phrase avait été lâchée par Denis Gautier-Sauvagnac lui-même, début octobre, devant les policiers chargés d’enquêter sur "la caisse spéciale" de l’Union industrielle des métiers de la métallurgie. Le témoignage de Jean-Claude Duret, 65 ans, ancien ingénieur chez Thomson, apporte aujourd’hui des précisions au scénario. Cet ancien militant CFTC affirme avoir été victime d’une tentative de corruption en 1998. Les partenaires sociaux étaient alors réunis au siège de l'UIMM pour renégocier la convention collective des cadres.
L’argent retiré à maintes reprises des caisses de l’UIMM aurait donc bien servi à acheter la signature de syndicalistes lors de négociations avec le patronat au sein de plusieurs entreprises. Les soupçons qui pesaient sur l'UIMM, et indirectement le MEDEF, prennent aujourd'hui une toute autre dimension.
Reste à savoir si d’autres témoignages vont venir s’ajouter à celui de Jean-Claude Duret. Par ailleurs, un certain nombre de questions restent pour l’instant sans réponse. La "caisse spéciale" de l’UIMM a-t-elle uniquement servi à acheter les syndicats ? Cette pratique concerne-t-elle uniquement l’UIMM ? Et quand a-t-elle été mise en place? L’enquête devrait permettre d’y voir plus clair.
La brigade financière, qui expertise depuis le 26 septembre sur les comptes bancaires del’UIMM, a déjà relevé des retraits de 17 millions d'euros opérés entre 2000 et 2007 en espèces sur trois comptes. Le parquet doit décider prochainement s'il ouvre une information judiciaire pour "abus de confiance".
En attendant, ces révélations suscitent une surprise toute relative du côté du patronat. La présidente du MEDEF, Laurence Parisot affirmait il y a quelques semaines être "sidérée" mais avoir l’impression de se retrouver face à un "secret de famille" qui sort au grand jour, "quelque chose qui raisonne inconsciemment".
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