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"Ce qui craint, c’est qu’il n’y ait pas de cadre" : professeurs et parents dénoncent l'attitude de la hiérarchie après l'agression à Créteil

Après l'affaire de l'élève de 16 ans du lycée Edouard-Branly de Créteil mis en examen pour violences aggravées après avoir braqué une enseignante avec une arme factice, parents d’élèves et professeurs font entendre leur voix et témoignent.

Article rédigé par Valentin Dunate, franceinfo - avec France Bleu Paris
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le lycée Edouard-Branly à Créteil. (AURORE MESENGE / AFP)

Les professeurs mais aussi les parents réagissent après l'affaire de l'élève de 16 ans du lycée Edouard-Branly de Créteil mis en examen pour violences aggravées après avoir braqué une enseignante avec une arme factice. Un peu comme la libération de la parole des femmes suite à l'affaire Weinstein et le mot-dièse (hashtag) #metoo, les  professeurs ont décidé de sortir de leur silence en lançant celui de #pasdevagues. Certains ont aussi témoigné directement leur détresse à franceinfo.

"Ma plainte n’a pas été prise en compte"

Romain est professeur d'histoire géo. C'est l'un des seuls à oser témoigner dans son établissement. Romain a subit des menaces de morts, en a référé à sa hiérarchie, qui l'a redirigé vers le rectorat. Le rectorat lui a dit d'aller porter plainte à la police, Romain raconte la suite. "Bien sûr, ma plainte n’a pas été prise en compte, et comme beaucoup de mes collègues, j’ai baissé les bras. Je ne peux donc que me réjouir qu’un hashtag ait été lancé pour dénoncer ce mal-être. Il faut savoir qu’il y a des lycées où des personnels de direction étouffent un grand nombre d’affaires." 

Ce n’est pas normal qu’en 2018, on en vienne à avoir des élèves qui menacent avec une arme, et il est terrible d’en être réduit à devoir subir.

Romain, professeur d'histoire-géo

à franceinfo

"Ce que certains appellent laxisme, ou passivité, c’était, dans ce cas précis, du sang-froid", dénonce l’enseignant. Ce professeur met donc en avant le comportement de sa collègue de Créteil qui a finalement respecté les consignes de sa hiérarchie, "pas de vagues". Sur ce point, les parents d'élèves ne sont pas tout à fait d'accord.

"Je me suis dit qu'ils faisaient du théâtre"

Les parents d'élèves estiment, sans oser prononcer le mot, que l'enseignante en question a fait preuve de laxisme, et ce bien avant les faits. Ouarda Iratni est représentante de parents d'élèves et présidente de l'associations "Parents". "Quand j’ai vu cette scène, je me suis dit qu’ils faisaient du théâtre, en entendant les élèves en plein délire, en train de s’amuser, avec la prof qui les regardait presque amusée, indique Ouarda Iratni. Il n’y a pas eu de cadre, dans cette classe. Certains diront que l’enseignante a eu peur."

Ce que les élèves ont dit, eux, c’est que c’était tous les jours comme ça, qu’ils s’amusaient, comme d’habitude.

Ouarda Iratni, parent d'élève

à franceinfo

"Nous condamnons radicalement cet acte, poursuit-t-elle. Mais ce qui craint, c’est qu’il n’y ait pas de cadre." Ces parents d'élèves aimerait pouvoir dialoguer avec les professeurs ne pas opposer ces deux visions, il en va de l'avenir de leurs enfants, confrontés au quotidien à la violence, renforcée notamment par les réseaux sociaux. Le ministre de l'éducation, Jean Michel Blanquer a d'ailleurs recommandé lundi aux lycées de "réglementer assez fortement l'usage des téléphones portables". Pour le syndicat SNES FSU, "l'interdiction du téléphone portable au lycée n'empêchera en rien ce type d'acte. Elle les rendra juste invisibles."  

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