Clearstream : la défense de Villepin dénonce un procès politique
A qui profite le crime ? Autrement dit, à qui a profité l'affaire Clearstream ? A l'Elysée, ni plus ni moins. C'est la stratégie de la défense de Villepin : faire passer Nicolas Sarkozy du statut de victime à celui de bourreau.
_ Dans leurs plaidoiries, les avocats de la défense se sont relayés pour vider de leur substance les accusations concernant Dominique de Villepin.
“Personne ne devrait être” sur le banc des prévenus, s'est emporté Me Olivier d'Antin. Pas plus Michèle Alliot-Marie que les autres, que Dominique de Villepin. “Ce
n'est pas parce qu'ils ont des choses à cacher (...) que ce sont des délinquants”.
_ Car pendant le procès, à plusieurs reprises, le silence de celle qui était à l'époque ministre de la Défense a été évoqué - alors même qu'elle était au courant de certains éléments de l'affaire Clearstream.
Pourquoi Villepin paie-t-il pour son silence ? se demandent ses avocats. A cause de sa rivalité avec Nicolas Sarkozy, répondent-ils.
_ Et Me Olivier Metzner d'enchaîner : c'est “un dossier que l'on a construit à rebours : on part du mobile pour arriver au départ”. Le mobile est cette rivalité entre les deux hommes, l'origine, imaginaire, est la culpabilité de Villepin, selon lui.
“Je n'ai jamais vu une ordonnance de renvoi consacrer autant de pages à un
mobile, cette rivalité ou cette pseudo-rivalité” politique entre les deux, a-t-il martelé.
Pendant cinq semaines, le procès a disséqué la manipulation menée en 2004 avec de faux listings de comptes bancaires de la société luxembourgeoise Clearstream qualifiée en "dénonciation calomnieuse" qui aurait visé au premier chef Nicolas Sarkozy, qui s’est constitué partie civile. Le procureur Jean-Claude Marin a demandé 18 mois de prison avec sursis et 45.000 euros d'amende contre l'ancien Premier
ministre Dominique de Villepin, soupçonné d'avoir fait preuve d'une "abstention volontaire" dans l'affaire Clearstream en la laissant se développer.
Des peines de 18 mois de prison, mais ferme cette-fois-ci, ont également été requises pour deux protagonistes, l'ex vice-président d'EADS Jean-Louis Gergorin et l'ex-cadre de cette société Imad Lahoud. L'avocat de ce mathématicien, faussaire présumé de l'affaire, présentera sa plaidoirie devant la Cour ce jeudi. Les avocats de
Jean-Louis Gergorin s'exprimeront vendredi.
_ A l'issue de ces débats, le jugement sera mis en délibéré.
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