Ce que l'on sait d'Abdelhakim Dekhar, le tireur présumé de Paris
Son parcours, son profil psychologique, ses motivations : francetv info trace le portrait de l'homme interpellé mercredi dans l'enquête sur les coups de feu à Paris et à la Défense.
Il reste en garde à vue jusqu'à vendredi soir, avant une probable mise en examen pour "tentatives d'assassinat". Abdelhakim Dekhar, l'auteur présumé des coups de feu au siège du journal Libération à Paris, et devant le siège de la Société générale, à la Défense, a été entendu jeudi 21 novembre. Si ses motivations restent floues, voire délirantes, son profil se dessine, à mesure que son parcours se dévoile. Francetv info résume tout ce que l'on sait d'Abdelhakim Dekhar, en sept liens.
Sa personnalité : "parano" à "tendance affabulatoire"
"Pour moi, c'était un type ultra-tordu. A la fois effacé et obsédé par un désir d'action. En fait, quelqu'un d'assez parano." C'est ainsi que la journaliste Patricia Tourancheau, journaliste à Libération, se souvient d'Abdelhakim Dekhar. Elle a croisé sa route au moment de l'affaire Rey-Maupin, qu'elle couvrait pour le quotidien.
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Dekhar est arrêté deux semaines après la fusillade de la place de la Nation, en octobre 1994. Une expertise psychologique pointe à l'époque des "tendances affabulatoires". "Tous ceux qui l'ont approché vous diront que c'est un garçon qui est une savonnette, qui vous glisse entre les doigts, qui est un beau parleur", se rappelle Pierre Valero, l'un des enquêteurs à l'époque.
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Son parcours : "autonome" ou "intégriste" ?
Né en 1965 en Moselle, Dekhar se rapproche des milieux autonomes au début des années 1990, au moment de la guerre du Golfe. Dans un portrait que lui consacre L'Humanité en 1998, la journaliste Elisabeth Fleury assure que "dans le milieu des autonomes, Toumi [son pseudonyme] se mouvait comme un poisson dans l’eau". Abdelhakim Dekhar masque néanmoins sa véritable identité, n'a ni numéro de téléphone, ni véritable ami… "Partout et nulle part, il cultivait son propre mystère derrière d’épaisses lunettes carrées."
A la fin des années 1990, "Toumi" émigre en Angleterre, où il travaille dans la restauration. Il y retrouve sa sœur (qui a coupé tout contact depuis) et y épouse une étudiante, en 2000. La presse britannique évoque aussi de possibles liens avec des mouvements intégristes, mais aucun élément ne permet de le prouver. Les raisons de ses allers-retours entre Paris et Londres restent floues.
Lire : Le mystérieux passé d'Abdelhakim Dekhar en Angleterre
Ses motivations : "complot fasciste" et "journaputes"
Lorsqu'ils sont venus interpeller Abdelhakim Dekhar, les policiers ont découvert deux lettres dans son véhicule. La première est une lettre d'adieu, dans laquelle il exprime ses dernières volontés. Dans la seconde, il dénonce "un complot fasciste", "le capitalisme", la "gestion des banlieues" et des prisons, qu'il a fréquentées entre 1994 et 1998. Il accuse les médias de participer à la "manipulation des masses". Les journalistes, "payés pour faire avaler aux citoyens le mensonge à la petite cuillère", sont appelés "les journaputes".
Lire : Dans ses lettres, Dekhar fustige "les journaputes" et "le capitalisme"
L'enquête : traque, vidéosurveillance et témoignages
Les zones d'ombre s'éclaircissent. On connaît aujourd'hui le parcours d'Abdelhakim Dekhar, entre le 18 novembre, jour où il est soupçonné d'avoir ouvert le feu sur un photographe de Libération à Paris, et le 20 novembre, date de son arrestation, grâce au témoignage de l'homme qui l'hébergeait depuis quelques jours.
Lire : Le récit de trois jours de traque
Pour Manuel Valls, "la vidéo a été essentielle dans cette affaire". Le ministre de l'Intérieur assure que "grâce à la vidéo de Paris et des transports parisiens, les policiers se rapprochaient, ils étaient à Courbevoie, à quelques centaines de mètres de son domicile". Pour savoir quel rôle peut véritablement jouer la vidéosurveillance dans ce type d'affaires, francetv info a interrogé Sebastian Roché, sociologue et directeur de recherche au CNRS, spécialisé dans les questions de délinquance et d'insécurité.
Lire : "Aucune étude ne lie vidéosurveillance et élucidation d'une enquête"
L'affaire Rey-Maupin : Dekhar, le "troisième homme" ?
Abdelhakim Dekhar a été condamné en 1998 dans l'affaire Rey-Maupin. Il avait fourni l'une des armes utilisées par Florence Rey et Audry Maupin dans leur équipée meurtrière où quatre personnes, dont trois policiers, avaient été abattues. Audry Maupin avait lui aussi été tué. Dekhar est soupçonné d'être le "troisième homme" du braquage commis par le jeune couple à Pantin, mais sa présence sur les lieux n'a jamais été prouvée.
Regarder : L'affaire Rey-Maupin racontée par "Faites entrer l'accusé"
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