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Crash d'Air Algérie : pas d'activation du système antigivre, confirme l'enquête

Le rapport final du Bureau d'enquête et d'analyse (BEA) confirme que les pilotes n'ont pas activé le système antigivre des moteurs alors que l'avion traversait un orage. Une explication qui ne soulage pas les familles de victimes. 116 personnes ont péri en juillet 2014.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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  (Les soldats français sur les lieux du crash au Nord du Mali, au lendemain de l'accident le 24 juillet 2014 © MaxPPP)

Dans un communiqué en avril 2015, le Bureau d'enquête et d'analyse (BEA) avait déjà indiqué que l'équipage n'avait pas déclenché le système de protection contre le givre au niveau des moteurs, là où se trouvent les capteurs de pression. Ces conclusions finales ne sont qu'une confirmation qui expliquent techniquement l'accident d'avion. "Une absence d'activation du système de dégivrage des moteurs par l'équipage conduit à une obstruction d'un capteur de pression sur les moteurs, et donc à une diminution de la vitesse de l'avion et l'équipage ne réagit pas jusqu'au décrochage de l'avion" , résume Rémy Jouti, le directeur du BEA.

"On ne peut pas aller beaucoup plus loin", Rémy Jouti, directeur du BEA présente les conclusions de l'enquête

Ce que ne dit pas le rapport, c'est pourquoi les pilotes n'ont pas réagi. Sur ce point, impossible d'en savoir davantage. "Malheureusement, on ne dispose pas de l'enregistreur des conversations. On peut penser que l'équipage était occupé à gérer sa trajectoire pour éviter cette zone orageuse. On sait aussi aussi qu'ils étaient occupés à contacter un centre de contrôle et qu'ils avaient des difficultés de communictaion, ça peut être un élement perturbateur. Au delà de ça, on ne pas aller beaucoup plus loin" , regrette Rémy Jouti.

"J'aurais aimé qu'il y ait un coupable"
— La sœur d'une victime

Presque deux ans après la tragédie, les familles de victimes attendaient des réponses pour "permettre un processus de deuil" , explique Sandra Tricot, sœur d'une victime, qui n'est pas satisfaite des conclusions. "J'aurais aimé qu'il y ait un coupable. Pour moi c'est trop simple de remettre la faute sur deux pilotes. Il y a plusieurs personnes qui pourraient être responsables : le constructeur, l'affreteur, la campagnie aérienne..."

"Jamais on ne peut tourner la page", Sandra Tricot, la soeur d'une victime se pose encore beaucoup de questions

Ces familles de victimes craignent à présent que l'affaire soit classée sans en tirer les leçons. "Il y a une vraie interrogation sur des nécessités d'adapter le système d'alarme, le système de pilotage auto, la détection et le traitement du givrage. Ce sont des données techniques, et la balle est dans le camp de la société Boeing, souligne Stéphane Gicquel, le président de la FENVAC, la fédération des victimes d'attentats et de catastrophe. Notre crainte, c'est qu'on considère que, comme [ce modèle d'avion] est un peu en fin de vie, on ne fasse pas les investissements nécessaires qui permettraient d'éviter une nouvelle catstrophe".

Le 24 juillet 2014, l'avion d'Air Algérie, un McDonnel Douglas MD83, devait relier Ouagadougou à Alger. Peu après le décollage, l'appareil a décroché et s'est désintégré en touchant le sol dans le nord du Mali, avec 116 personnes à bord.

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